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Echo
Tribunal Russell sur la Palestine
Gabrielle Lefèvre

Photo: Al-Manar TV
Mardi 23 novembre 2010
Des entreprises complices de crimes de guerre, crimes contre
l’humanité, coupables de pillage, de recel et de blanchiment
Lors des deux jours de session à Londres, les 20 et 21 novembre,
le Tribunal Russell sur la Palestine a entendu des témoignages
implacables sur les activités d’entreprises israéliennes et
étrangères opérant en territoires palestiniens occupés.
Ont été décrites les fournitures d’armes, de technologies de
contrôle et de surveillance par des sociétés comme Elbit, Edo
ITT, G4S, apportant indéniablement une aide aux crimes de guerre
commis par l’occupant israélien, notamment lors de l’opération
« plomb durci » lancée contre Gaza, et une assistance
technologique au contrôle et à l’enfermement des populations
civiles palestiniennes en équipant les check points, les
prisons.
De nombreux experts ont analysé aussi le système bancaire et
financier qui soutient le processus de colonisation illégale :
prêts et investissements immobiliers, financements de commerces
et de moyens de transport à la destination exclusive des
Israéliens et interdits aux palestiniens. Les cas de la banque
belgo-française Dexia et les activités du groupe français Veolia
ont ainsi été condamnées par le tribunal. La complicité des
institutions européennes, déjà condamnées lors de la session de
Barcelone, a été rappelée par le financement de programmes
européens de recherche technologique sur les armements profitant
à Israël. Ce pays est ainsi financé, non seulement par de larges
aides militaires américaines mais aussi par des financements
européens, et des entreprises d’armement se vantent de produits
testés sur les populations palestiniennes et libanaises lors des
conflits de Gaza et du Liban.
La destruction et l’exploitation des ressources naturelles et
agricoles ont été analysées par des experts dont certains, des
Palestiniens, n’ont pas été autorisés par l’occupant à se rendre
à Londres mais qui ont fourni leur témoignage par vidéos. Ainsi,
Caterpillar dont les bulldozers détruisent non seulement des
maisons de Palestiniens mais des terres et exploitations
agricoles, Ahava qui exploite illégalement les ressources de la
Mer Morte et produit des cosmétiques dans une colonie, Carmel
Agrexco qui vend des produits agricoles dans le monde entier
sous label israélien alors qu’il s’agit de ressources naturelles
palestiniennes, sur des terres volées aux Palestiniens, avec de
l’eau ressource précieuse interdite aux Palestiniens… Furent
évoquées les conditions de travail proches de l’esclavage
réservées aux Palestiniens privés de droits syndicaux et de
rémunération minimale, soumis à des drastiques restrictions de
déplacement à cause du Mur de séparation et spoliés de leurs
terres qu’ils ne peuvent plus cultiver.
Le verdict
Dans ses conclusions, le Tribunal affirme la complicité
d’entreprises avec des violations israéliennes des lois
internationales avec les colonies illégales, l’érection du mur
de séparation, le blocus illégal de Gaza et les opérations
militaires israéliennes contre les Palestiniens et notamment
l’opération contre Gaza constituent des crimes de guerre et des
crimes contre l’humanité. Malgré les nombreuses condamnations,
Israël continue à violer ce droit avec la complicité
d’entreprises.
Le tribunal a noté l’échec des Etats à faire cesser ces
violations continues ce qui amène les mouvements citoyens à se
tourner vers des actions de boycott, désinvestissement et
sanction (BDS). Il s’agit donc de protéger ces citoyens dans
leurs actions.
Quant aux entreprises mises en cause, seules trois ont présenté
une défense. Les autres n’ont rien argumenté. Parmi celles-ci,
le tribunal épingle G4S, Elbit Systems, Caterpillar, Cement
Roadstone Holding, Dexia, Veolia Transport, Carmel Agrexco,
entre autres, comme coupables de complicité avec les crimes de
guerre, crimes contre l’humanité, de pillage, et ces agissements
sont susceptibles de poursuites judiciaires .
Le tribunal entend donner ainsi une aide aux citoyens qui
veulent faire respecter le droit international et le droit
humanitaire par des actions militantes et en justice. Ses
conclusions entendent offrir la garantie d’impartialité en se
basant sur un cadre légal international bien précis qui est
marginalisé par les Etats et les entreprises. Et fournir un
cadre légal dans lequel des gouvernements, des entreprises
peuvent être amenés à changer leurs politiques et agissements
voire de lancer des poursuites au civil et au pénal contre eux.
Cela pourrait aider les entreprises à y réfléchir à deux fois
avant de poursuivre certaines activités.
Le tribunal souligne enfin que la sécurité d’Israël sera assurée
lorsque les Palestiniens auront la reconnaissance de leurs
droits. Stéphane Hessel insista sur le fait que la création
d’Israël est la réponse à l’événement le plus horrible du siècle
passé et que ce pays puisse vivre en paix et déployer ses
potentialités est son souhait le plus sincère, mais il regrette
de constater que cet Etat ne suit pas la bonne direction.
Le souhait du Tribunal
est de l’aider. Afin que cet Etat comme membre de la communauté
internationale respecte ses lois, ajoute Mairead McGuire. Et
pour que les entreprises comprennent qu’elles aussi
doivent respecter ces règles afin de rétablir le droit.
La prochaine session de ce tribunal aura lieu en 2011 en Afrique
du Sud afin d’examiner si le crime d’apartheid est applicable à
Israël.
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