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Massacres à Gaza
A Gaza, après les bombes, le droit
international ?
Peu probable
Daniel Vanhove
Lundi 26 janvier 2009 La guerre
sans merci sur Gaza, initiée par un trio perdant composé de
Ehud Olmert (démissionnaire pour présomption de corruptions),
Tzipi Livni (incapable de former un nouveau gouvernement) et
Ehud Barak (largué dans les sondages pré-électoraux) a
momentanément pris fin par l’évacuation de l’armée israélienne
dont chacun pourra apprécier la morbidité dans le timing
parfaitement ajusté sur la sortie de scène d’un autre perdant,
en la personne de l’ex-président des USA, G. W. Bush. Quand on
patauge dans l’infamie, aucun détail n’est fortuit…
Le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban
Ki-Moon a profité de ce calme sans doute provisoire, pour
mouiller sa chemise et voir autrement que par images, les dégâts
inouïs provoqués par la technologie de pointe du monde dit
civilisé. Rien de tel en effet, que se rendre sur le terrain et
respirer l’odeur des cadavres en décomposition depuis des
semaines sous les ruines, pour bien comprendre ce dont on pourra
d’autant mieux parler par la suite.
Ainsi à Gaza, un fragile cessez-le-feu est en
place. Pour les populations, exténuées par trois semaines de
cauchemars, c’était vital. L’aide humanitaire a
reçu l’autorisation de la puissance occupante, de reprendre
ses convois, et le nombre de camions franchissant les points
d’entrée de ce lambeau de terre laminée a sensiblement augmenté.
Pour un peu, l’on pourrait croire être revenu à la case départ,
et penser que cette monstrueuse agression n’a servi à rien. Ce
serait une erreur, parce que, à y regarder de près, ce
cessez-le-feu révèle qu’il repose sur un mauvais accord, qui
risque fort de ne pas tenir, si ses conditions ne sont pas
revues et corrigées rapidement. En effet, que prévoit-il ?
- le retrait des forces militaires
israéliennes – qui se sont repositionnées aux frontières
mêmes de la Bande de Gaza – pour autant qu’aucune roquette
(souvenez-vous, c’était l’excuse de ce carnage) ne tombe sur
leur territoire – l’étau reste donc aux portes de Gaza, prêt
à se resserrer à la première occasion ;
- l’exigence de la fermeture définitive des
tunnels qui permettent aux Gazaouis de s’approvisionner via
l’Egypte en marchandises de première nécessité telles que,
nourriture, médicaments, carburant, eau, cigarettes,… dont
ils sont privés par le blocus meurtrier qu’Israël continue
d’imposer depuis près de deux ans à l’ensemble de la
population prise ainsi en otage ;
- et… la libération du soldat Shalit –
dernier joker qui pourra encore servir, pour autant qu’il
n’ait pas été écrasé sous les bombes de ses libérateurs...
En parallèle, comme l’ont souligné dans des
discours toujours aussi lamentables que vides de toute équité,
les chefs d’Etats européens en visite dans la région le week-end
passé, ont déclaré être venus en force (il faut bien une telle
troïka pour entendre leurs voix habituellement si fluettes) pour
assurer Israël de leur soutien dans cette opération de gendarme
(à ce niveau-là on peut leur faire confiance) du contrôle de ces
maudits tunnels de contrebandiers. La frégate française Germinal
est d’ailleurs annoncée dans les parages pour les prochaines
heures. De la sorte, la France confirme ses priorités : son
appui aux criminels de guerre israéliens avant même l’aide aux
victimes demandée urgemment par les médecins qui dénoncent le
manque absolu de moyens.
Pour enfoncer le clou, la vice-présidente du
Conseil de l’UE, chargée de représenter l’Union dans ses
relations extérieures, ancienne camarade de (feu) Jörg Haider du
parti xénophobe et raciste d’extrême droite autrichien, la
pro-israélienne acharnée Benita Ferrero-Waldner s’est empressée
de rajouter que l’aide de l’UE n’irait pas à
Gaza tant que le Hamas serait au pouvoir.
Le tout, sans oublier l’habituelle complicité
criminelle de Condoleezza Rice à sa collègue Tzipi Livni, scellé
une fois de plus par un dernier baiser télégénique qui aura
permis à l’une de glisser à l’oreille de l’autre qu’un premier
bateau d’une compagnie allemande (le Wehr Elbe)
chargé de 989 containers remplis d’armes US était en route pour
le port d’Ashdod – voir le rapport d’Amnesty international à ce
sujet (voir
ici ...).
L’asphyxie infligée à la population de Gaza se
voit donc ainsi considérablement renforcée de plusieurs crans,
appuyée de manière encore plus évidente par nos démocraties
modèles. Et les munitions pour la prochaine déflagration sont
acheminées vers Israël qui, soyons-en assurés, en fera un usage
exemplaire, comme à son habitude…
Comment la population et les responsables
palestiniens à Gaza, pourraient-ils accepter de telles
conditions sans réagir !? Ainsi de tous ceux qui se définissent
comme militants, par la même occasion ? Même le droit à se
défendre de l’occupation par la lutte armée – droit reconnu
explicitement par les Nations-Unies via la Résolution 2621 XXV
du 12.10.1970 – leur est à présent, supprimé.
A bien écouter les arguties habituelles de la
diplomatie israélienne, relayées par celles des Etats-Unis et de
l’Europe complice, quel choix reste-t-il donc à la population
palestinienne, tant en Cisjordanie qu’à Gaza ? Il se résume
assez simplement pour tout observateur qui ne tombe pas dans la
propagande de ces criminels en cols blancs, à deux options :
- soit, mourir lentement, par suffocation et
asphyxie lente et programmée ;
- soit, être massacrée de suite par
bombardement et armement sophistiqué.
En réalité, le peuple palestinien n’a pas
d’autre choix. NOUS PERSISTONS A NE PAS LUI EN LAISSER D’AUTRE !
Ainsi, s’il semble que le Fatah de M. Abbas se soit résigné à la
première option pour la Cisjordanie, la seconde a été le choix
du Hamas pour Gaza.
Les choses poursuivent donc leur cours habituel
et les affaires du monde continuent à tourner comme avant le
dernier massacre auquel nous avons assistés, impuissants. Nous
pourrons bien descendre encore dans les rues par centaines de
milliers, le commerce des armes n’est pas interrompu par ces
terrifiantes opérations militaires, que du contraire : les
occupants voient même leur position renforcée, alimentés en
armement et aidés dans leur étranglement de la population de
Gaza par nos vertueux pays. L’essentiel de nos relations
diplomatiques est ainsi sauvegardé, ce qui doit très important
pour nos économies occidentales en ces temps de crise
financière.
De notre côté, nous pourrons continuer à jouer
St. Nicolas en reconstruisant une fois encore – avec nos impôts
– ce que l’armée israélienne soutenue par les USA, se fait un
plaisir de démolir à chaque fois – sans payer – et dans le même
temps et de manière très médiatisée assurer notre bon peuple que
le plan B-Fast continuera à rapatrier
quelques enfants blessés… peut-être par les armes mêmes que nous
livrons à Israël. La boucle est bouclée : l’immonde déroule
l’étendue de son ignominie, sans sourciller…
L’occupant n’a rien à craindre : nos démocraties
exemplaires lui garantissent toujours son droit
à se défendre de ces redoutables occupés. Et si ces derniers
devaient manifester à nouveau quelque désir de velléités,
probablement que les prochaines représailles
seraient les bonnes, cette fois.
Quant au Droit international… chacun est prié de
comprendre que ce n’est pas demain la veille !
* * * Daniel Vanhove
– Observateur civil
> Si vous détruisez nos maisons, vous ne
détruirez pas nos âmes – 2004
> La Démocratie mensonge – 2008
Aux Ed. Marco Pietteur – Coll. Oser Dire
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