Opinion
Erdogan échoue à
entrainer l'Otan
dans une guerre contre la Syrie
Ghaleb Kandil
Recep
Tayyeb Erdogan
Lundi 8 octobre
2012
L'incident frontalier syro-turc a occupé
le devant de la scène ces derniers jours
et inquiété les grandes capitales. Après
avoir battu les tambours de la guerre,
le gouvernement de Recep Tayyib Erdogan
a fait marche arrière et a atténué ses
propos, assurant que la Turquie ne
souhaite pas la guerre avec la Syrie.
En dépit du fait que l'origine de l'obus
qui s'est abattu sur le village turc d'Akçakale
n'a pas été déterminé avec précision,
Ankara a haussé le ton et proféré des
menaces dès les premiers instants. Cette
escalade turque a coïncidé avec la
multiplication des indices sur l'échec
des dernières attaques d'envergure des
miliciens à Alep, dans lesquelles les
dirigeants turcs avaient placé de grands
espoirs pour asséner un coup décisif à
l'Etat syrien. Mais les réalités sur le
terrain ont montré que l'armée syrienne
a repris l'initiative sur tous les
fronts et se prépare à écraser les
rebelles dans plus d'une région.
Les attentats terroristes meurtriers
d'Alep ont constitué une réaction
désespérée. Les experts soulignent, en
effet, que ces attaques ne
s'inscrivaient pas dans le cadre d'un
plan militaire détaillé, ayant une
fonction précise. Les informations et
les témoignages indiquent que les
miliciens sont fatigués, désorganisés,
sans chaine de commandement. Ils ont le
moral au plus bas, manquent de
munitions, et leurs lignes de
ravitaillement sont devenues de
véritables routes de la mort,
constamment pilonnées par l'armée
syrienne.
Les menaces de la Turquie avaient pour
but de remonter le moral des rebelles,
exténués et désemparés. Mais cela ne
servira pas à grand chose car le peuple
syrien, rassemblé autour de son
commandement et de son armée, semble
plus déterminé que jamais à faire face
au complot visant à détruire le pays.
Même certains comités de coordination,
qui dirigeaient le mouvement de
contestation depuis le début du
déclenchement des événements, appellent
à rendre les armes et à adopter des
moyens de lutte pacifique.
Les tentatives d'Erdogan d'entrainer
l'Otan dans la guerre pour lancer
invasion de la Syrie ont échoué. Comme
cela s'est produit lors de la
destruction d'un avion de combat turc
par la DCA syrienne, le communiqué de
l'Alliance atlantique appelle à un
règlement calme de la crise et invite
les deux protagonistes à faire preuve de
retenue. Et comble de la déception pour
Erdogan, le Conseil de sécurité des
Nations unies a été contraint de
condamner les attentats terroristes de
la place Saadallah Jabiri à Alep.
Après ses déconvenues, le Premier
ministre turc regarde avec suspicion
certains pays européen qui ont décidé de
rouvrir leurs représentations
diplomatiques à Damas. Il sait qu'en cas
de défaite, les Occidentaux essayent de
sauver ce qui peut l'être et de limiter
les dégâts, sans se soucier de ceux
qu'ils ont poussé dans ce bourbier.
Erdogan ressent avec amertume le goût de
la déception dans les débats internes,
sur le coût exorbitant de l'implication
de la Turquie dans le complot contre la
Syrie.
Face aux hésitations turques, la Syrie a
annoncé être prête à faire face à toute
agression contre sa souveraineté
nationale. Et l'ambassadeur syrien à
l'Onu, Bachar al-Jaafari, a affirmé que
la Syrie ne s'est pas excusé et ne
s'excusera pas de la Turquie pour
l'incident d'Akçakal. Damas, a-t-il dit,
a présenté ses sincères condoléances au
peuple turc et a ouvert une enquête pour
faire la lumière sur cette affaire.
Les tiraillements, les pressions et les
incidents à la frontière syro-turque
pourraient durer longtemps. Erdogan
pourrait être tenté de mener une
agression contre la Syrie, Mais le prix
qu'il paiera sera lourd, à un moment où
ses mentors occidentaux et atlantistes
cherchent les moyens de sortir du
marécage dans lesquels les politiques
illusoires les plus précipité.
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