Opinion
L'UNESCO et le
chantage américain
IRIB
Vendredi 28 octobre
2011
IRIB- Deux lois américaines du début des
années 1990 interdisent le financement
d'une agence spécialisée des Nations
unies qui accepte les Palestiniens,
comme Etat membre, à part entière.
Européens et Américains intensifient
leurs efforts diplomatiques, pour éviter
un vote, la semaine prochaine, sur
l'adhésion de la Palestine à l'UNESCO,
qui provoquerait une crise grave, avec
l'arrêt immédiat du financement de
l'agence onusienne, par les Etats-Unis.
La Conférence générale de l'Organisation
des Nations unies pour l'éducation, la
science et la culture, qui s'est
ouverte, mardi, à Paris, pour deux
semaines, a mis à son agenda l'adhésion
de la Palestine, comme Etat membre, un
enjeu des plus symboliques, à l'heure où
les Palestiniens tentent de devenir Etat
membre, à part entière, à l'ONU. Pour
entrer en vigueur, l'adhésion
palestinienne, qui a franchi les autres
étapes internes à l'organisation, doit
être votée à une majorité des deux tiers
de ses 193 membres. Les diplomates
interrogés par l'AFP sont unanimes: les
Palestiniens, qui n'ont, actuellement,
qu'un statut de «mission d'observation»,
sont assurés d'obtenir cette majorité.
La date du vote n'était pas encore
fixée, mercredi matin. Selon une source
à l'UNESCO, il aura lieu, «au plus tôt»,
le lundi 31 octobre, jour où le ministre
palestinien des Affaires étrangères,
Riyad al-Malki, prévoit de s'exprimer,
en session plénière. Mais l'incertitude
demeurera, jusqu'à la dernière minute,
car un vote provoquerait un clash entre
l'UNESCO et les Etats-Unis qu'aucune des
deux parties ne souhaite. Deux lois
américaines du début des années 1990
interdisent, en effet, le financement
d'une agence spécialisée des
Nations-unies, qui accepte les
Palestiniens, comme Etat membre, à part
entière. «Il n'y a aucune chance qu'un
Congrès républicain amende cette
législation», reconnaît-on à l'UNESCO.
Cela priverait l'agence de 22% de son
budget, soit un trou de 70 millions de
dollars, dès 2011. L'administration
Obama est d'autant plus embarrassée
qu'elle considère l'UNESCO, comme
faisant partie des intérêts stratégiques
des Etats-Unis. Après l'avoir boycotté,
pendant 20 ans (1984-2003), pour
protester contre sa mauvaise gestion et
son idéologie tiers-mondiste, les
Etats-Unis participent, désormais,
activement, aux programmes de l'agence,
y voyant un moyen de diffuser certaines
valeurs occidentales, sans se mettre en
première ligne. La secrétaire d'Etat
Hillary Clinton s'était, ainsi, rendue à
l'UNESCO, fin mai, pour y soutenir une
initiative sur l'éducation des femmes et
des filles. Pour sortir de l'impasse,
Mme Clinton a chargé son envoyé spécial
au Proche-Orient, David Hale, de
négocier avec les Palestiniens et les
pays arabes.
Plusieurs pays européens sont,
également, actifs, jugeant, comme la
France, ce vote «prématuré», au regard
de la démarche palestinienne à l'ONU. La
demande d'adhésion à l'ONU est en cours
d'examen par le Conseil de sécurité, qui
pourrait voter, le 11 novembre. Les
Etats-Unis ont, déjà, prévenu qu'ils
opposeraient leur veto, si nécessaire.
Les Palestiniens pourraient, alors, se
retourner vers un vote, à l'Assemblée
générale, pour y obtenir un statut
intermédiaire «d'Etat observateur, non
membre».
Les Européens voudraient convaincre
les Palestiniens de se contenter
d'adhérer, dans l'immédiat, à trois
conventions de l'UNESCO, dont celle du
Patrimoine mondial, ce qui est possible
pour un «Etat non membre». Cela
permettrait aux Palestiniens de déposer
des demandes de reconnaissance au
Patrimoine mondial, dont certaines, pour
des sites, dans les territoires occupés
par Israël. Ramallah a une vingtaine de
dossiers à déposer, le premier
concernant l'église de la Nativité, à
Bethléem. Mais, malgré ces pressions,
les Palestiniens refusent, jusqu'ici, de
revenir en arrière, sur une demande
d'adhésion pleine, qu'ils reportent,
depuis 1989.
«L'adhésion aux conventions ne
suffira pas aux Palestiniens. Il faut y
ajouter quelque chose», admet une
source, à l'UNESCO. «La quadrature du
cercle est de trouver une solution qui
ne divise pas l'UNESCO, préserve ses
capacités d'action et prenne en compte
les demandes palestiniennes»,
résume-t-elle.
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Reçu de l'IRIB le 28 octobre 2011 pour
publication
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