L'art de la guerre
Heureusement que Barack est là
[1]
Manlio Dinucci
Mardi 13 novembre
2012 Les
laboratoires militaires étasuniens ont
peut-être inventé une substance qui,
répandue dans l’air, fait perdre la
mémoire. Ceci explique pourquoi autant
de voix de la gauche se sont unies à
l’hymne à Barack qui est monté d’un
large choeur multi-partisan, heureux
parce qu’ « Obama y est arrivé ».
Balayée l’idée qu’il puisse exister un
monde différent du monde capitaliste,
l’unique perspective reste celle du
moins pire. Mais sommes-nous sûrs qu’Obama
représente le moins pire ? Pendant son
administration –indique le
New York Times à partir de données
officielles- « les disparités de revenus
aux Etats-Unis ont grimpé aux plus hauts
niveaux de la Grande Dépression ».
Après avoir provoqué par des
spéculations financières la crise de
2008, étanchée par le gouvernement avec
des centaines de milliards de dollars
reversés des caisses publiques dans
celles des banques, le 1% plus riche
s’est accaparé les 93% des gains de la
reprise. Et les super-riches (0,01% de
la population) ont quadruplé leurs
revenus. L’augmentation des taxes aux
riches, qu’Obama a promise en revêtant
pendant la campagne électorale le
costume de Robin des Bois, sera très
relative. C’est ce que confirme le boom
des acquisitions, à Manhattan,
des
super-attiques à partir de 10 millions
de dollars. En même temps, aux Usa
prolifèrent les « tent
cities », les villages de tentes
habités surtout par des familles de la
middle-class dont les maisons ont été
réquisitionnées par les banques
créditrices. Sur les secteurs les plus
démunis retomberont les coupes dans les
dépenses publiques, prévues pour 1.200
milliards de dollars en dix ans. L’école
publique empirera encore, déjà exsangue
à cause des coupes (mais sans préoccuper
Obama, qui envoie ses filles dans de
coûteuses institutions privées).
L’assistance sanitaire restera précaire
pour la majorité : la réforme tant
pavoisée est un business lucratif pour
les grandes compagnies d’assurance, qui
reçoivent des centaines de milliards
pour fournir une assistance sanitaire
sur la base de mécanismes qui laissent
en tous cas nombre de gens sans soins
appropriés. De plus, les fonds de
Medicare (l’assistance aux personnes
âgées) seront amputés de 11 milliards de
dollars en 2013. Et il ne reste pas trop
d’espoir non plus pour les plus de 50
millions de citoyens, parmi lesquels 17
millions d’enfants, en condition
d’ « insécurité alimentaire »,
c’est-à-dire n’ayant pas assez de
nourriture à cause du manque d’argent,
et qui ont augmenté pendant
l’administration Obama de 12% à plus de
16% de la population. Ceux qui ont par
contre beaucoup d’espoir sont les chefs
du Pentagone et les actionnaires des
industries de guerre. Avec un Prix Nobel
de la paix à la Maison Blanche, la
dépense militaire étasunienne a grimpé à
plus de 700 milliards de dollars, la
moitié environ de la dépense militaire
mondiale. Ainsi le Pentagone peut-il
garder « des forces militaires prêtes à
se concentrer soit dans les guerres
actuelles, soit dans les futurs conflits
potentiels ». Le modèle est la guerre
contre
la Libye, que les Usa
adoptent pour essayer de désagréger
d’autres états, dont la Syrie et l’Iran, qui font
obstacle à leur avancée dans la région
Asie/Pacifique. Une guerre de plus en
plus secrète, conduite avec des forces
spéciales et des drones, où le président
rédige lui-même la « kill
list » comprenant des personnes du
monde entier qui, jugées nocives pour
les Etats-Unis, sont condamnées à mort
en secret.
Et tandis que Michelle Obama fait
la promotion de la campagne « Thank
an American Hero », en envoyant des
cartes postales aux militaires en
guerre, dans le Salento[2]
on lui dédie un olivier millénaire,
symbole de paix.
Edition de mardi 13
novembre 2012 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20121113/manip2pg/14/manip2pz/331633/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
[2] Région
méridionale des Pouilles, somptueux
oliviers multi centenaires.
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