Mercredi 31 décembre 2008
Pour
les patriotes arabes, si la situation des Palestiniens a atteint
ce stade, c'est en grande partie à cause bien évidemment des
divisions fratricides palestiniennes mais à cause surtout de
l'exploitation qui en a été faite par des pouvoirs arabes
également antagonistes même s’ils sont tous à l’aune du
conservatisme et de l’autoritarisme.
Plus de 350 morts et
un millier de blessés et l’armée israélienne n’est pas près
d’arrêter le massacre. La suite de L'opération “Plomb durci”
sera plus meurtrière avec son imminente offensive
terrestre. Les USA ont consenti, Olmert pavoise, la rue arabe
grogne mais les régimes arabes se complaisent dans un silence
assourdissant. L’agression israélienne va prendre de l'ampleur
et aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’Union européenne
se bouge avant la Ligue arabe !
Les chefs arabes ne pourraient se rencontrer à Doha que
vendredi, une fois qu’Israël aura achevé son forfait. Pourtant,
ils savent que le temps joue contre leur propre pouvoir. La rue
arabe est impondérable. Elle prend les tournants les plus
périlleux. De l'appel à une troisième Intifadha, lancé par le
numéro un de Hamas depuis Damas, qui embrase
progressivement la Cisjordanie, aux manifestations de colère
réprimées dans plus d'une capitale arabe, ce sont tous les
régimes arabes qui sont désormais pointés du doigt. Ils sont
accusés de complaisance, voire de complicité avec Israël. La
politique de l'autruche n'a jamais mené bien loin.
Pour les patriotes arabes, si la situation des Palestiniens a
atteint ce stade, c'est en grande partie à cause bien évidemment
des divisions fratricides palestiniennes mais à cause surtout de
l'exploitation qui en a été faite par des pouvoirs arabes
également antagonistes même s’ils sont tous à l’aune du
conservatisme et de l’autoritarisme. La Palestine n’a-t-elle pas
été perdue en 1948 à cause des mensonges et des duplicités
arabes. Et soixante ans plus tard, la leçon n’a toujours pas été
tirée. Le monde arabe pourtant lié par la langue, la culture et
la religion est toujours victime de ses propres jeux et calculs
politiciens, de son incapacité à exorciser ses pesanteurs et des
refus de ses dirigeants de s’ouvrir sur leurs sociétés
lesquelles, aujourd’hui, exigent la dignité, la considération et
la démocratie. Israël, bien entendu, se réjouit du
discrédit de ses voisins, de la paralysie de la Ligue arabe et
s'emploie maintenant à donner le coup de grâce à un Hamas certes
islamiste mais qui reste le seul à résister avec des Katioucha
bricolés par des ferrailleurs et qui, de toute évidence, ne fait
pas le poids face au rouleau compresseur israélien. Israël
prend même son temps, largement. Les pays arabes aussi, qui ne
se réuniront que dans trois jours, lorsque seront bouclées les
fêtes de fin d’année musulmane et chrétienne ! Pour
l’histoire, les régimes auront laissé Israël achever son sale
boulot, réaliser sa solution finale.
Quoi d'étonnant que, du Caire à Beyrouth en passant par Bagdad
et la Cisjordanie, les manifestations de rue dénoncent la
“lâcheté arabe” et donnent du crédit aux islamistes. Du
pain béni pour ces derniers qui exploitent avec brio la
fermeture du champ politique et médiatique et la liberté
d'expression sur fond de répression et de violations de toutes
sortes qui caractérisent le monde arabe d’aujourd’hui.
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Publié le 31 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de Liberté.