Les
actualités du droit
Honneur et gloire
à l'armée d'Egypte
qui massacre son peuple désarmé...
Gilles Devers
Dimanche 28 juillet 2013
Les esprits sont perdus… Bien nourrie
des préceptes du sympathique George W.
Bush, l’opinion oublie tout de la cause
de ses malheurs, en focalisant ses peurs
sur l’islamisme. Les automatismes sont
ancrés. C’est presque rassurant : les
dépenses de propagande n’ont pas servi à
rien. Aussi, quand des soldats tirent
sur des manifestants, on en reste à des
protestations minimales car cela entre
dans le schéma rêvé de la propagande :
les musulmans flinguent les islamistes.
La politique de Mohamed Morsi concerne
les Egyptiens, et il est difficile de
donner un avis car il nous manque tant
d’informations. Mais quand même… Etre à
la tête du premier Etat arabe, porté par
une révolution et le succès électoral,
avec un soutien, plus ou moins obligé
mais réel, des grands puissances, et se
trouver un an plus tard rejeté par son
peuple, et mis en détention sur ordre
des militaires qu’il avait nommés, quel
échec… Même en incluant les coups
tordus, quel échec ! Mohamed Morsi, et
les Frères Musulmans, ont de sérieuses
questions à se poser sur leurs choix et
leurs pratiques politiques.
Combien ont été écœurés de les voir
incapables de définir une politique
sociale, car incapables de dire que les
puissances économiques asservissent le
monde... Combien ont été écœurés de les
voir succomber devant les sornettes
étatsuniennes et qataries, de les voir
abandonner toute politique pour la
Palestine... Navrant.
Mais quelles que soient ces critiques,
il n’en reste pas moins des évidences,
qui résultent des faits.
Le général Abdel Fattah Al-Sissi est un
putschiste. Il a renversé un pouvoir
démocratiquement élu, en jouant sur le
mécontentement populaire – pas compliqué
quand on sait dans quelle mélasse
Moubarak avait laissé le pays – sur la
bienveillance des Etats impliqués dans
le jeu diplomatique égyptien. Un
putschiste n’a aucune légitimité, et les
soutiens – politiques, économiques,
sociaux et religieux – qu’il a su réunir
ne méritent que le déshonneur.
Le général Abdel Fattah Al-Sissi est le
commanditaire d’actes criminels. Après
avoir attisé la haine de la rue,
exhortant les « Egyptiens honnêtes à
manifester afin de lui donner mandat
pour en finir avec la violence et le
terrorisme », il a donné hier l’ordre de
tirer sur des manifestants pacifistes,
qui ne demandaient que le respect des
choix démocratiques.
Le bilan est dramatique. On compte 70
morts et plus de 500 blessés par des
tirs de l’armée. Des tirs fait pour tuer
comme l’expliquent les médecins,
décrivant des impacts dans le thorax et
à la tête.
L’armée est, depuis Nasser, un des
grands acteurs de la politique en
Egypte. Comment a-t-elle pu tomber si
bas ? Comment l’armée d’Egypte peut-elle
admettre comme fait d’arme de massacrer
son peuple, désarmé ? Ce fait criminel
pourrira tout, et tout soutien au
pouvoir actuel connaîtra le sort de ceux
qui s’accrochent aux branches pourries.
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