Opinion
Que soit clair qui
a le commandement
Manlio Dinucci
Le siège
de l'OTAN
Mardi 13 septembre
2011
« Les Etats-Unis se
sont défilés, ils ne bombardent plus,
ils ont même retiré leurs engins les
plus puissants », écrivait Vittorio
Feltri en avril à propos de la guerre de
Libye. Conviction qui s’est diffusée
même dans la gauche et parmi les
pacifistes : qu’Obama avait été entraîné
dans la guerre contre sa propre volonté
(ce n’est pas un hasard s’il est Prix
Nobel de la paix), mais s’en était
rapidement retiré, laissant la conduite
de l’opération aux belliqueux Sarkozy et
Cameron. Tout faux. « Ce sont les
Etats-Unis qui ont dirigé cette
opération », clarifie à présent
l’ambassadeur Ivo Daalder, représentant
étasunien auprès de l’OTAN. Il explicite
ainsi ce qui aurait déjà dû être clair :
le fait que la direction est passée, le
27 mars, du Commandement Afrique des
Etats-Unis à l’OTAN commandée par les
Etats-Unis. Ce sont eux, souligne
Daalder, qui ont dirigé l’initiative
pour obtenir le mandat du Conseil de
sécurité et faire décider que l’OTAN
l’exécute.
Un
véritable record : pour que l’OTAN se
décidât à intervenir en Bosnie,
rappelle-t-il, il fallut trois ans, et
une année pour intervenir au Kosovo,
alors que pour décider l’intervention en
Libye il n’a fallu que dix jours. Ce
sont toujours les Etats-Unis qui ont
dirigé la planification et l’exécution
de l’opération militaire. Ce sont eux
qui à l’origine ont neutralisé la
défense aérienne libyenne et continué à
supprimer les défenses pendant tout le
cours du conflit en utilisant
des Predator armés. Ce
sont eux
qui ont fourni le gros de l’intelligence,
en permettant d’identifier les objectifs
à frapper, et ont approvisionné en vol
les chasseurs bombardiers alliés. Chacun
de ces éléments, souligne Daalder, a été
décisif pour le succès de l’opération
avec laquelle l’OTAN a détruit plus de
5mille objectifs sans subir aucune
perte. De l’opération aérienne au
Kosovo, rappelle-t-il, nous avons appris
combien il est important d’avoir des
munitions à guidage de précision pour
provoquer le maximum de dégâts en
minimisant les effets collatéraux, et
que tous les pays en possédassent.
Diplomatiquement, l’ambassadeur ne dit
pas que ce sont les Etats-Unis qui les
ont fournis en grande partie aux alliés,
lesquels après 11 semaines avaient
quasiment épuisé leurs bombes, comme
l’ont déclaré le porte-parole du
Pentagone Dave Lapan et le secrétaire à
la défense Robert Gates. Il ne dit pas
non plus combien ont été minimisés les
effets collatéraux des plus de 8mille
attaques aériennes, dans lesquels on
estime qu’ont été larguées plus de
30mille bombes. Les Etats-Unis, tient à
faire savoir Daalder, ont effectué plus
de raids aériens que n’importe quel
autre pays, 26% des 22mille environ. La
France et la Grande-Bretagne, à elles
deux, en ont effectué un tiers et
attaqué 40% des objectifs. Un « travail
extraordinaire », reconnaît le
représentant USA à l’OTAN, mais il met
les choses au clair : ceci a été rendu
possible du fait que « les Etats-Unis
ont dirigé cette opération de façon à ce
que les autres alliés puissent suivre et
y contribuer ». Il fait donc les
louanges des autres alliés, même de ceux
qui n’appartiennent pas à l’OTAN :
Jordanie, Qatar et Emirats arabes unis.
Pas un mot par contre sur l’Italie, qui
a justement tant fait, en mettant à
disposition des bases et des forces
aéronavales.
Il en va ici de l’orgueil
national de l’Italie. Que le président
Napolitano écrive immédiatement au
président Obama, pour qu’il reconnaisse
qu’il y a aussi l’Italie sous le
commandement des USA.
Edition de mardi 13
septembre de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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