L'art de
la guerre
La nouvelle
mission Libye au départ
Manlio Dinucci
Mardi 19 novembre 2013
Après avoir démoli l’Etat libyen avec
10mille attaques aériennes et des forces
spéciales infiltrées, Etats-Unis,
Italie, France et Grande-Bretagne
déclarent leur « préoccupation à cause
de l’instabilité en Libye ». La Farnesina (siège
du ministère des Affaires étrangères
italien) informe que sont en cours à
Tripoli de violents affrontements entre
milices y compris avec des armes lourdes
et qu’ont été endommagés de nombreux
édifices, où la sécurité n’est pas
garantie, pas même dans les grands
hôtels de la capitale. Non seulement
pour les étrangers, mais aussi pour les
membres du gouvernement : après
l’enlèvement, il y a un mois, du premier
ministre Ali Zeidan à sa résidence dans
un hôtel de luxe, dimanche le
chef-adjoint des services secrets,
Mustafa Noah, a été enlevé à l’aéroport.
Et pendant que dans la capitale des
miliciens de Misrata tirent sur des
citoyens désarmés exaspérés par les
violences, à Bengazi se poursuit sans
discontinuer la série d’homicides
d’origine politique. Que faire ? Le
président Obama a demandé au premier
ministre (italien)
Letta de « donner un coup de main en
Libye » et celui-ci a immédiatement
accepté. Sa fiabilité est indiscutable :
en 2011 Enrico Letta, alors
secrétaire-adjoint du Pd (Partito
democratico) a été un des plus
ardents soutiens de la guerre USA/OTAN
contre la Libye. On se souviendra
dans les livres d’histoire de sa célèbre
phrase : « Va-t-en-guerre est celui qui
est contre l’intervention internationale
en Libye et certainement pas nous qui
sommes des constructeurs de paix ».
Maintenant, tandis que la Libye coule dans le chaos
provoqué par les « constructeurs de
paix », le moment d’agir est arrivé.
L’amiral William H. McRaven, chef du
Commandement USA pour les opérations
spéciales, vient d’annoncer qu’une
nouvelle mission est sur le point d’être
lancée : entraîner et armer une force
libyenne de 5-7mille soldats et « une
unité plus petite, séparée, pour des
missions spécialisées de
contre-terrorisme ». Des spécialistes du
Pentagone et de l’OTAN sont déjà en
Libye pour choisir les hommes. Mais,
étant donnée la situation interne,
ceux-ci seront entraînés hors du pays,
presque certainement en Italie
(notamment en Sicile et Sardaigne) et
peut-être aussi en Bulgarie, selon un
programme aux ordres du Commandement
Africa du Pentagone. L’amiral McRaven ne
cache pas qu’ « il y a des risques : une
partie des participants à l’entraînement
peut ne pas avoir un casier vierge ». Il
est très probable donc que parmi eux se
trouvent des criminels de droit commun
ou des miliciens qui ont torturé et
massacré (éléments qui, une fois en
Italie, pourront circuler librement). Et
parmi ceux qui sont entraînés en Italie
il y aura aussi les gardiens des
lager libyens dans lesquels sont
enfermés les migrants. Pour
l’entraînement et entretien de ces
hommes, les fonds déjà destinés à la Libye dans le décret missions
qui est examiné au parlement seront
insuffisants : il en faudra d’autres
beaucoup plus consistants, toujours pris
dans les caisses publiques. L’Italie
contribuera de cette façon à la
formation de troupes qui, étant de fait
sous les ordres des commandements
USA/OTAN, ne seront que nominalement
libyennes : en réalité elles auront le
rôle qu’avaient autrefois les troupes
indigènes coloniales. L’objectif de la
mission n’est pas de stabiliser
la Libye
pour qu’elle redevienne une nation
indépendante, mais de contrôler la Libye, de fait déjà
balkanisée, ses précieuses ressources
énergétiques et son territoire
stratégiquement important.
Nous nous permettons de donner un
conseil au gouvernement Letta : l’Expo
flottante du Cavour, quand elle rentrera
en Méditerranée en avril après son
périple africain, pourrait faire étape
aussi en Libye pour faire de la
publicité aux produits Made in Italy.
Comme le canon à feu rapide Vulcain de
la société Oto Melara, qui, dans les
mains des Libyens qui mitraillent
aujourd’hui les embarcations des
migrants, pourrait résoudre le problème
de l’émigration clandestine.
Edition de mardi 19 novembre 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20131119/manip2pg/14/manip2pz/348786/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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