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Al-Oufok
« Comment allons-nous retourner à Al-Lod ?
»
Georges Habache

Vendredi 15 mai 2009
Pareille à toutes les autres villes et villages palestiniens,
Al-Lod était dans un état de grand désarroi et d’inquiétude. Les
avions effectuaient leurs raids et semaient la peur dans la
ville où s’étaient retrouver des familles entières venues des
environs, ayant fuit les attaques des bandes sionistes, avant
que celles-ci n’attaquent Al-Lod à son tour.
Un comité national (section Al-Lod) dirigé par Al-Haj Amin Al-Hussaïni
tentait de dissuader, voir même d’empêcher les habitants de
partir.
Certains étaient persuadés qu’une unité de l"Armée arabe,
stationnée non loin de la ville allait les défendre. Mais, les
forces juives ont mené une grande offensive et sont rentrées
dans la ville.
J’étais à l’hôpital et j’aidais le docteur Moustafa Zahlane.
Toute la ville était terrorisée et apeurée. Il y avait de
nombreux blessés parmi les civils et les combattants. La
situation était critique.
J’étais très occupé par mon travail quand une parente de ma mère
est venue me voir et me demander d’aller rejoindre cette
première restée à la maison. Je refusai. Elle insista. Je
refusai de nouveau. Elle m’annonce le décès de ma soeur. Ma
grande soeur que j’aimais beaucoup.
Une foule de gens, envahie par la terreur, était sur les routes.
Des tués et des blessés, dont certains je connaissais, étaient
étendues sur les deux côtés.
Nous avons enterré ma soeur à côté de la maison car il nous
était impossible d’atteindre le cimetière.
Trois heures se sont écoulées avant que les combattants juifs
n’envahissent la maison, nous ordonnant en nous criant dessus :
"Dehors, dehors, sortez".
Ma mère est sortie avec mes nièces et mes neveux. Il y avait
aussi d’autres parents et voisins ainsi qu’une petite fille
qu’il a fallu porter. Nous ne savions pas où partir. Les
combattants juifs nous criaient d’avancer et nous avancions.
C’était une chaude journée du mois de Ramadan. Certains disaient
que c’était le Jour Dernier, d’autres que c’était l’enfer.
Nous avons atteint l’extrémité de la ville où avait été installé
un grand centre juif de contrôle des habitants qui quittaient la
ville. Nous étions désarmés. Le fils d’un voisin, du nom d’Amine
Hanhan, semblait emporter sur lui une somme d’argent et a refusé
qu’il soit fouillé. Un soldat sioniste l’a abattu sous nos yeux.
Sa mère et sa soeur se sont précipitées en hurlant leur douleur.
Bchara, le petit frère d’Amine était mon ami et mon camarade de
classe en primaire. Nous étudions et jouions ensemble.
Certains me demandent pourquoi j’ai choisi ce chemin ? Pourquoi
je suis devenu un nationaliste arabe ?
Tel est le sionisme et on nous parle encore de paix ? Tel est le
sionisme tel que je l’ai connu et vécu.
Menacée de mort et sous les coups de cross des fusils, chassée
par les forces juives, la grande majorité des habitants d’Al-Lod
a quitté la ville, à l’exception de ceux qui se trouvaient loin
des lignes de combat.
Traduction : Al Faraby
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