ELAC & ALAC
Où va la Lybie ?
De la comédie de la pseudo démocratie à
la somalisation ...
Luc
Michel
Jeudi 9 août 2012
Alors que les médias de l’OTAN nous
racontent « la naissance d’une
démocratie libérale » (sic), la Libye
recolonisée par l’Occident s’enfonce
dans le chaos et la « somalisation » …
Luc MICHEL pour ELAC & ALAC Committees
/avec PCN-SPO – AFP – Libération –
Correspondances en Libye / 2012 08 09 /
Il y a la belle histoire, le
storytelling des spin doctors de l’OTAN.
Et il y a la réalité d’une Libye en
plein chaos.
J’ai plus de deux décennies d’expérience
de la Jamahirya et j’ai pu reconstituer
sur place depuis quelques mois un réseau
fiable d’observateurs, malgré la peur et
la répression. Voici derrière les
médiamensonges et la propagande de
l’OTAN la réalité d’une Libye
post-Kadhafi en plein chaos, une
nouvelle Somalie sur la Méditerranée.
LES MEDIAMENSONGES DE L’OTAN DECRYPTES
Ce 8 août était le premier anniversaire
de la prise de Tripoli, le 8 août 2012,
par les forces spéciales de l’OTAN et du
Qatar, suivie ensuite des katibas
Djihadistes du CNT de l’Ouest, encadrées
par les forces spéciales françaises. Le
lendemain, ce 9 août, l’OTAN faisait
jouer la comédie de la « transition
démocratique » (sic) à ses affidés du
CNT, les Pétains, les Laval et les
Quislings de la Libye occupée et
recolonisée made in NATO.
« Passation de pouvoir historique en
Libye », titre l’AFP ce même jour. Qui
développe le scénario idéal inventé par
les USA et l’OTAN pour justifier la
guerre, l’invasion et l’occupation de la
Jamahiriya.
« En raison du mois de jeûne de ramadan,
la cérémonie a commencé tard dans la
nuit dans une luxueuse salle de
conférence d'un hôtel de la capitale
libyenne », raconte l’AFP. « Le Conseil
national de transition (CNT) en Libye a
remis mercredi soir les pouvoirs à
l'assemblée issue des élections du 7
juillet, lors d'une cérémonie historique
marquant la première transition
pacifique après plus de quarante ans de
dictature de Mouammar Kadhafi. La
cérémonie a été ouverte par des sourates
du coran puis l'hymne national (celui de
la monarchie) entonné par une chorale
d'enfants, en présence de représentants
des missions diplomatiques en Libye,
ainsi que des membres du CNT et du
gouvernement et des chefs de partis. »
« Je remets nos prérogatives
constitutionnelles au Congrès général
national qui est désormais le
représentant légitime du peuple
libyen », a déclaré le président du CNT,
Moustapha Abdeljalil, en « remettant
symboliquement le pouvoir au doyen des
200 membres du Congrès général national
(CGN) élus il y a un mois lors du
premier scrutin libre en Libye ».
Une première remarque : Tout d’abord
l’empreinte des institutions de la
Jamahiriya de Khadhafi est telle que le
nom choisi pour le pseudo parlement
fantoche créé par l’OTAN est quasiment
celui de la plus haute institution
représentative de la Démocratie Directe
sous Kadhafi : il s’appelait le
« Congrès Général Populaire » - et oui
il existait ! -.
« Peu avant, les 200 membres ont prêté
serment devant le président de la Cour
suprême libyenne », continue l’AFP, qui
entend donner l’image d’institutions
démocratiques (sic).
« Maintenant le CNT n'existe plus. Il
est dissout », a déclaré à l'AFP Othman
Ben Sassi, membre du Conseil.
« En raison du mois de jeûne de ramadan,
la cérémonie a commencé tard dans la
nuit dans une luxueuse salle de
conférence d'un hôtel de la capitale
libyenne. Une autre salle aménagée au
deuxième étage de cet établissement sera
désormais le siège du CGN », nous conte
l’AFP Une seconde remarque :
l’impressionnant siège du « Congrès
Général Populaire », l’équivalent du
Parlement sous Kadhafi, a été attaqué et
incendié par les gangs islamistes dès la
première semaine du coup d’état
insurrectionnel organisé par l’OTAN à
Benghazi et à Tripoli les 15-17 février
2011. Et donc ne peut plus servir …
A l'issue de la cérémonie qui n'a duré
finalement qu'une quarantaine de
minutes, les membres du Congrès ont été
appelés à rester dans la salle pour leur
première réunion officielle au cours de
laquelle ils devraient élire un
président et deux vice-présidents de
l'assemblée. Ce qu'ils ont été
incapables de faire.
LES ELECTIONS TRUQUEES DU CNT
Mais revenons et expliquons ce qu’était
ce « premier scrutin libre » en Libye.
Pour commencer une loi spéciale a
interdit avec de lourdes peines
« l’apologie ou la défense de Kadhafi et
de sa Jamahiriya ». Et donc de facto
toute création ou présentation de
formations politiques ou de candidats
pro Kadhafi.
Ensuite, ceci ne suffisant pas, on a
interdit l’inscription sur les listes
électorales de 800.000 libyens – sur
trois millions d’électeurs -, soupçonnés
de sympathie pour la Jamahiriya
renversée par l’OTAN. A l’échelle de la
Russie, si critiquée, que dirait-on si
le régime de Poutine avait interdit 20
millions de Russes de participation aux
élections ? C’est pourtant le ratio
projeté sur la population russe.
Ces manipulations passées sous silence
par les médias et les experts de l’OTAN,
il faut aussi évoquer les conditions
dans lesquelles s’est déroulé le
scrutin. La Libye est en plein chaos.
L’autorité du pseudo CNT s’exerce sur
quelques quartiers de Benghazi et
Tripoli. Ailleurs c’est, comme dans la
Somalie des islamistes et de l’OTAN, et
ce n’est pas un hasard, quartier par
quartier, localité par localité, le
règne de la violence, celle des milices,
des djihadistes et des gangs (1). Peu de
choses les différencie. Chaque jour on
torture, on enlève, on rançonne et on
rackette, on tue. C’est la
généralisation des prisons privées et
des chambres de torture. Sur lesquelles
le CNT n’a aucune autorité comme l’a
démontré la détention forcée d’une
mission de la CPI en juin dernier.
Deux exemples : le dernier ambassadeur
de Kadhafi à Paris, Brebesh, pourtant
rallié au CNT, est mort sous la torture
en mai, entre les mains d’une milice
islamiste de Tripoli. Le dernier premier
ministre de Kadhafi, Al Bagdadi,
illégalement acheté et livré par le
gouvernement islamiste tunisien, lui est
dans le coma. Tabassé et torturé dès son
arrivée à l’aéroport de Tripoli.
Mais ce n’est pas tout. Les élections se
sont déroulées dans un climat d’extrême
violence. Celle des gangs islamistes,
chacun ayant leurs partis et leurs
candidats. Des centaines de « partis »
et des milliers de candidats. A
l’exemple du parti islamiste Al Watan –
financé par le Qatar - de l’ex leader
libyen d’Al-Qaida et ex de Guantanamo,
Abdelhakim Belhadj, instauré
« gouverneur militaire de Tripoli » par
le Qatar et les généraux français de
l’OTAN. Qui avait troqué son treillis
pour un costume de businessman, entre
deux voyages en Syrie où il dirige sur
le terrain les djihadistes de la pseudo
ASL pour le compte de l’OTAN (2).
Violence aussi de la Résistance Verte
des pro Kadhafi qui n’a pas déposé les
armes.
Enfin, cerise sur le gâteau électoral
pourri de l’OTAN, ces élections
n’étaient supervisées par aucune mission
de monitoring indépendante. Leur
organisation confiée à des juristes et
des fonctionnaires des USA et de l’OTAN.
Et le « monitoring » à une des ONG bidon
liée à l’OTAN !
« ESCALADE DE LA VIOLENCE » ET
RESISTANCE VERTE
Le beau conte de l’AFP débouche alors
brusquement sur la réalité du chaos
libye. Sans que les presstitutes de
l’OTAN semblent être conscients de la
contradiction.
« Des mesures de sécurité
exceptionnelles ont été mises en place à
cette occasion (ndlr : le show de « la
transmission du pouvoir »), notamment
après une escalade de la violence dans
plusieurs régions du pays ces derniers
jours. Le ministère de l'Intérieur a
ainsi bouclé le périmètre de l'hôtel et
toutes les routes proches ou menant à la
salle de conférences ont été fermées à
la circulation. »
On notera le déploiement devant l’hôtel
où se tenait la cérémonie de « passation
de pouvoir », d’une brigade de la
nouvelle « Armée libyenne », équipée
comme une brigade d’infanterie coloniale
britannique d’avant-guerre. Tout un
symbole de la recolonisation de la
Libye. On soulignera encore que la
Presse a du tenir secret le nom de
l’hôtel, tant la peur d’une attaque de
la Résistance Verte était latente !
Voilà donc un état (sic) démocratique (resic)
qui ne contrôle même pas le cœur de sa
capitale.
La Résistance Verte des pro Kadhafi
continue en effet le combat. Ce n’est ni
le « pays apaisé » des médias de l’OTAN.
Ni non plus les « batailles de rues » de
certains illuminés sur les réseaux
sociaux ou des mytho-mensonges de
certains journalistes « non mainstream »
liés à l’Iran. C’est quelque chose entre
la Résistance française de 1943, les
débuts de la Bataille d’Alger du FLN ou
encore, dans le centre et le sud de la
Libye, les combats des Titistes
yougoslaves vers 1942.
Une résistance bien armée, qui peine à
s’organiser et manque d’un leadership.
Mais qui se bat, tue des kollabos et des
djihadistes, attaque des prisons et fait
évader des prisonniers – on estime à
plus de 17.000 les détentions illégales
de Kadhafistes, mais aussi d’africains
innocents frappé par le racisme
anti-noir des islamistes, dans les
prisons des islamistes et du CNT -, on
fait sauter des dépôts d’armes. Et dans
le sud, on contrôle des routes, des
localités, des quartiers. Partout on
frappe les kollabos du CNT.
Parlons enfin d’une troisième violence,
qui ici aussi évoque la Somalie : la
violence privée, les vendettas, les
règlements de comptes. Entre famille,
entre villages et villes, entre tribus.
Les arsenaux pillés dès février 2011
ayant lourdement armé tout le monde.
L’ECHEC DU CNT
Dans son discours, le kollabo n° 1 de
l’OTAN, Mustapha Abdeljalil, a salué
"une première passation de pouvoir dans
l'histoire de la Libye" qui représente
un "moment historique" pour les Libyens.
Il a du reconnaître à demi-mots l’échec
du CNT : des "erreurs" (sic) durant une
période de transition "exceptionnelle"
et un "retard dans le traitement de
certains dossiers (resic)", notamment
ceux de la sécurité, du désarmement.
Selon lui, » le CNT a échoué aussi à
trouver une solution au dossier des
déplacés du conflit libyen à l'intérieur
et à l'extérieur du pays », qu'il a
qualifié de "véritable drame". "Nous
n'avons pas pu garantir la sécurité
comme nous le souhaitions", a-t-il
ajouté.
Méprisé à la fois par le peuple et ses
anciens alliés tant islamistes que
monarchistes – les protégés des Mi5 et
Mi6 britanniques - ou libéraux – les
favoris des USA - et sans autorité, Il a
annoncé par ailleurs qu'il prenait sa
retraite et qu'il quittait ses fonctions
au CNT et dans le Conseil supérieur de
magistrature dont il était membre sous
le régime de Mouammar Kadhafi.
Le CGN sera chargé de choisir un nouveau
gouvernement pour prendre le relais du
CNT, qui devrait être dissout lors de la
première session du Congrès. Il devra
conduire le pays à de nouvelles
élections sur la base d'une nouvelle
Constitution. Son autorité sera encore
plus virtuelle que celle du CNT.
LES FORCES POLITIQUES PRO OTAN DANS LA
LIBYE POST CNT
L'Alliance des forces nationales (AFN),
une coalition libérale quelques dizaines
de petits partis, menée par des
architectes du coup d’état de 2011
contre le colonel Kadhafi, organisé par
l’OTAN et les USA, détient 39 sièges sur
les 80 réservés à des partis politiques.
Le Parti de la justice et de la
construction (PJC), issu des Frères
musulmans, est la deuxième formation
politique du Congrès avec 17 sièges.
Les 120 sièges restants ont été
attribués à des candidats indépendants
aux allégeances et convictions encore
floues mais qui sont très courtisés par
les partis.
"Durant les premières réunions, nous
allons voir plus clair concernant les
orientations de chacun des membres.
Maintenant c'est le flou total" (sic), a
indiqué à l'AFP Salem Ali Al-Hammali, un
membre du Congrès et de l'AFN. Un aveu
de l’anarchie qui a entouré ces
élections.
Encore deux remarques :
Tout d’abord, une force politique est
absente de ce beau tableau de l’AFP.
C’est le parti islamiste radical Al
Watan d’Abdelhakim Belhadj. Grand
perdant des élections, tant il a
terrorisé les Libyens, il est pourtant
la seule force politico-militaire
réelle, structurée. Financé par le
Qatar, soutenu par certains réseaux
français proches de Sarkozy, il attend
son heure. Certains à l’OTAN ont
peut-être cru le neutraliser en lui
confiant le commandement opérationnel de
la soi-disant « Armée Syrienne Libre ».
C’est une erreur. Car on renforce ses
réseaux, y compris par le contrôle des
camps d’entraînement de l’ASL installés
par l’OTAN en Libye. Et on aguerrit ses
troupes.
Ensuite, il faut évoquer les résultats
des élections et la « victoire » des
libéraux favoris de Washington. Cette
« victoire » est une victoire par
défaut. Les Libyens qui ont pu voter ont
fait le choix de rejeter les islamistes,
« modérés » (sic) comme les Frères
Musulmans, ou radicaux comme les
Salafistes ou les électoro-djihadistes –
on en est là - d’Al-Watan. L’exemple de
ce qui se passe en Tunisie ou en Egypte
a du aussi jouer le choix d’un
repoussoir.
LA « DEMOCRATIE » MADE IN NATO SOLUBLE
DANS L’ISLAMISME
« La cérémonie a été marqué par un petit
incident », nous avoue encore l’AFP,
« quand M. Abdelajalil a ordonné le
remplacement d'une jeune femme qui
présentait le programme de la cérémonie
parce qu'elle était maquillée et non
voilée ». « La présentatrice, les
cheveux découverts, a été contrainte de
laisser sa place à des membres du CNT
qui se sont succédés par la suite sur la
tribune », précise Libération (Paris).
Incident révélateur de l’emprise des
islamistes sur la Libye du CNT et de
l’OTAN.
« Nous croyons dans les libertés
individuelles et nous les consolidons
mais nous sommes musulmans et nous
sommes attachés à nos principes. Tout le
monde doit comprendre ce point », a
déclaré M. Abdeljalil sans autre
précision, avant de prononcer son
discours. « L'incident est passé
inaperçu par la plupart de l'assistance
qui n'a pas compris la remarque du chef
du CNT », précise l’AFP.
« Le chef du CNT, connu pour ses
orientations islamiques notamment en ce
qui concerne les femmes, avait déjà
suscité la controverse, lors de la
proclamation de «la libération» du pays
(les guillemets sont de Libération, pour
une fois scrupuleux) du régime de
Muammar al-Kadhafi en octobre dernier,
en affirmant que la charia serait source
de législation dans la nouvelle Libye,
en citant notamment le droit à la
polygamie «sans conditions» », commente
Libération.
Deux remarques à nouveau :
Abdeljalil était le chef de file des
islamistes dits « modérés » qui
s’étaient alliés aux libéraux libyens
dans la Libye de la « coexistence
pacifique » d’après 2003, dans leur
combat contre l’aile socialiste du
régime jamahiryen (3). Leur chef de
file, et c’est là tout le drame de la
Jamahiriya après 2003, était Saif
Al-Islam, le propre fils aîné de
Kadhafi, qui avait installé les
islamistes au cœur des institutions
libyennes. Et singulièrement Abdeljalil
à la tête de la Haute cour libyenne, où
cet extrémiste de la Charia, avait
organisé l’affaire des « infirmières
bulgares » qui a coûté si cher à la
Jamahiriya en terme d’image
internationale.
Ensuite, cet incident révèle la
régression de la condition féminine
après Kadhafi. Celui-ci avait libéré la
femme libyenne, lui avait ouvert les
universités et les académies militaires,
réprimé la polygamie. Tout ce que le CNT
à l’initiative d’Abdeljalil a détruit.
Dans certains fiefs islamistes, tombés
dans leurs mains comme Misrata, la Burqa
afghanne ou le niqab intégral à la
saoudienne sont de mise.
LA REGRESSION GENERALE PAR RAPPORT A LA
LIBYE DE KADHAFI
Depuis l’invasion et l’occupation de la
Libye en 2011, on a écrit beaucoup de
stupidités sur la Jamahiriya. Réduite,
pour justifier l’agression occidentale,
à un non-état reposant sur des bases
tribales. C’est confondre le résultat de
l’invasion de l’OTAN et la somalisation
de la Libye avec le régime mis en place
par Kadhafi de 1969 à 2011.
Les bases idéologiques de la Jamahiriya,
des institutions de la Démocratie
Directe libyenne, ce ne sont pas comme
l’a écrit la revue en 1985 GEO « Marx et
Allah ». Mais on est déjà là bien loin
du non-état tribalisé des médias de
l’OTAN ! Ces bases, c’est le Jacobinisme
français. Celui révolutionnaire de
Robespierre et de la Première Commune de
Paris, celle de 1792-94.
La Démocratie directe libyenne
s’inspire largement de l’expérience de
Démocratie directe de la Première
Commune de Paris (1792-1794) et du
Comité de Salut Public. Les références
sont publiques et nombreuses au
gouvernement révolutionnaire de
Robespierre (4).
La Jamahiriya était un état idéologique
(5), avec une vie politique organisée
autour d’une expérience avancée de
Démocratie Directe, avec des assemblées
et des débats à tous les niveaux – des
quartiers au « Congrès populaire général
» (qui remplaçait le Parlement), en
passant par les 30 municipalités, les
SABHIAHS – avec des cadres politiques
organisés, les « Comités
Révolutionnaires ». Une
expérience-pilote suivie dans d’autres
pays, au Venezuela par exemple (6).
Ceci en plus d’une économie socialiste,
et d’un état social protecteur et
redistributif et d’une économie dirigée.
De tout cela, il ne reste rien.
LOIN DE LA « DEMOCRATIE LIBERALE » : LA
STRATEGIE US DU CHAOS
Le Chaos en Libye.
Qui a entrainé celui au Sahel, au Mali.
Avant celui en Syrie. Sur le modèle de
la Somalie, éclatée, divisée, ruinée.
Et si c’était cela
une des options planifiée par Washington
et son allié sioniste pour le « Grand
Moyen-Orient » ? Une « Grande Somalie »
où l’impérialisme américain en faillite
économico-financière, peut encore à peu
de frais dominer les routes commerciales
et piller les ressources … C’est mon
analyse dès les prémisses du soi-disant
« printemps arabe ».
Contrairement à la
plupart, je l’ai vu arriver et annoncé
depuis Tripoli précisément (7), et bien
avant (8). Le chaos comme avenir pour la
Libye et non une impossible « démocratie
libérale », le chaos et la « somalisation »
à la fois comme moyen et comme
objectif !
LM
(9 août 2012)
Une version développée de ce texte sera
prochainement publiée sous forme de
Rapport par EODE Think Tank)
http://www.facebook.com/notes/elac-committees/-elac-alac-luc-michel-ou-va-la-libye-de-la-comedie-de-la-democratie-a-la-somalis/193903370739593
______________________________
NOTES ET RENVOIS
(1) Luc MICHEL, GANG WAR IN TRIPOLI :
THE « NEW LIBYA » OF THE PSEUDO NTC
LOOKS LIKE SOMALIA!
http://www.elac-committees.org/2012/01/08/elac-alac-resistance-gang-war-in-tripoli-the-new-libya-of-the-pseudo-ntc-looks-like-somalia/
(2) S’appuyant sur des infos
publiées par le quotidien espagnol ABC,
Patrice de Plunkett dans Valeurs
Actuelles/Spectacle du Monde (Paris)
affirme que « l’ASL est commandée sur le
terrain par deux islamistes radicaux
libyens, le désormais fameux Abdelhakim
Belhadj, ex-compagnon de Ben Laden et un
temps gouverneur de Tripoli par la grâce
de l’OTAN, de Sarkozy et de Juppé, et
Mahdi al-Harati, ex-commandant de la «
brigade de Tripoli » pendant la guerre
civile libyenne et ex-numéro 2 du «
conseil militaire révolutionnaire » dans
la capitale libyenne. Les deux hommes,
peut-être un peu encombrants aux yeux du
CNT, se sont donc « délocalisés » en
Syrie, à la fin du mois de novembre
dernier. » Amenés en Syrie par l’OTAN et
l’AKP islamiste au pouvoir en Turquie.
Nous ne disons pas autre chose depuis la
fin 2011.
Et les djihadistes
libyens ne sont évidemment pas venus
seuls ! « Avec, précise encore Patrice
de Plunkett, 600 (700 selon d’autres
sources) compatriotes armés. Qui
s’acharnent depuis à mettre le nord de
la Syrie à l’heure djihadiste ». Patrice
de Plunkett identifie les maîtres de la
pseudo ASL, « le wahhabisme, et leurs
soutiens : l’Arabie saoudite qui fournit
les armes et le Qatar qui fournit
l’argent (…) deux alliés de l’OTAN,
comme chacun sait ».
L’article de
Plunkett est illustré d’une photo d’un
de ces groupes djihadistes de l’ASL – au
centre Abdelhakim Belhadj -, avec une
légende synthétisant le contenu de
l’article : « direction effective
libyenne de l’ASL, soutien financier et
logistique de ces groupes par l’Arabie
saoudite et le Qatar, et soutien
politique de l’OTAN, de Londres et de
Paris à cette « étrange ASL » qui « sème
la terreur et attise des haines
communautaires jusqu’alors ignorées en
Syrie ». Une légende qui pose cette
question : « Après l’Irak et la Libye,
pourquoi l’Occident cherche-t-il à
mettre systématiquement les salafistes
au pouvoir ? »
(3) C’est un
processus similaire à celui qui a
détruit la Yougoslavie de 1985 à 2001
qui a déstabilisé, puis détruit la
Jamahiriya libyenne de Kadhafi.
Détruite sur un
scénario, un « processus de transition »
- le nom du CNT s’en inspire directement
-
qui rappelle étroitement la
Yougoslavie et ce n’est pas un hasard.
La Libye aussi, depuis 2003, avait une
aile libérale, opposée à celle des
socialistes patriotes. Celle rassemblée
derrière Saïf Al Islam, qui a amené
libéraux et islamistes (comme le
président du pseudo CNT Abdel Jalil) au
pouvoir. Il faut lire les pages
révélatrices de Bernard-Henry Levy sur
Saïf dans son dernier livre
d’auto-propagande personnelle « LA
GUERRE SANS L’AIMER », où il pose la
question qui choque : « comment celui
qui était des nôtres (l’expression est
de lui) a-t-il pu rejoindre son père ?
»… Le régime libyen a été déstabilisé et
attaqué de l’intérieur. Avant que les
bombes, les armées et les mercenaires de
l’OTAN et des USA ne viennent finir le
travail. J’ai vécu de l’intérieur cette
prise de la Libye, aux côtés de nos
camarades socialistes du MCR. J’ai vu
comment les illusions de Tripoli sur la
coexistence pacifique et l’économie
globalisée ont permis aux libéraux
libyens de se constituer en Cheval de
Troie et de préparer l’assaut extérieur.
Sur le processus de
transition, au Belarus (où le président
Lukashenko l’a arrêté), en Yougoslavie
et en Libye notamment, j’ai donné
récemment une longue analyse intitulée
“Le Modèle du Belarus comme alternative
à la Globalisation”, à Minsk, le 5 mai
2011, à l’occasion de la Conférence
internationale “THE PROSPECTS OF THE
EASTERN PARTNERSHIP”. Elle a été filmée
pour PCN-TV et est disponible sur son
site.
Cfr. International conference “The
prospects of the Eastern partnership” –
Minsk 5.05.2011 :
Conférence de Luc MICHEL (PART.1
– 2 - 3) reprise sur PCN-NCP-TV, sur “Le
Modèle du Belarus comme alternative à la
Globalisation”
http://www.dailymotion.com/video/xjjkaz_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-1_news
http://www.dailymotion.com/video/xjjlfo_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-2_news
http://www.dailymotion.com/video/xjjmbi_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-3-conclusion_news
(4) Le rôle joué par Moammar KADHAFI au
sein du système institutionnel libyen
correspondait étroitement – ce que
personne n’a semblé voir – à celui que
jouait ROBESPIERRE entre la Commune et
ses sections, la Convention, le peuple
de Paris, le Club des Jacobins et le
Comité de Salut Public. A la fois
inspirateur et idéologue, porte-parole
et arbitre suprême.
Pour qui est un familier du système
libyen jamahiriyen et de son
fonctionnement réel, l’exposé que fait
François FURET du rôle de Robespierre au
pouvoir, de 1793 à Thermidor, fait
immanquablement penser à celui que
jouait KADHAFI, le Guide de la
Révolution, en Libye :
« Il est porteur d’un extraordinaire
syncrétisme entre les deux légitimités
démocratiques. Idole des Jacobins (…)
C’est que lui seul a mystiquement
réconcilié la démocratie directe et le
principe de représentatif, en
s’installant tout en haut d’une pyramide
d’équivalences dont sa parole garantit,
jour après jour, le maintien. Il est le
peuple dans les sections, le peuple aux
Jacobins, le peuple dans la
représentation nationale ; et c’est
cette transparence entre le peuple et
tous les lieux où l’on parle en son nom
– à commencer par la Convention – qu’il
faut constamment instituer, contrôler,
établir, comme la condition de
légitimité du pouvoir, mais aussi comme
son premier devoir ».
(5) Luc MICHEL, PENSER EN CONTINENTS !
POUR UNE PHILOSOPHIE DE L’ACTION ! POUR
UNE MISE EN ACTION DE LA PHILOSOPHIE :
CHANGEONS LE MONDE !, Discours au nom
des Délégations du Continent européen,
au Meeting d’ouverture de la Première
Assemblée mondiale de l’ « Association
Internationale des Partisans du Livre
Vert » (ASIPALV), Tripoli, Libye, 25
octobre 2009.
Consultable sur le site du MEDD-MCR :
http://midd.free.fr/accueil.htm
(6) Interview de Luc MICHEL (en français
et en arabe) à la Radio internationale «
LA VOIX DE L'AFRIQUE », Tripoli, Libye,
1er
mars 2007.
A écouter en streaming sur :
http://midd.free.fr/accueil.htm
(7) La seule et unique analyse annonçant
les événements de Libye (coup d’état les
15-17 février 2011) et de Syrie (Mars
2011) avant leur déclenchement par les
USA et l’OTAN :
PCN-TV / 6 FEVRIER 2011 : LUC MICHEL
ANNONCE DEPUIS TRIPOLI L’AGRESSION
OCCIDENTALE CONTRE LA LIBYE ET LA SYRIE
!
http://www.elac-committees.org/2011/08/03/6-fevrier-2011-luc-michel-annonce-depuis-tripoli-l%e2%80%99agression-occidentale-contre-la-libye-et-la-syrie/
et :
http://vimeo.com/26435385
(8) Mon analyse dès 2003 …
L'AGRESSION AMERICANO-SIONISTE EST UNE
GUERRE IDEOLOGIQUE CONTRE LE
NATIONALISME ARABE : APRES BAGDAD, DAMAS
ET TRIPOLI SONT EN LIGNE DE MIRE !
Sur :
http://www.pcn-ncp.com/editos/fr/ed-031007.htm
______________________________
Photos :
Le Quisling libyen, Mustapha Abdeljalil,
islamiste et protégé de l’OTAN.
La nouvelle « Armée libyenne », équipée
comme une brigade d’infanterie coloniale
britannique d’avant guerre. Tout un
symbôle (Militaires libyens devant le
bâtiment où se tenait la cérémonie de
passation de pouvoir, le 8 août 2012 à
Tripoli, Photo Reuters).
Le
dossier Libye
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