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L'EXPRESSIONDZ.COM
QUATRE
ANS APRÈS L’INVASION AMÉRICAINE
Cuisant échec de la stratégie US en Irak
Karim Mohsen
Photo L'Expression
9
avril 2007 La guerre en Irak
a mis en lumière le peu de perspicacité dont a fait montre
l’administration Bush. L’Irak brûle!
C’est le constat qui peut, de prime abord, être fait quatre ans
après l’invasion et l’occupation du pays par les armées américaines
et celles de la coalition. Quatre années lors desquelles l’Irak
est revenu cinquante ans en arrière tant par la destruction de
son potentiel économique et industriel que par les divisions que
l’occupation a créé dans les communautés irakiennes qui se
livrent, aujourd’hui, à des violences de plus en plus meurtrières.
Les Etats-Unis prétendument venus «libérer» et «démocratiser»
le peuple irakien lui ont, a contrario, apporté ruine et
souffrance. Arrogants, les Américains, politiciens, stratèges et
militaires se croyaient en pays conquis, où ils sont venus,
disaient-ils combattre le «terrorisme» devenu depuis le
11 septembre 2001 une facile couverture pour tous les oukases américains
en Irak comme dans le monde (voir la guerre en Afghanistan). Mais,
l’Irak qui s’inscrivait en priorité dans le calendrier des
stratèges américains, outre de permettre à ces derniers de
faire main basse sur les énormes réserves d’or noir irakien,
donner aux armées américaines d’éliminer, selon eux, le
potentiel militaire irakien, et les «bases» d’Al Qaîda
dans ce pays. Après coup, certes, il est apparu que non seulement
l’Irak ne disposait d’aucune arme de destruction massive, mais
aussi n’avait aucun lien avec Al Qaîda, (comme vient de le révéler
une étude de la CIA) accusé d’avoir pensé et mené les
spectaculaires attentats de New York et de Washington. De fait, la
déconvenue américaine en Irak est la conséquence directe du
concept de «guerre contre le terrorisme» lancé par le président
George W.Bush au lendemain du 11 septembre. Quatre ans après, la
lutte contre le terrorisme s’est diluée dans un combat sans
issue contre le peuple irakien dont la résistance à
l’occupation étrangère est assimilée au terrorisme. De fait,
refuser le diktat américain est désormais connoté à du
terrorisme. En Irak, la chute du régime de Saddam Hussein n’a
apporté ni paix ni sécurité, bien au contraire, le pays est au
bord de la conflagration généralisée et de la partition.
D’ailleurs, le Kurdistan irakien, qui vit son autonomie
tranquille et augmente chaque jour les signes de son indépendance
par rapport à Baghdad, en dit long sur le futur prévisible de
l’Irak façonné par Bush. Si le Kurdistan irakien est
miraculeusement épargné par la violence, l’insécurité et
l’anarchie sont omniprésentes dans les «pays» chiite
et sunnite qui se livrent depuis l’année dernière une guerre
sans merci. Les Américains ont des explications toutes trouvées
à la persistance de la guerre en Irak alors qu’ils espéraient
être accueillis en libérateurs. Aussi, la résistance des
sunnites irakiens à l’occupation, n’est pour les stratèges
de l’administration américaine que le fait des tenants de
l’ancien régime et les rébuts de l’armée irakienne, ou des
terroristes internationaux liés à la nébuleuse Al Qaîda de même
que les chiites qui ne s’alignent pas ou n’entrent pas dans la
stratégie proaméricaine de leurs congénères à l’instar du
turbulent chef radical, Moqtada Sadr -qui s’oppose à la présence
étrangère- sont accusés de subir la néfaste influence
iranienne -dans son discours du 29 janvier 2002, sur l’état de
l’Union, George W.Bush, a désigné l’Irak, l’Iran et la Corée
du Nord comme «l’axe du Mal, armé pour menacer la paix du
monde» enfin, toute opération antiaméricaine corrobore,
selon les Américains, le fait que ces gens si «malintentionnés»
«haïssent» les valeurs occidentales dont les Etats-Unis
sont, à l’évidence, porteurs. Dans son discours sur l’état
de l’Union, le président Bush affirme encore: «Il faut éliminer
les parasites terroristes (...). Certains gouvernements seront
timides face à la terreur. Mais ne vous y trompez pas: s’ils
n’agissent pas, l’Amérique agira (...). Des dizaines de
milliers de tueurs dangereux, élevés à l’école du meurtre,
souvent détenus par des régimes hors-la-loi, sont maintenant
disséminés à travers le monde comme des bombes à retardement.».
Le résultat, dans toute son horreur, on le voit aujourd’hui en
Irak. Les soldats américains en Irak, qui représentent
naturellement le bien, font oeuvre de salubrité publique en tuant
les «odieux» ennemis des valeurs occidentales. Or, plus
les Marines américains tuent de résistants en Irak, plus
d’autres résistants prennent la relève. En 1990 déjà, le
chef d’état-major américain, le général Norman Shwarzkopf,
promettait de ramener l’Irak 100 ans en arrière. La guerre
imposée à l’Irak en 2003 par Bush fils a achevé ce que
l’administration de Bush père a commencé en 1991. l’Irak
est, effectivement, totalement déstructurée et est au bord de la
partition alors qu’aucune des promesses de reconstruction du
pays n’a été tenue: l’eau est devenue rare, l’électricité
n’arrive pas dans tous les foyers, l’insécurité s’est
durablement installée, quand la pau vreté touche aujourd’hui
la majorité des Irakiens, alors que les richesses du pays, le gaz
et le pétrole, sont passées aux mains des multinationales américaines.
Où est donc là-dedans l’oeuvre civilisatrice américaine? En réalité
les GI’s ont surtout contribué à affaiblir un pays exsangue
-du fait de nombreuses années de boycott de la «communauté
internationale»- détruisant ce que la dictature du Baas
avait jusque-là épargné. De fait, en détruisant les assises de
la société irakienne, en brûlant ses ministères et dissolvant
l’armée et l’administration irakiennes, les Américains ont,
outre d’avoir installé le chaos dans ce pays, réédité en
Irak une formule qui leur a si bien réussi au Japon, en 1945, au
sortir de la Seconde Guerre mondiale, en maintenant, jusqu’à ce
jour, des contingents militaires dans ce pays. En refusant de
fixer un calendrier de retrait des troupes américaines en Irak
comme l’y incitent les démocrates américains, aujourd’hui
majoritaires au Congrès, l’administration Bush ne semble pas prête
à lever l’hypothèque d’une présence qui a fait plus de mal
à l’Irak qu’apporter les solutions dont le peuple irakien
avait, à l’évidence, besoin. En revanche, le constat qui peut
se faire, aujourd’hui, est que quatre ans après la chute du régime
de Saddam Hussein, l’Irak est enfermé dans une spirale de
violence confessionnelle dévastatrice qui a fait des dizaines de
milliers de morts et menace l’équilibre de la région.
L’autre conséquence de l’invasion de l’Irak et de la prétendue
lutte contre le «terrorisme», est que, outre d’avoir
fait le lit de la violence tous azimuts, elle aura permis à l’Iran
-un membre de «l’Axe du Mal» selon G.W.Bush- d’émerger
en tant que puissance régionale comme le relèvent maints
analystes. Or, l’administration Bush, outre l’occupation de
l’Irak voulait «réformer» le Grand Moyen-Orient, n’a
pas, pour autant, pris la précaution de réviser ses positions,
trop alignées sur Israël, à propos du dossier palestinien, ou
être moins arrogante envers les Arabes, qu’elle est venue, à
l’évidence, soumettre à son diktat. En fait, les retombées de
la guerre contre l’Irak ne font que commencer à apparaître et
d’autres faits émergeront, à l’avenir, d’autant plus que
l’échec américain en Irak est on ne peut plus cuisant. Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
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