Bernard Kouchner, quelques jours après son patron Sarkozy, a
apporté sa contribution, au cours du week-end, aux préparatifs
israélo-occidentaux de bombardement, le cas échéant avec des
charges nucléaires, de l’Iran.
« Il faut s’attendre au pire, et le pire, c’est la
guerre », a déclaré Kouchner. Hypocrite, Kouchner n’a
pas été jusqu’à dire que l’aviation française sera
directement partie prenante à l’agression, mais il a
clairement indiqué que le choix des décideurs, américains
et/ou israéliens, sera le bon, celui des « alliés »
contre ce représentant de « l’axe du mal »
qu’est la République Islamique.
Propagandiste de Washington et Tel-Aviv,
Kouchner s’est ensuite vanté de faire pression sur de grands
groupes industriels français, tels Total, Gaz de France ou
Renault, pour qu’ils boycottent l’Iran, même si ces
entreprises entendent continuer d’y travailler et réaliser
des profits. Rien n’indique cependant que ces groupes aient
l’intention d’obtempérer facilement. Le ministre a également
dit qu’il militait, au sein de l’Union Européenne, pour que
la France prenne des sanctions politiques, économiques, et
financières supplémentaires contre l’Iran, et ce, en-dehors
du cadre des Nations-Unies !
Depuis l’élection de Sarkozy, le gouvernement
français s’est publiquement positionné comme roquet
titulaire des Etats-Unis, en lieu et place du gouvernement
britannique, dont la participation à la sale guerre contre l’Irak
commence à avoir des conséquences dans l’opinion publique
outre-Manche.
Au début du mois, Sarkozy a donné le « la »
à Kouchner, en évoquant, lui aussi, la perspective d’un
bombardement de l’Iran. Ces interventions se situent sur fond
généralisé de roulement de tambours.
Le quotidien arabe édité à Londres Al Qods Al
Arabi, qui est convaincu qu’Israël et les Etats-Unis ont pris
la décision d’étendre la guerre mondiale en attaquant l’Iran
au cours des six prochains mois, énumérait la semaine dernière
une longue série d’indices accréditant ses spéculations.
Les rodomontades de Sarkozy s’inscrivent selon lui en bonne
place dans le dispositif de préparation psychologique et matérielle
de la guerre, aux côtés des menaces bushiennes de bombardement
à l’arme nucléaire de l’Iran (quelque 2.000 objectifs,
dont l’immense majorité n’a rien à voir avec des
installations nucléaires, auraient déjà été retenus par le
Pentagone), ou des rumeurs extravagantes mais largement médiatisées,
relatives au raid récent de l’aviation israélienne en Syrie
(le bombardement, dans ce pays, d’installations « nucléaires »
fournies par ... la Corée du Nord !)
La contribution française à cette croisade
monstrueuse contre les peuples d’Orient, en Palestine, en Irak
(entre 700.000 et un million de morts civils depuis l’invasion
anglo-américaine de 2003) ou en Afghanistan n’a rencontré
jusqu’à présent aucune espèce de protestation dans les
partis d’opposition de notre pays. Et pour cause. Le principal
parti d’opposition, le Parti Socialiste, est encore plus
belliciste que Kouchner et Sarkozy sur la question : que
l’on sache, il ne s’est pas démarqué de la position de sa
candidate officielle à la présidence, Ségolène Royal, qui
veut interdire à l’Iran toute activité nucléaire, y compris
purement civile. Les partis situés « à la gauche »
du PS, qu’il s’agisse de la LCR, du PCF ou des Verts,
restent eux aussi muets sur ce dossier vital pour l’avenir de
la planète, et sont au contraire tout guillerets à la
perspective de s’asseoir à la même table que François
Hollande au sein d’un pathétique « comité de riposte »
dont l’agenda ne comportera aucun sujet de politique
internationale.
Bien entendu, l’idéal, pour les apprentis
sorciers qui nous gouvernent, serait que leurs menaces répétées
contre le régime iranien amène celui-ci à réagir, de manière
terroriste de préférence, en ciblant le territoire français
avec quelques attentats. La « légitime défense »
serait ainsi toute trouvée.
Mais rien ne dit que les dirigeants iraniens
tomberont dans un tel piège. Les premiers (et derniers, à ce
jour) attentats contre des objectifs civils en France pouvant être
attribués aux services de la République Islamique remontent à
une vingtaine d’années, et ils avaient une explication
parfaitement limpide : signaler au gouvernement français,
alors dirigé par Mitterrand et Chirac, qu’il ne pouvait pas
impunément vendre des armes au régime irakien de Saddam
Hussein, alors en guerre contre l’Iran.
Sarkozy et Kouchner souhaitent-ils une réédition
de cette séquence, afin d’avoir « nous aussi, notre 11
septembre » ? Tout dans leur gesticulation indique
que c’est le cas.
CAPJPO-EuroPalestine