Prisonniers palestiniens
La dimension
stratégique de la bataille des
prisonniers politiques palestiniens et
les taches du mouvement de solidarité
internationaliste
José
Luis Moraguès
Mardi 15 mai 2012 Dans le dernier paragraphe
(Notre combat) de son article
"Pour quoi se battent les
prisonniers politiques
Palestiniens ?", Ameer Makhoul
qui est un dirigeant de la
société civile palestinienne,
prisonnier politique
actuellement enfermé à la prison
de Gilboa, énonce clairement les
raisons du combat des prisonniers.
(http://www.protection-palestine.org/spip.php?article11667)
La véritable
préoccupation pour le peuple
sous occupation n’est pas de
savoir si la détention de
leurs fils ou de leurs
filles relève d’un ordre
administratif israélien ou
d’un ordre de tribunal
militaire ou civil.
L’oppression, la répression
et le pillage sont
identiques, quel que soit
l’outil que l’occupation
utilise. La bataille d’Adnan
est un combat contre le
projet colonialiste dans son
ensemble et pas seulement
contre l’un de ses outils.
Mais quand des dirigeants
palestiniens et des
militants des droits de
l’homme déclarent que la
prochaine étape consiste à
intensifier la campagne
contre les ordres de
détention administrative,
cela montre une faiblesse et
une vision erronée.
La bataille contre les
lois d’urgence israéliennes
est une bataille qui regarde
les Israéliens, pas le
peuple palestinien. La
bataille pour les
Palestiniens, et pour toutes
celles et ceux dans le monde
qui s’opposent à
l’occupation et au
colonialisme, est contre
l’occupation et l’État
occupant, et pour la
libération nationale, pour
le rétablissement de la
patrie et le retour de ses
habitants aujourd’hui
réfugiés et exilés.(souligné
par JLM)
Dans une interview récente, Khader Adnan (http://www.protection-palestine.org/spip.php?article11741),
à qui on demandait les
raisons de sa grève de la
faim le jour de son
arrestation, réaffirmait lui
aussi les objectifs
stratégiques du combat des
prisonniers et de son
action. En se mettant en
grève de la faim le jour de
son arrestation il affirmait
ainsi ne pas se battre
seulement contre les
mauvaises conditions de
détention, et contre la
"détention administrative"
mais contre l'injustice de
l'arrestation elle -même :
"Ma réjection de la
détention administrative est
le complément direct de ma
réjection de l’occupation
elle-même et de ma quête
pour retrouver la dignité
qui nous a été volée par les
Israéliens."
La réaffirmation des
revendications fondamentales
:
L'un et l'autre affirment
que l'objectif stratégique
de la bataille engagée est
la fin de l'occupation, de
la colonisation, le retour
des Réfugiés et la
libération nationale. Qu'ils
ne refusent pas seulement
les mauvaises conditions, la
torture, l'arbitraire
illégal de la détention
administrative mais le fait
des arrestations
elles-mêmes. Même si Israël
cessait les détentions
administratives et
respectait les droits des
prisonniers, il faudrait
combattre les arrestations
et exiger la libération de
tous les prisonniers. Ce qui
ne saurait advenir sans la
fin de l'occupation, de la
colonisation et de
l'apartheid.
Ce retour aux revendications
fondamentales et cette
volonté de lier les
objectifs tactiques aux
objectifs stratégiques est
énoncé avec fermeté dans
l'Appel BDS Palestinien de
2005 et réaffirmé sans
cesse. Il semble que, au
delà des partis impliqués,
l' esprit qui anime la
bataille actuelle des
prisonniers palestiniens est
celui de l'écrasante
majorité de la société
civile palestinienne
aujourd'hui et que nous
connaissons mieux depuis et
à travers l'Appel BDS. Rien
de surprenant à cela puisque
la quasi totalité des
associations de prisonniers
et des familles sont
signataires de l'Appel BDS.
A l'occasion de la journée
internationale des
prisonniers 12 organisations
palestiniennes de
prisonniers et de familles
des prisonniers ont signé
aux côtés du BNC Palestinien
(Comité National Palestinien
pour le BDS) un appel
adressé aux sociétés civiles
et aux organisations des
droits de l'Homme demandant
de boycotter l'entreprise
israélienne G4S qui exporte
dans le monde son "savoir
faire"(!) en matière de
surveillance et de
répression dans les prisons.
L'appel des organisations
de prisonniers au mouvement
de solidarité : Inclure la
question des prisonniers
dans le BDS.
Sans doute sur le plan
tactique faut-il dénoncer
les violations du droit
international et des
conventions qui régissent
les droits des prisonniers,
sans doute faut-il dénoncer
la "détention
administrative" parce
qu'elle est illégale au
regard du droit actuel et
aussi parce qu'elle est une
forme de torture
psychologique. Mais rien ne
serait plus dommageable que
d'isoler la lutte tactique
pour le respect des droits
des prisonniers et contre la
détention administrative de
l'objectif stratégique qui
est la libération nationale
du peuple Palestinien et le
retour des Réfugiés.
Que les ONG humanitaires et
des droits humains s'en
tiennent à réclamer
l'application des
conventions de Genève en
matière du droit des
prisonniers et exigent
l'interdiction de la
détention administrative,
cela relève de leur registre
d'intervention et c'est tout
à leur honneur. Le mouvement
de solidarité à la Palestine
se tient et se tiendra sans
conteste à leurs côtés dans
ce travail incontournable et
indispensable.
Il appartient au mouvement
de solidarité, non seulement
de faire connaître et de
porter l'ensemble des
objectifs (tactiques et
stratégiques) de la bataille
engagée par les prisonniers
Palestiniens, mais aussi et
surtout d'inventer les
actions et les modalités
d'un rapport de force qui
fasse reculer Israël.
En liant la lutte actuelle
des prisonniers à la
campagne BDS internationale,
les 12 organisations
palestiniennes de défense
des prisonniers ont
clairement fait entendre
leur choix et nous appellent
explicitement à inclure la
question des prisonniers
politiques palestiniens dans
la Campagne internationale
BDS.
José Luis Moraguès
29 avril 2012
CCIPPP- BDS France.
Le dossier des prisonniers palestiniens
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