Opinion
Le rôle de tueur
de l'OTAN
(4ème partie)
Fidel
Castro Ruz
Fidel
Castro - Photo: RIA Novosti
Vendredi 28 octobre 2011
J’ai écrit le 2 mars sous le titre :
« La guerre inévitable de l’OTAN » :
À la différence de l’Égypte et de la Tunisie la Libye occupe la première place
de toute l’Afrique en Indice du
développement humain et en espérance de
vie. L’éducation et la santé y reçoivent
une attention spéciale de l’État Le
niveau culturel de sa population est
sans doute plus élevé. Ses problèmes
sont d’une autre nature. […] Le pays
avait besoin d’une importante
main-d’œuvre étrangère pour concrétiser
ses plans de production et de
développement social ambitieux.
[…] Il disposait d’énormes ressources et
réserves en devises convertibles,
déposées dans les banques des pays
riches, ce qui lui permettait d’acheter
des biens de consommation, voire des
armes perfectionnées, auprès de ces
mêmes pays qui veulent aujourd’hui
l’envahir au nom des droits humains.
La colossale campagne de mensonges
orchestrée par les médias a provoqué une
grande confusion dans l’opinion publique
mondiale. Il se passera du temps avant
qu’on puisse reconstruire ce qu’il s’est
vraiment passé en Libye et trier les
faits réels des mensonges divulgués.
[…]
[…] L’Empire et ses principaux alliés
recourent aux moyens les plus
perfectionnés pour diffuser des
informations dont il faut déduire des
brins de vérité.
[…]
L’Empire et l’OTAN – sérieusement
inquiets devant la vague révolutionnaire
déclenchée dans le monde arabe qui
produit une grande partie du pétrole sur
lequel repose l’économie de consommation
des pays développés et riches – ne
pouvaient pas laisser filer l’occasion
du conflit interne surgi en Libye pour
promouvoir une intervention militaire.
[…]
[…]
Malgré leur déluge de mensonges et la
confusion qu’ils ont semée, les
États-Unis ne sont pas parvenus à
entraîner
la Chine
et
la Fédération
de Russie à faire adopter par le Conseil
de sécurité une intervention militaire
en Libye, bien qu’ils aient obtenu en
revanche l’approbation de leur objectif
momentané au Conseil des droits de
l’homme.
[…]
Le fait est que, comme je l’avais prévu,
la Libye
est désormais en proie à une guerre
civile que les Nations Unies n’ont rien
pu faire pour éviter, même si leur
secrétaire général a jeté sa bonne part
d’huile sur le feu.
Le hic – ce que les différents acteurs
n’imaginaient sans doute pas – c’est que
les chefs de la rébellion ont déclaré
qu’ils refusaient toute intervention
militaire étrangère.
Selon différentes agences de presse,
Hafiz Ghoga,
porte-parole du Comité de la révolution,
a déclaré le lundi 28 février : […] « Ce
que nous voulons, ce sont des
informations secrètes, mais absolument
pas qu’on touche à notre souveraineté
aérienne, terrestre et maritime »,
a-t-il ajouté lors d’une rencontre avec
les journalistes…
Selon une dépêche de l’AFP de lundi
dernier, « l’intransigeance des
responsables de l’opposition en matière
de souveraineté nationale reflétait
l’opinion que de nombreux Libyens ont
manifestée spontanément à la presse
internationale à Benghazi ».
Une professeure
de sciences politiques de l’université
de Benghazi, Abeir
Imneina, a
affirmé ce même jour :
« Il y a un très fort sentiment
national en Libye.
« De plus, l'exemple de l'Irak fait peur
dans l'ensemble du monde arabe »,
souligne-t-elle, en référence à
l'invasion américaine de 2003, censée
apporter la démocratie dans le pays,
puis par contagion à l'ensemble de la
région, un scénario totalement démenti
par les faits.
« On sait bien comment cela s'est passé
en Iraq, qui se trouve en pleine
instabilité, ça ne donne vraiment pas
envie de suivre le même chemin. On ne
veut pas que les Américains viennent
pour finir par devoir regretter
Kadhafi. » […]
Quelques heures après la diffusion de
cette dépêche, deux des principaux
journaux des USA,
The
New York Times
et
The
Washington Post,
s’empressèrent d’offrir de nouvelles
versions sur ce point, que rapporte
l’agence DPA le 1er mars :
« L’opposition libyenne pourrait
demander à l’Occident de bombarder par
air des positions stratégiques
occupées par des forces fidèles au
président Mouammar
el-Kadhafi, fait savoir
aujourd’hui la presse étasunienne. »
« La question est discutée par le
Conseil révolutionnaire libyen,
précisent
The
New York Times
et
The
Washington Post
dans leurs versions
numériques.
[…]
« Au cas où les actions aériennes se
réaliseraient dans le cadre des Nations
Unies, cela n’impliquerait aucun
intervention internationale, a expliqué
le porte-parole du Conseil, cité par
The
New York Times.
[…]
« The
Washington Post
a
cité des rebelles qui reconnaissent que,
sans l’appui de l’Occident, les combats
contre les forces loyales à Kadhafi
pourraient durer longtemps et coûter
beaucoup de vie. »
Je me suis aussitôt demandé dans ces
Réflexions :
Pourquoi cette insistance à présenter
les rebelles comme des membres éminents
de la société libyenne en train
d’inviter les États-Unis et l’OTAN à
bombarder et à tuer des Libyens ?
On saura un jour la vérité à travers des
gens comme la
professeure de sciences
politiques de l’Université de Benghazi,
si éloquente quand elle raconte la
terrible expérience qu’ont vécue des
millions d’Iraquiens, tués, sans abri,
sans emploi ou contraints d’émigrer.
Aujourd’hui, mercredi 2 mars, l’agence
EFE présente ce porte-parole rebelle
faisant des déclarations qui, à mon
avis, infirment et confirment à la fois
celles de lundi :
« Benghazi (Libye), 2 mars. La direction
rebelle en Libye a demandé aujourd’hui
au Conseil de sécurité de l’ONU de
lancer une attaque aérienne "contre les
mercenaires" du régime Mouammar
el-Kadhafi.
« "Notre armée ne peut pas lancer des
attaques contre les mercenaires en
raison de son rôle défensif", a affirmé
le porte-parole rebelle Hafiz
Ghoga en
conférence de presse à Benghazi. […]
À laquelle des nombreuses guerres
impérialistes
ressemblerait celle-ci ?
À celle d’Espagne en 1936, à celle de
Mussolini contre l’Éthiopie en 1935, à
celle de George W. Bush contre l’Iraq en
2003, ou à n’importe laquelle des
dizaines de guerres lancées par les
États-Unis contre les peuples
d’Amérique, depuis l’invasion du Mexique
en 1846 jusqu’à celle des Malvinas en
1982 ?
Sans exclure, bien entendu, l’invasion
mercenaire de Playa
Girón, la
sale guerre et le blocus contre notre
patrie, une invasion dont nous fêterons
le cinquantième anniversaire le 16 avril
prochain.
Toutes ces guerres, comme celle du
Viet
Nam qui a
coûté des millions de vies, ont eu pour
points de départ les justifications et
les mesures les plus cyniques.
Pour ceux qui doutent encore qu’une
intervention militaire aura forcément
lieu en Libye, je tiens à citer l’agence
de presse AP, que je considère bien
informée, dont une dépêche d’aujourd’hui
affirme :
« Les pays de l’Organisation du Traité
de l’Atlantique Nord (OTAN) élaborent un
plan d’urgence qui prend pour modèle les
zones d’exclusion de vols établies dans
les Balkans dans les années 90, au cas
où la communauté internationale
déciderait d’imposer un embargo aérien
sur
la Libye,
ont affirmé des diplomates. »
N’importe quelle personne honnête
capable d’observer avec objectivité les
événements peut constater le danger que
représente l’ensemble des faits cyniques
et brutaux qui caractérisent la
politique des États-Unis et qui
expliquent pourquoi ils se sont
retrouvés si honteusement seuls lors du
débat aux Nations Unies sur la
résolution : « Nécessité de lever le
blocus économique, commercial et
financier appliqué à Cuba par les
États-Unis d’Amérique. »
Malgré mon travail, je suis les Jeux
panaméricains de Guadalajara.
Notre pays se sent fier de ces jeunes
gens qui sont des exemples pour le monde
par leur désintéressement et leur esprit
de solidarité. Je les félicite
chaleureusement. Personne ne pourra plus
leur ôter la place d’honneur qu’ils ont
gagnée.
Je continuerai dimanche 30.
Fidel Castro Ruz
Le 28 octobre 2011
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