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Al-Oufok
Gaza face au projet de Sharon
Marie Nassif-Debs
Beyrouth, le 16 janvier 2009
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré, depuis peu,
que les nouvelles frontières d'Israël suivront le tracé du mur
de séparation, mais prendront en considération le regroupement
de toutes les colonies établies en dehors de ce nouveau tracé.
En d'autres termes, Olmert annonçait que les " nouvelles "
frontières engloberaient 40% de la Cisjordanie ; et nous pensons
qu'il vise aussi les 60% restants.
Cette annonce constitue, en fait, une tentative nouvelle dont le
but est de faire revivre, grâce à l'aide procurée par les
Nouveaux conservateurs étasuniens (très influents au sein de
l'administration de Georges Bush et, aussi, dans l'entourage de
Barak Obama), le projet mis au point, en 2003, par Ariel Sharon
sur les bases d'un autre projet préparé, il y a des dizaines
d'années, par David Ben Gorion. Le Premier ministre israélien
pense réussir son projet en suivant la politique du " pas à pas
" mise au point par Henry Kissinger et se résumant par trois
verbes au mode impératif : croquez, digérez et, puis,
recommencez.
En quoi consiste le projet d'Ehud Olmert puisé dans l'escarcelle
de Sharon ?
C'est aussi un projet en trois points.
Le premier consiste à mettre en avant le " danger " de
l'explosion démographique chez les palestinien pour arriver à la
conclusion suivante : Israël est en danger. Et, vu qu'il a
toujours besoin d'une main-d'œuvre qualifiée pour faire marcher
son économie, son agriculture notamment, et vu que la
main-d'œuvre palestinienne était devenue un danger, le mieux est
de la remplacer à travers une nouvelle émigration juive venant,
cette fois, de l'Afrique et aussi de l'Inde !
Le second point, lié au premier, réside dans l'adoption d'une
politique de blocus et de chômage ; ce qui pousserait les
Palestiniens à des actes de " violence " qui constitueraient
l'alibi nécessaire pour que le gouvernement de Tel Aviv puisse
riposter dans un contexte dit de self-défense face aux dangers
du " terrorisme " que constituent les groupes fondamentalistes.
Donc, en tuant les Palestiniens et en les terrorisant, Israël
sert, en fait, la paix et la démocratie dans le monde " libre ".
Le troisième point vise, par le biais du second, à utiliser les
opérations militaires afin d'élargir la mainmise sur les
territoires de Cisjordanie et d'implanter de nouvelles colonies,
à la place de celles déjà démantelées, sous le couvert de la
nécessité d'ériger des postes avancées dont le but est de "
sauvegarder les civils israéliens menacés " par les "
terroristes " ; et chaque colonie créée devrait pousser de
nouveaux Palestiniens hors de leur pays ; ce qui aboutirait au "
transfert ", ou à une nouvelle émigration forcée, soit vers la
Jordanie ou vers d'autres pays arabes. D'ailleurs, le projet du
nouveau " transfert " vise également les Palestiniens des
territoires dits de 1948... Ainsi, et partant de ce que la fin
justifie les moyens, tous les moyens seront bons pour vider de
nouvelles terres palestiniennes de leurs propriétaires, y
compris, en plus de la destruction des maisons, l'assassinat des
enfants en bas âge (qui pourront devenir, un jour prochain, des
résistants) et des dirigeants et, enfin, l'emploi d'armes
prohibées...
Donc, Israël planifie une nouvelle Nakba, un nouveau désastre.
Il profite, pour ce faire, de deux bases importantes :
La première est qu'il s'est garanti, grâce à la présidence
française de l'Union européenne, puis à celle de la présidence
tchèque, d'une couverture européenne officielle complète, qui
est venue s'ajouter à l'aide inconditionnelle de la part des
Etats-Unis. En effet, l'Accord politique du 16 juin 2008 s'est
transformé, il y a un mois, le 8 décembre de la même année
passée, en un traité suivi d'un annexe. Nous nous contenterons
d'en citer le neuvième point de ce traité qui stipule des
relations extraordinaires entre l'Union européenne et Israël, ce
que l'e contenu de l'annexe précise en divers points, dont le
plus clair est la coordination sur le plan des politiques
militaires et sécuritaires communes, en plus de la participation
d'experts israéliens à des missions à l'étranger, en Afrique et
dans d'autres régions.
La seconde, et peut-être la plus importante des deux, réside
dans le régime officiel arabe, dans les positions, déclarées ou,
même, cachées, de certains pays arabes, surtout les
gouvernements pro étasuniens dits " tempérés " qui vont à
l'encontre des intérêts des peuples arabes dans leur course
derrière Washington.
Ainsi, et tandis que des centaines de milliards de dollars sont
versés dans les caisses étasuniennes pour être utilisés à
atténuer la crise financière qui y sévit ou, encore, pour
permettre aux industries militaires de produire de nouvelles
armes, qui sont utilisées contre les peuples d'Irak, du Liban
et, actuellement, de la Palestine, certains dirigeants se sont
transformés en policiers exécutant les plans de Washington et de
Tel Aviv et empêchant les peuples de manifester leur appui à la
Résistance palestinienne, accusée par ces mêmes dirigeants
d'être responsable des massacres dans lesquels ont péri plus
d'un millier de personnes dans les vingt derniers jours.
De plus, les gouvernements arabes ont, presque tous, oublié la
politique de boycott ; ils ne cachent pas leur intention de
normaliser leurs relations avec Israël, ni les facilités qu'ils
procurent aux grandes sociétés transnationales qui financent
Israël et lui procurent les armes dont il a besoin pour tuer les
peuples de la région. Des centaines de millions de dollars
constituent la part arabe dans les projets de sociétés telles
que " Mac Donald's ", " Marx and Spencer ", " Kentucky fried
chicken " ou " Silk city "...
Mais quel rôle Gaza joue-t-il dans tout cela ?
Certains responsables israéliens disent que la mainmise sur de
nouveaux terres palestiniennes, surtout en Cisjordanie, et, par
suite, l'exécution du projet mis au point par Sharon, exigent la
liquidation de l'influence que Gaza exerce sur la résistance à
l'occupation. Voilà pourquoi Gaza constitue, aujourd'hui, un
symbole qui peut, soit donner un élan nouveau au projet israélo
étasunien, à la suite de l'échec cuisant de l'agression contre
le Liban en 2006, soit prévoir une chute plus dangereuse pour
Israël.
Nous pensons que le second cas est plus plausible.
Marie NASSIF-DEBS
(Article paru dans le bimensuel " An Nidaa " du vendredi 16
janvier 2009)
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