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IRIN
ISRAËL-TPO:
Pas d’accès aux soins pour les habitants de Gaza
Munir Mahmoud doit payer plus de 1 600 dollars
à une entreprise de sécurité privée israélienne pour
l’escorter
d’Erez à la frontière jordanienne, s'il veut quitter Gaza pour
se faire soigner en Jordanie.
Photo IRIN
JERUSALEM, 26 octobre 2007 (IRIN)
Plusieurs dizaines patients de la Bande de Gaza ne
peuvent se faire soigner et risquent leur vie s’ils ne sont pas
opérés urgemment, car les frontières avec Israël et l’Egypte
sont toujours fermées, ont révélé des autorités sanitaires et
plusieurs organisations humanitaires internationales.
« Au moins trois patients sont morts en juin parce qu’on leur
avait refusé des autorisations de sortie et d’autres ont perdu
des membres ou la vue » pouvait-on lire dans un rapport de Human
Rights Watch. Et selon Al Mezan, une organisation palestinienne de
Gaza, un quatrième homme de 77 ans, Nimir Muhammad Shuheibar, est
mort le 23 octobre alors qu’il attendait d’être soigné.
Shadi Yassin, porte-parole de l’administration civile israélienne
de Gaza, a dit ne pas être au courant des morts causées par les
restrictions imposées aux habitants. Quant à l’Association médicale
israélienne, elle a dit « considérer l’accès aux services de
soins de santé comme étant un droit fondamental de toute
personne » et a indiqué en conséquence « prendre très au sérieux
la situation actuelle ».
Le point de passage de Rafah à la frontière avec l’Egypte,
unique point de sortie de Gaza vers d’autres pays qu’Israël,
est fermé depuis le 9 juin. Les patients qui doivent se rendre en
Egypte pour y suivre un traitement, ou qui doivent y transiter
pour se faire soigner dans d’autres pays, tentent actuellement
de passer par Israël.
Alors qu’auparavant une cinquantaine de patients étaient dirigés
chaque jour vers des hôpitaux à l’étranger, « aujourd’hui
on ne peut transférer qu’un nombre très limité de patients
[en Israël] », a déploré Khaled Radi du ministère de la Santé
à Gaza, ajoutant que le bouclage de la Bande de Gaza avait affecté
les hôpitaux dont la capacité des services était déjà limitée.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), 155
patients ont pu se rendre en Israël pendant la semaine du 13 au
20 octobre, ce qui représente une augmentation par rapport aux
semaines précédentes. Même si Israël a autorisé la plupart
des patients de Gaza, qui en avaient fait la demande, à quitter
l’enclave pour aller se faire soigner à l’extérieur, l’accès
au territoire israélien est encore interdit à des dizaines
d’autres patients palestiniens.
« Nous essayons d’aider tous les cas humanitaires », a déclaré
M. Yassin, qui condamne la prise de contrôle de la Bande de Gaza
par le Hamas.
Il y a de nombreux services que les structures médicales de Gaza
ne peuvent offrir, notamment les diagnostics par imagerie par résonance
magnétique (IRM), la radiothérapie, le traitement du cancer et
les importantes opérations cardiaques, surtout chez les enfants.
Les restrictions aux frontières ont également entraîné la
fermeture de presque toutes les entreprises de Gaza et une
aggravation de la pénurie de produits alimentaires de base, ont
noté les Nations Unies et des associations locales de défense
des droits humains.
« Le blocus économique continue d’étrangler la population de
Gaza qui est manifestement punie par une stratégie politique » a
déclaré John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations
Unies chargé des affaires humanitaires.
Obstacles à l’accès aux soins de santé
Le problème de Tayssir al-Mallahi est d’ordre financier. A 53
ans, ce père de famille de 10 enfants qui vit à Gaza City n’a
pas 600 dollars pour se rendre en ambulance d’Erez à Nablus, en
Cisjordanie, où il doit y subir une opération à cœur ouvert.
Selon lui, il n’a pas besoin d’une ambulance, mais les
coordinateurs des services de santé palestiniens lui ont fait
comprendre que leurs homologues israéliens estimaient que cela était
une condition préalable.
« J’ai raté l’occasion de quitter l’enclave pour [me faire
soigner parce que] je n’ai pas d’argent », s’est-il désolé.
«
Au moins trois patients sont morts en juin parce qu’on leur
avait refusé des autorisations de sortie »
Pour d'autres, le problème est lié à la sécurité.
L’organisation Israeli Physicians for Human Rights a dit être
intervenue en faveur de 138 patients de Gaza à qui l’on avait
interdit l’entrée en Israël pour des raisons de sécurité, et
elle a pu obtenir des autorisations de sortie pour plus de 50
d’entre eux.
Munir Mahmoud, un habitant de Gaza de 43 ans souffrant d’un
cancer, a affirmé que pour les mêmes raisons de sécurité, il
devait payer plus de 1 600 dollars à une entreprise de sécurité
privée israélienne pour l’escorter d’Erez à la frontière
jordanienne, puisqu’il devait se faire soigner à Amman.
« Je ne peux pas payer cette somme exorbitante. Je suis un
chauffeur de taxi qui perçoit un salaire journalier », a-t-il
indiqué à IRIN. Son visa pour la Jordanie devait expirer le 23
octobre et il n’a toujours pas quitté Gaza.
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