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Le Quotidien d'Oran
De simples erreurs
Kharroubi Habib
Mardi 20 juillet 2010
Après avoir refusé avec morgue la constitution d'une commission
d'enquête indépendante sur le raid meurtrier de la marine
israélienne contre la flottille de la paix pour Gaza, dont Ban
Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, avait appelé à la
création, les autorités de Tel-Aviv se sont essayées à donner le
change en faisant diligenter deux enquêtes israélo-israéliennes.
L'une, qui a été menée en interne dans l'armée par des
militaires exclusivement. L'autre, confiée à des magistrats et
des personnalités de l'Etat sioniste, dont «l'indépendance
morale et le courage politique» ont été par avance encensés.
La commission d'enquête de l'armée a rendu ses conclusions la
semaine dernière. Sans surprise, elle a justifié le recours à la
force qui a fait, pour rappel, 9 morts et de nombreux blessés
parmi les humanitaires embarqués sur la flottille de la paix.
Elle a tout au plus reconnu «des erreurs lors de la
planification et de l'exécution du raid».
L'ONG turque IHH, dont des membres ont été tués dans
l'opération, a rejeté les conclusions de l'enquête militaire
israélienne en estimant «qu'elles n'étaient bonnes qu'à mettre à
la poubelle». Jugement que partage la majorité de l'opinion
internationale, qui n'est pas dupe de l'objectif visé par les
autorités israéliennes à travers leurs enquêtes en interne.
Il n'est pas dans l'intention de Tel-Aviv de faire la lumière
sur le raid sanglant de la marine israélienne, encore moins de
soumettre à critique les raisons politiques qui ont conduit à la
décision de le lancer. Sur le principe même du raid, il y a eu
consensus entre les establishments civil et militaire. La
mystification par les deux enquêtes israéliennes consiste à
entretenir l'illusion que l'Etat hébreu, «démocratique et
respectueux du droit», est apte à diligenter des enquêtes sur
ses propres fautes. L'enquête militaire ayant déduit qu'il n'y a
eu que des «erreurs», le commandement de l'armée israélienne
annoncera sans aucun doute «des sanctions» contre quelques
officiers subalternes. Mais ce tour de passe-passe laisse entier
le fond du problème, qui est que le raid sanglant contre la
flottille de la paix est illégal, injustifiable et la décision
politique dont il est la conséquence, criminelle et ses auteurs
passibles de la justice internationale. Ce que la Turquie, dont
les citoyens ont été assassinés, soutient et réclame.
Refermer au plan international le dossier du raid israélien
sous prétexte que l'Etat hébreu a fait ses propres enquêtes et
désigné quelques lampistes pour des sanctions «administratives»,
confortera ses dirigeants dans la certitude qu'ils sont
intouchables et au-dessus des lois internationales.
Une certitude qui leur a fait commettre sans le moindre
questionnement des crimes contre l'humanité et leur donnera
argument pour en perpétrer d'autres à l'avenir.
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