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Al Manar
Pour cacher ses crimes, "Israël" accuse
toute critique d'antisémitisme
Leila Mazboudi
Photo: Al Manar
Mardi 26 janvier 2010
Retour à l'idée fixe, "Israël" voit
de l'antisémitisme partout. Chez ceux qui osent le critiquer,
par amitié. (Sans compter ceux qui lui vouent une particulière
animosité).
Mais sans pour autant affecter leur
nombre, qui ne cesse de croître, au fil de sa cruauté grimpante,
de guerre en guerre. Au fil de son arrogance aussi.
Depuis dimanche dernier, le cabinet
israélien a agité l'épée de l'antisémitisme.
Il s'agissait pour lui de "
décrédibiliser" le rapport Goldstone, qui l'accuse de crime de
guerre et contre l'humanité durant son opération militaire
meurtrière Plomb durci, contre la Bande de Gaza.
Signe de sa faillite, la direction
israélienne a refusé d'effectuer sa propre enquête, comme
l'exige le rapport onusien aux arguments bien étayés, et n'a
trouvé de plus facile que de brandir ce qu'elle considère être
la charge maximale.
Par la voix de plusieurs ministres,
dont celui de l'Information, Youli Edelstein, elle a déclaré que
le rapport est "simplement une expression d'antisémitisme", qui
"se focalise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, non
sur les juifs mais sur Israël et les Israéliens".
L'accusation s'est fondée sur les
conclusions d'une étude, allant dans le même sens, publiée
dimanche par le Centre de la recherche sur l'antisémitisme. Il
recense "en 2009 un nombre record d'actes antisémites atteignant
plus de 500 cas notamment en France, en Grande-Bretagne et aux
Etats-Unis". Ignorant la férocité inégalable
infligée aux civils palestiniens de la bande durant l'offensive
dévastatrice Plomb durci, l'étude s'est œuvrée à imputer cette
"recrudescence" à "la propagande extrémiste contre Israël suite
à l'opération +Plomb durci+ qui a permis la fusion entre
islamistes radicaux et antisémites classiques". Selon l'AFP, le
bilan comptabilise aussi bien des actions violentes contre des
juifs, que des proclamations visant à "délégitimer l'existence
de l'Etat d'Israël", par delà toute critique de sa politique.
Une deuxième cible aussi semble être
favorite pour ce réquisitoire: le Premier-ministre turc Recep
Tayeb Erdogan, pris à charge ce mardi par le vice-ministre
israélien des affaires étrangères Danny Ayalone.
Ce dernier qui ne s'est pas encore
lavée les mains de l'humiliation qu'il a infligée à son entité,
en voulant humilier la Turquie, s'est basé sur les conclusions
d'une autre étude rédigée pour son ministère sur les relations
israélo-turques. "Erdogan incite et encourage indirectement à
l'antisémitisme" rapporte-t-il de cette étude. Le numéro deux
turc se serait également permis "d'enfreindre la zone rouge de
la patience du gouvernement israélien", s'insurge-t-il. Erdogan
est également tenu responsable depuis l'accession de son parti
au pouvoir, "d'un processus continu de restructuration négative
de l'opinion publique turque à l'encontre d'Israël, en évoquant
sans cesse les souffrances du peuple palestinien".
Loin du cas du président iranien
Ahmadinejad, aussi bien dans le cas de Goldstone, lui-même juif
et se déclarant ami d'Israël, que dans celui d'Erdogan, qui
condamne sans cesse l'antisémitisme, le qualifiant de "crimes
contre l'humanité", et dont le pays entretient des relations
avec Israël depuis 50 ans, force est de constater le virement
sémantique opéré arbitrairement par les sionistes au terme
"antisémite".
Alors que ce dernier incrimine ceux
qui répugnent les juifs pour leur appartenance religieuse ou
ethnique, les sionistes œuvrent sciemment pour qu'il englobe
tous les Israéliens.
Le public ciblé par ce transfert est
en particulier l'occidental, rongé toujours par le complexe de
son histoire problématique avec les Juifs.
Bien entendu, l'objectif final d'un
tel virement n'est autre que manipulateur: détourner l'attention
des véritables raisons de la recrudescence des condamnations
contre Israël, voire leur imposer une censure psychologique
sournoise; et ce pour laisser la voie libre à Israël pour se
permettre tous les interdits.
Ce faisant, il suggère une autre
exploitation, avec des buts similaires, celle de l'holocauste.
Et sans laquelle l'usurpation de la Palestine n'aurait jamais eu
lieu.
Mais semble-t-il, cette double
exploitation perd progressivement de son éclat, auprès de
l'opinion publique occidentale.
Le constat est également le produit
de l'étude israélienne du centre contre l'antisémitisme qui a
recensé 42% des résidents en Europe occidentale qui sont
désormais persuadés que les juifs exploitent le passé, dont
entre autre l'holocauste, pour leur soutirer de l'argent.
Un évêque polonais Tadeusz Pieronek
s'est également offusqué contre cette exploitation: les Juifs
exploitent la Shoah comme «une arme de propagande, servant à
obtenir des avantages qui sont souvent injustifiées»,
regrette-t-il, citant comme exemple le soutien inconditionnel à
Israël par les États-Unis.
Pieronek constate que "ceci favorise
une certaine arrogance insupportable", et conclut haut et fort
"qu'Israël utilise son pouvoir et l'exploitation des tragédies
historiques pour traiter les Palestiniens comme des animaux".
Osant l'interdit, cet évêque risque
de s'attirer les foudres des sionistes. Son affaire est à
suivre.
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 27 janvier 2010
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