Opinion
Syrie: hypothèses
Badis
Guettaf
Intervention de l'armée
Dimanche 26 août
2012
L’intervention militaire contre la
Syrie, si elle était envisagée, paraît
pour le moins risquée pour ses
protagonistes. De plus en plus de voix,
que l’on peut qualifier d’autorisées,
tirent la sonnette d’alarme, tout en
étant convaincues que les déclarations
belliqueuses font partie beaucoup plus
de la guerre psychologique et de
l’intox. Le but étant de porter des
coups au moral de la population syrienne
et de doper celui des bandes armées, en
pleine déconfiture, depuis que l’armée
syrienne est sortie de sa réserve du
début, pour déclencher une offensive sur
tous les fronts, contre les positions
qu’elles ont conquises à la faveur de la
période d’attentisme. Sans préjudice de
l’attitude des deux grandes puissances,
la Russie et la Chine, les capacités de
défense de la Syrie seule sont mises sur
la balance, auxquelles il faut ajouter
la mobilisation populaire, en cas
d’agression. Parmi les réfractaires aux
bruits de botte figure le général Jean
Fleury, ancien chef d’état-major de
l’armée de l’air française, il livre son
jugement sur la question dans le
Monde.fr du 23 août. Sur un ton badin,
il jauge les moyens de la France, au cas
où François Hollande obéirait à l’appel
aux armes, comme ce fut le cas pour son
prédécesseur en Libye. «Pour la Syrie,
la chanson n’est pas la même», avertit
le général. Et il sait de quoi il parle,
du moins quand il jauge les forces de
son pays : «Face à la Syrie, nous ne
serions qu’une petite force d’appoint
placée sous les ordres de Washington ;
ce ne serait pas très glorieux». Un
jugement sans appel, rappelant aussi que
même contre la Libye, il a fallu l’aide
des Etats-Unis, alors même que «la force
aérienne (de Kaddafi) était peu
opérationnelle et ses moyens terrestres
de défense contre les avions ont été
rapidement détruits». Fleury enfonce
ensuite le clou : «Son armée de l’air
totalise environ 500 avions de combat,
soit deux fois plus que la nôtre ; bien
qu’une partie d’entre eux seulement soit
moderne, leur nombre et la qualité d’un
entraînement conduit en vue d’une guerre
éventuelle avec Israël en font un
adversaire sérieux». Puis il assène :
«nous ne sommes pas de taille à
l’affronter». Selon ce qu’il sait de la
chose, «il faudrait employer toute la
machine de guerre américaine et utiliser
les aéroports de Grèce et de Chypre,
voire du Moyen-Orient». Donc : fort
risque militaire. Mais alors pourquoi
François Hollande et Laurent Fabius
plastronnent-ils ? Le général nous
l’explique : «Finalement, le ‘’niet’’ de
Vladimir Poutine est bien pratique : il
évite de poser les vraies questions».
Mais, ceci dit, l’OTAN (les USA)
acceptera-t-elle l’affront d’un échec
devant Damas ? Acceptera-t-elle une
solution interne à la Syrie, par les
Syriens ? Rien ne semble moins sûr,
surtout après avoir contribué, grâce à
sa «guerre par procuration» à attiser le
sentiment national autour de Bachar El
Assad et après que les «rebelles» aient
été largement isolés, voire haïs par la
population pour les atrocités qu’ils ont
perpétrées, en guise d’avant-goût de la
«démocratie» qu’ils escomptent imposer.
Parions que tous les moyens seront mis
en œuvre pour acheminer des combattants
du Pakistan, d’Irak, de Libye, d’Arabie
saoudite et d’ailleurs, pour les
infiltrer en un flot ininterrompu de
renforts à la guérilla. Ce n’est pas les
monarchies du Golfe qui lésineront à la
dépense, tant l’enjeu d’un recul sur ce
front serait catastrophique sur leur
stabilité intérieure.
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