Opinion
Une déclaration
brillante et courageuse
Fidel
Castro Ruz
Fidel Castro - Photo: RIA Novosti
Lundi 4 juillet
2011
Les questions devenues prioritaires
auxquelles j’ai dû me consacrer
m’ont empêché
momentanément de rédiger des Réflexions
avec la même fréquence qu’en 2010,
mais la proclamation du leader
révolutionnaire Hugo
Chávez
Frías, jeudi
dernier, me contraint à écrire ces
lignes.
Le président vénézuélien est l’un de
ceux qui ont le plus fait pour la santé
et l’éducation de son peuple. Comme ce
sont là deux domaines où la Révolution
cubaine a accumulé le plus d’expérience,
c’est avec plaisir que nous collaborons
au maximum avec ce pays frère.
Non que ce pays ait manqué de médecins,
tant s’en faut : il en possédait en
abondance, et parmi eux on compte des
professionnels de qualité, comme dans
d’autres pays d’Amérique latine. Mais il
s’agit d’une question sociale. Les
meilleurs médecins et les équipements
les plus de pointe peuvent être
parfaitement, comme dans tous les pays
capitalistes, au service de la médecine
privée. Parfois, ce n’est même pas ça,
parce que dans le capitalisme
sous-développé, comme celui qui existait
au Venezuela, la classe riche possédait
les ressources suffisantes pour se
rendre dans les meilleures cliniques des
États-Unis ou d’Europe, ce qui, nul ne
pourra le nier, était habituel et le
reste.
Pis encore, les États-Unis et l’Europe
s’attachent à séduire les meilleurs
spécialistes de n’importe quel pays
exploité du Tiers-monde pour qu’ils
abandonnent leur patrie et émigrent vers
les sociétés de consommation.
La formation de médecins pour ce
monde-là dans les pays développés
coûte des sommes fabuleuses que
des millions de familles pauvres
latino-américaines et caribéennes ne
pourraient jamais payer. Ça se passait à
Cuba jusqu’à ce que la Révolution ait
accepté de relever le défi de former des
médecins
capables non seulement de servir
leur pays, mais aussi d’autres peuples
d’Amérique latine, des Caraïbes et du
reste du monde.
Nous n’avons jamais arraché des
intelligences à d’autres peuples. Au
contraire, nous avons formé gratuitement
des dizaines de milliers de médecins et
d’autres professionnels de haut niveau
pour les rendre ensuite à leurs pays.
Le Venezuela et Cuba, grâce à leurs
profondes révolutions inspirées de
Bolivar et de Martí, ont développé
extraordinairement la santé et
l’éducation. Tous les citoyens y ont le
même droit réel de recevoir gratuitement
une éducation générale et
professionnelle, ce que les États-Unis
n’ont pas pu ni ne pourront garantir aux
leurs. En fait, le gouvernement de ce
pays investit chaque année un billion de
dollars dans son appareil militaire et
ses équipées guerrières ; ce pays est le
plus gros exportateur d’armes et
d’instruments de mort et le plus gros
marché de drogues au monde, raison pour
laquelle des dizaines de milliers de
Latino-Américains
perdent la vie chaque année.
C’est là quelque chose de si réel et de
si notoire qu’un président, militaire de
métier, s’est plaint amèrement, voilà
plus de cinquante ans, du pouvoir
décisif que le complexe
militaro-industriel avait accumulé dans
son pays.
Je n’aurais eu aucune raison d’écrire
tout ceci, n’était
la campagne odieuse et répugnante
déclenchée par les médias de
l’oligarchie vénézuélienne au service de
l’Empire, qui tirent prétexte des
problèmes de santé que connaît le
président bolivarien auquel nous unit
une amitié étroite et indestructible née
dès sa première visite dans notre
patrie, le 13 décembre 1994.
Certains se sont étonnés que sa visite à
Cuba ait coïncidé avec les soins
médicaux dont il a eu besoin. Le
président vénézuélien est venu dans
notre pays dans le cadre d’un
déplacement qui l’a conduit d’abord au
Brésil et en Équateur : il n’avait pas
la moindre intention de se faire soigner
ici.
Des spécialistes cubains, on le sait,
prêtent service depuis des années au
président vénézuélien qui, fidèle à ses
principes bolivariens, n’a jamais vu en
eux des étrangers indésirables, mais des
fils de la grande Patrie
latino-américaine pour laquelle le
Libertador a lutté jusqu’à
son dernier souffle.
La première équipe de médecins cubains à
s’être rendue au Venezuela l’a fait à
l’occasion de la tragédie survenue dans
l’État de Vargas, qui a coûté des
milliers de vie à ce noble peuple. Cette
solidarité-là n’était pas une nouveauté,
elle constitue une tradition qui remonte
aux premières années de la Révolution,
depuis que, voilà presque un
demi-siècle, des médecins cubains ont
été envoyés en Algérie, au lendemain de
son indépendance. Cette tradition s’est
consolidée à mesure que la Révolution
cubaine, au milieu d’un blocus cruel,
formait des médecins internationalistes.
Des pays comme le Pérou, le Nicaragua
sous Somoza et d’autres du continent et
du Tiers-monde, victimes de tragédies –
séismes ou autres catastrophes – ont
bénéficié de la solidarité de Cuba.
Notre nation est devenue ainsi celle où
le
taux
de médecins et de personnels spécialisés
en santé, dotés de beaucoup d’expérience
pratique et de capacité professionnelle,
est le plus élevé au monde.
Le président Chávez
a traité notre personnel de santé avec
beaucoup d’égards. C’est ainsi que des
liens de confiance et d’amitié se sont
noués et développés entre les médecins
cubains, toujours très sensibles au
respect du leader vénézuélien, et
celui-ci, qui a été capable de créer des
milliers de centres de santé et de les
doter des équipements nécessaires pour
qu’ils puissent prêter des services
gratuits à tous les Vénézuéliens. Aucun
gouvernement au monde n’a fait autant
pour la santé de son peuple en si peu de
temps.
De nombreux personnels cubains de la
santé ont prêté service au Venezuela,
dont beaucoup ont aussi fait fonction de
professeurs dans différentes matières
pour former plus de vingt mille jeunes
vénézuéliens en voie de conclure leurs
études et dont beaucoup les ont
commencées
dans notre pays. Les médecins
internationalistes du 51e
Bataillon, diplômés de l’École
latino-américaine de sciences médicales,
se sont gagné
un prestige solide dans des missions
complexes et difficiles. C’est sur ces
bases-là que mes relations avec le
président Hugo
Chávez se sont développées dans
ce domaine.
Je tiens à ajouter que le président et
leader de la Révolution bolivarienne n’a pas pris
un seul jour de repos depuis plus de
douze ans, à partir du 2 février 1999,
et que sur ce plan il occupe une place
unique dans l’histoire de ce continent.
Il a consacré toutes ses énergies à la
Révolution.
On pourrait affirmer qu’à chaque heure
supplémentaire que
Chávez consacre à son travail, un
président étasunien en prend deux de
repos.
Il était difficile, voire impossible,
que sa santé ne s’en ressente pas, ce
qui est arrivé ces derniers mois.
Habitué aux rigueurs de la vie
militaire, il supportait stoïquement les
douleurs et les gênes qui survenaient de
plus en plus fréquemment. Compte tenu
des relations d’amitié nouées entre nous
et des échanges constants entre Cuba et
le Venezuela,
je n’ai pas eu de mal, si l’on
ajoute ma propre expérience personnelle
en matière de santé depuis le 30 juillet
2006, à me rendre compte qu’il avait
besoin d’un bilan de santé rigoureux.
C’est trop de générosité de sa
part que de m’attribuer quelque mérite à
cet égard.
J’admets bien entendu que la tâche que
je me suis imposé n’était pas facile. Je
n’avais pas de mal à me rendre compte
que sa santé se détériorait. Sept mois
s’étaient écoulés depuis sa dernière
visite à Cuba. Les médecins qui le
soignaient m’avaient prié de faire cette
démarche. Le président Chávez était
décidé dès le premier moment à informer
le peuple de son état de santé avec une
clarté absolue.
Aussi, alors qu’il était sur le
point de regagner son pays, lui avait-il
fait connaître, à travers son ministre
des Affaires étrangères, son état de
santé à ce moment-là et avait-il promis
de le tenir au courant en détail.
Compte tenu des circonstances, chaque
soin était accompagné d’analyses
cellulaires et de laboratoire
rigoureuses.
L’un de ces examens, plusieurs jours
après la première intervention, a donné
des résultats qui ont exigé une
opération chirurgicale plus radicale et
un traitement spécial du patient.
Le président, notablement remis, a parlé
clairement de son état de santé dans son
digne message du 30 juin.
J’avoue qu’il ne m’a pas été facile
d’informer mon ami de cette nouvelle
situation. J’ai pu constater avec quelle
dignité il a appris la nouvelle qui,
pour quelqu’un qui avait tant d’idées en
tête et d’activités en perspective –
dont les festivités pour le bicentenaire
de l’indépendance du Venezuela
et la concrétisation de l’accord
scellant l’unité de l’Amérique latine et
des Caraïbes – signifie, bien plus que
les souffrances physiques qu’impliquait
une chirurgie radicale, une épreuve qui,
comme il l’a dit, est seulement
comparable aux moments les plus durs
qu’il a dû surmonter dans sa vie de
combattant que rien n’abat.
L’équipe de personnes qui s’occupe de
lui et qu’il a qualifiée de sublime a
livré la magnifique bataille dont j’ai
été témoin.
J’affirme sans hésiter que les résultats
sont impressionnants et que le patient a
livré une bataille décisive qui le
conduira – et le Venezuela avec lui – à
une grande victoire.
Il faut faire en sorte que son message
soit communiqué intégralement dans
toutes les langues, mais surtout qu’il
soit traduit et sous-titré en anglais,
une langue que l’on peut comprendre dans
cette tour de Babel en quoi
l’impérialisme a converti le monde.
Les ennemis d’Hugo
Chávez – ceux du dedans et ceux
du dehors – sont maintenant à la merci
de ses paroles et de ses initiatives. Il
leur réserve sans aucun doute des
surprises. Offrons-lui notre appui et
notre confiance les plus résolus. Les
mensonges de l’Empire et la trahison des
bradeurs de patrie feront fiasco.
Il y a aujourd’hui
des millions de Vénézuéliens
combatifs et conscients que l’oligarchie
et l’Empire ne pourront plus jamais
soumettre.
Fidel Castro Ruz
Le 3 juillet
2011
Le sommaire de Fidel Castro
Les dernières mises à jour
|