Syrie
Les provocations
verbales calculées de Laurent Fabius
Louis
Denghien
Le
continuateur d'Alain Juppé applique au
dossier syrien une stratégie éprouvée :
un mensonge mille fois répété tend à
devenir une vérité
Vendredi 6
juillet 2012
Avec un aplomb inversement
proportionnel à sa capacité d’influence
réelle, Laurent Fabius s’est interrogé
gravement, lors d’une émission sur
Europe 1,
sur les États susceptibles d’accueillir
Bachar al-Assad pour un exil définitif.
Le décidément « digne » successeur
d’Alain Juppé au Quai d’Orsay
intervenait dans le cadre du 3ème (?)
sommet des «
Amis de la
Syrie », qui regroupent plus
précisément les ennemis occidentaux
arabes et syriens du gouvernement en
place en particulier et de la Syrie
résistante en général. Ce sommet de
l’ingérence et de la déstabilisation
s’ouvre en effet aujourd’hui à Paris
sous les auspices de la nouvelle
diplomatie social-démocrate – «
socialo-atlantiste » la définirait mieux
– et regroupera une centaine de nations,
de groupes politiques et institutions
internationales.
Absolument sans illusion
sur le caractère profond de cette
réunion, la Russie et la Chine n’ont pas
manqué de faire savoir qu’elles la
boycotterait, ce qui condamne de fait
ses participants à de nouvelles
gesticulations impuissantes, même si le
sommet devrait accoucher de quelques
sanctions économiques ou diplomatiques
supplémentaires. Et que Paris devrait
annoncer un don de téléphones
satellitaires ultra-modernes à la «
résistance » ASL, à défaut de pouvoir
envoyer des Rafale et des Mirage dans le
ciel syrien.
Une
stratégie de l’intox diplomatique
Pour autant, quand Fabius
déclare au micro complaisant d’Europe
1 que «
la
question (du départ de Bachar)
est posée
» et qu’il passe en revue les pays
susceptible de ne pas l’accueillir avec
l’apparence du plus grand sérieux, que
doit-on comprendre ? Que l’ivresse des
cimes politiques lui a fait perdre le
sens des réalités ? Que la haine
l’aveugle ? Avec une véhémence qu’il
n’est pas prêt d’appliquer à ses amis
américains responsables de tant de
malheurs et de massacres, de l’Irak à la
Libye en passant par l’Afghanistan,
Fabius a tranché : »Bachar
al-Assad est un assassin, il doit partir
» !
Alors, hystérie, méthode
Coué de politique impuissant et atlanto-sioniste
? Sans doute un peu. Mais il y a aussi
une stratégie de communication à l’oeuvre
: il s’agit, vis-à-vis de l’opinion
française et internationale, mais aussi
des alliés russes, chinois et autres de
la Syrie, d’enfoncer dans les esprits
l’idée que Bachar et son gouvernement
sont condamnés par la « Morale »‘ et
l’Histoire, qu’ils tomberont
inéluctablement et que donc tous ceux
qui s’opposent à ce plan ne font que
mener un combat d’arrière-garde.
On peut appeler ça
aussi de l’intox psychologique de niveau
étatique.
Et Fabius n’est pas le seul
a exceller dans le genre : on ne compte
plus depuis le début de la crise les
effets d’annonce et fausses nouvelle
propagées par les mille bouches de la
désinformation diplomatique et
médiatique d’Occident. Qui ont décrit
pendant des mois l’ASL comme une fore
irrésistible sur le point de prendre le
contrôle du pays, Bachar comme «
de plus en
plus isolé » internationalement et,
plus récemment, la Chine et la Russie
sur le point de changer de position sur
la Syrie, et de « lâcher » le président
syrien. Autant de
fausses nouvelles qui ont fait les
grands titres des différent journaux
écrits, audiovisuels et électroniques de
France et de Navarre, avant de s’avérer
– très vite – de gros pétards mouillés.
Le dernier en date est d’ailleurs tout
récent : l’AFP
et bien d’autres avaient annoncé, malgré
la position russe clairement exprimée à
Genève le 30 juin, que la diplomatie
occidentale était en train de «
persuader
» les autorités russes d’accueillir
Bachar al-Assad sir leur sol. Jeudi 5
juillet, le ministre russe des Affaires
étrangères Sergueï Lavrov a confirmé que
son gouvernement avait bien été « sondé
» en ce sens, mais il a qualifié cette
initiative occidentale de «
plaisanterie« .
Nos
propositions à L. Fabius
Des
plaisanteries de ce mauvais goût, il
faut s’attendre à ce que le bloc
occidental en fasse d’autres, car – avec
l’ASL – c’est bien la seule arme qui
leur reste. Au point où il en
est, on suggère à Fabius de ne pas
s’arrêter en si bon chemin : pourquoi
n’adresse-t-il pas à Bachar une
convocation au Tribunal pénal
international, ne lui envoie-t-il pas un
huissier pour constater un occupation
illégale de palais présidentiel, avec
menace d’astreinte financière par
journée d’ »infraction » constatée ? Ou
bien pourquoi pas ouvrir une ambassade
de Syrie « libre » à Paris, et signer
des accords de coopération économique
avec le CNS ? Ou encore préparer une
visite officielle de François Hollande
dans la campagne d’Idleb ou al-Qusayr ?
Tant qu’à être dans le
virtuel «
citoyen« , allons-y à fond, Laurent
!
Publié le 6 juillet
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|