Opinion
Les beaux discours
d'Obama ne bercent plus personne
Capitaine Martin
Mardi 13 août 2013
« Si vous n’êtes pas vigilants,
les médias arriveront à vous faire
détester les gens opprimés et aimer ceux
qui les oppriment ». Derrière cette
maxime se cache le modus operandi
des États-Unis d’Amérique. Maîtres dans
l’art de travestir les faits, ils
se font les chantres d’un ensemble de
valeurs malheureusement fort éloignées
de la réalité étasunienne. Barack Obama
est en quelque sorte le « chef
d’orchestre » de ce modus operandi :
c’est un président noir, apparemment
respectueux des libertés individuelles.
Son accession à la Maison blanche, en
2008, a été l’occasion de montrer aux
yeux du monde entier que le système
démocratique étasunien était décidément
merveilleux. Obama peut désormais dire
et faire ce qu’il veut : le monde entier
ne pourra que boire les paroles du
locataire de la Maison blanche.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis
sa première mandature. Barack Obama se
voulait un président du renouveau. Sa
politique devait s’inscrire en rupture
par rapport à celle de son prédécesseur
Georges Bush, champion en matière de
politique antiterroriste. Tout devait
changer. Voyons…
Barack
Obama a tenu le 9 août une conférence de
presse au cours de laquelle il a abordé
la réforme du
Patriot act
et de
son article 215, qui autorise les agents
du bureau fédéral d’investigations (FBI)
à saisir, sans motif ou preuves
valables, des archives contenant des
renseignements personnels dans les
hôpitaux, les banques, les universités
et même les entreprises, ce qui inclut
de facto des opérations de profilage à
partir de certains critères tels la
religion, l’appartenance ethnique ou les
sites Internet qu’une personne visite.
Le président étasunien a dit sa volonté
de « travailler avec le Congrès pour
mettre en place des réformes appropriées »,
promettant « davantage de
supervision, davantage de transparence
et de garde-fous ». Il a également
insisté sur le fait que « l’Amérique
n’a aucun intérêt à espionner les gens
ordinaires », démentant tout abus
dans les programmes de surveillance de
la NSA. Inutile de dire qu’Edward
Snowden a démontré le contraire en
montrant au monde entier comment les
États-Unis s’étaient permis d’écouter
les communications téléphoniques de
millions de citoyens… et pas seulement
étasuniens.
Le
locataire de la Maison blanche a bien
évidemment évoqué l’ancien employé de la
CIA et de la NSA qui affirmait, dans un
entretien diffusé
sur le
site du Guardian,
que son « seul but est d’informer le
public sur ce qui a été fait en son nom
et ce qui est fait contre lui ».
Barack Obama a concédé que ses
déclarations avaient clairement accéléré
le processus de refonte du Patriot
act, tout en approuvant les trois
chefs d’accusation (espionnage, vol et
utilisation illégale de biens
gouvernementaux) pour lesquels Snowden
était inculpé.
On fera
naturellement le parallèle avec
Bradley
Manning,
ce soldat étasunien accusé d’avoir
transmis des documents militaires
classés secret défense dont les
révélations avaient fortement participé
au retrait des forces américaines en
Irak. Mais Obama, conscient de son rôle
de leader d’opinion à travers le monde,
est allé encore plus loin en critiquant
violemment la Russie, coupable à ses
yeux de vouloir traiter d’égale à égale
avec la Maison blanche. Une
outrecuidance qu’il ne peut tolérer.
D’une
manière pathétique, Obama a voulu tirer
les oreilles de Poutine, regrettant
secrètement son prédécesseur Medvedev et
sa propension à répondre aux diktats de
l’Empire. Il a notamment accusé le
président de la fédération de Russie
d’attiser la rhétorique anti-américaine.
La relation entre les deux pays est
marquée aussi par des intérêts
conflictuels sur certaines questions
clés comme le bouclier anti-missiles et
la Syrie. Concernant ce conflit, sont
naturellement mise en causes par le
Kremlin les livraisons d’armes aux
rebelles syriens pour déstabiliser le
gouvernement souverain d’Assad, accusé
par les États-Unis d’être pro-russe et
pro-iranien.
Il va
de soi que tous ceux qui ne s’inscrivent
pas dans la droite ligne de la Maison
blanche sont des adversaires acharnés
des droits de l’homme. Des droits
qu’Obama met en avant quand il s’agit de
dénoncer les pressions faites sur les
homosexuels en Russie…
alors
qu’il y a aujourd’hui aux États-Unis
plus de Noirs en prison qu’il n’y avait
d’esclaves en 1850.
La référence récurrente à Al-Qaïda pour
justifier la lutte contre le terrorisme
apparaît dans ce contexte, ridicule.
Combattue ici ou là, la mouvance
islamiste a été soutenue hier en Libye
et aujourd’hui en Syrie. Vous
comprendrez aisément pourquoi on
n’arrivera décidément pas à nous faire
aimer cette Amérique-là. Nous sommes
avec Manning et avec Snowden, pas avec
ceux qui parlent de droits civils et
font des affaires avec l’Arabie
saoudite.
Capitaine Martin.
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