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Le Quotidien d'Oran
16 mois après: Ghaza,
l'oubliée
Oualid Ammar
Dimanche 16 mai 2010
Les humains ont la mémoire courte, pourrait-on dire. On pourrait
ajouter qu'un drame en chasse un autre. Mais voilà, le drame
palestinien est constant. Il dure depuis des décennies.
La guerre absolument asymétrique engagée sous l'appellation de
«Plomb durci» par la machine à tuer israélienne, le 27 décembre
2008, contre le territoire palestinien de Ghaza, n'a pas fini de
faire des victimes, malgré la cessation des hostilités, il y a
16 mois maintenant.
L'ONG Human Rights Watch, qui a maintes fois dénoncé les
transgressions israéliennes «aux lois de la guerre», s'est
penchée sur «la destruction illégale de biens civils» pendant la
guerre de Ghaza. Ses investigations ont débouché sur un rapport
de 116 pages, avec la recommandation principale selon laquelle
«le gouvernement israélien devrait diligenter une enquête sur la
destruction illégale de biens civils pendant la guerre de Ghaza».
Les observateurs ne se font aucune illusion sur la volonté de
Tel Aviv de faire la lumière sur les abus commis, dans la mesure
où les bombardements intensifs des zones civiles ont été vus par
des centaines de millions de personnes à travers les télévisions
satellitaires, souvent en temps réel.
D'ailleurs, on imagine mal un gouvernement, israélien en
l'occurrence, renier son commandement militaire après lui avoir
donné carte blanche. Même Human Rights Watch ne se fait pas
d'illusion, mais son rapport demeure un important témoignage sur
les violations israéliennes des droits humains.
Ce rapport expose «12 cas distincts qui se sont produits
pendant l'opération «Plomb durci», au cours de laquelle les
forces israéliennes ont détruit massivement des structures
civiles (maisons, usines, fermes, serres, etc.) dans des zones
sous son contrôle sans qu'aucune finalité militaire légale ne le
justifie», note le rapport. Ce document souligne que «d'après
les enquêtes de Human Rights Watch qui se sont fondées sur les
preuves matérielles, les images satellites et les récits de
nombreux témoins sur chaque site, rien n'indiquait qu'un combat
se déroulait à proximité au moment où les destructions ont eu
lieu».
En dehors de cette ONG, les observateurs, fin décembre 2008 et
les semaines qui suivirent, avaient bien relevé à travers
l'intensité soutenue des bombardements divers et très
sophistiqués une volonté israélienne d'extermination. Même si le
bilan des victimes palestiniennes ne recoupe pas cette volonté,
on note que le régime israélien ne renonce pas à réduire les
conditions de vie des Ghazaouis à leur plus simple expression.
«Près de 16 mois après la guerre, le blocus décrété par Israël
continue d'empêcher les habitants de Gaza de reconstruire leurs
maisons, ce qui équivaut à punir la population civile de Gaza
longtemps après la fin des hostilités », souligne le rapport d'Human
Rights Watch. Ce document a examiné, par ailleurs, «divers cas
de destruction qui pourraient constituer des violations des lois
de la guerre interdisant toute destruction délibérée, définie
comme la destruction massive de biens civils non justifiée
légalement par des exigences militaires. De telles destructions
constitueraient notamment une violation grave de la quatrième
Convention de Genève de 1949 qui s'applique à Ghaza. Les
individus ayant commis ou ordonné ces destructions devront être
poursuivis pour crime de guerre».
Human Rights Watch «a recensé la destruction totale de 189
bâtiments, dont 11 usines, 8 entrepôts et 170 bâtiments
d'habitation, soit environ 5% du nombre total de biens détruits
à Ghaza». Dans les cas examinés dans les quartiers d'Izbt Abd
Rabbo, de Zeitoun et de Khoza'a, les forces israéliennes avaient
détruit la presque totalité des maisons, usines et vergers dans
certaines régions, ce qui montre une volonté apparente de
destruction systématique dans ces sites, note Human Rights
Watch, qui ajoute que des usines de jus de fruit et de
fabrication de biscuits, une minoterie et sept cimenteries
comptent parmi les établissements industriels détruits.
Par un souci d'équilibre, l'ONG Human Rights Watch s'est
enquise du point de vue israélien. «Les responsables israéliens
insistent sur le fait que le blocus - qui avait déjà dégradé les
conditions humanitaires à Ghaza avant l'opération «Plomb durci»
- restera en place tant que le Hamas ne libèrera pas le
sergent-chef Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006,
ne cessera pas les violences et ne remplira pas d'autres
conditions politiques».
L'ONG estime que «la détention à l'isolement prolongée de
Shalit par le Hamas viole l'interdiction de traitement cruel et
inhumain et pourrait s'apparenter à de la torture». Cette
appréciation légère ne fait pas cas de quelque 1 200
Palestiniens, dont des mineurs, détenus sans jugement depuis
plus de deux ans dans les geôles sionistes.
Il faut rappeler qu'à ce jour, Israël contrôle l'accès par la
terre, par les airs et par la mer à la bande de Ghaza, à
l'exception d'une frontière de 15 km avec l'Egypte. Depuis la
fin du conflit, Israël a approuvé un nombre insignifiant
d'envois de nourriture, de carburant et de matériels vers Ghaza.
En décidant de fermer la frontière sud de Gaza, souligne Human
Rights Watch, «l'Egypte a une part de responsabilité dans la
punition collective imposée aux populations civiles de Ghaza».
Seize mois après «la guerre de Ghaza», les Ghazaouis, oubliés
des grands de ce monde (Etats-Unis, Chine, Europe…) souffrent
encore. Ils se meurent à petit feu.
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