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Ha'aretz
La procédure
change, l’entrée est toujours interdite
Amira
Hass
Haaretz, 26 décembre
2006
www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=805726
Version
anglaise : Expected
rule change could re-unite thousands in West Bank
www.haaretz.com/hasen/spages/805528.html
Israël a promis de cesser d’interdire l’entrée
aux Palestiniens citoyens américains et européens.
Enaya
Samara, Hayan Jua'beh et Somaida Abbas ne sont que trois parmi les
milliers de Palestiniens ayant une citoyenneté étrangère, qui
attendent impatiemment la publication des nouvelles procédures
d’entrée dans les Territoires. Selon ce qui a été promis, les
procédures du bureau de coordination des actions du gouvernement
dans les Territoires – procédures qui seront mises au point en
coordination avec le vice-ministre à la défense Ephraïm Sneh
– permettront à des milliers de Palestiniens de retrouver leurs
familles et leurs maisons en Cisjordanie, après un séjour forcé
à l’étranger durant les six à douze derniers mois. Les
nouvelles procédures sont censées permettre à des milliers de
Palestiniens et leurs conjoints citoyens de pays occidentaux de
continuer à visiter les Territoires et même à y séjourner pour
des périodes prolongées. Pourtant, divers témoignages qui sont
parvenus à « Haaretz » révèlent que, pour des citoyens étrangers,
l’entrée dans le pays continue d’être interdite, en dépit
du fait que le conjoint ou des membres de la famille résident
dans les Territoires.
Ces
deux dernières semaines, les représentations diplomatiques ont
averti leurs citoyens du changement de politique, et cela en
s’appuyant sur l’assurance donnée par le coordinateur des
actions dans les Territoires, le général Yossef Mishlav, qui a
rencontré les représentants de l’Union Européenne le 13 décembre.
Ephraïm Sneh a confirmé à « Haaretz »
que le Ministère de la Défense travaillait à l’instauration
d’une nouvelle politique ayant pour objectif « d’alléger
et non d’alourdir, de simplifier et non de compliquer ».
Il a préféré ne pas entrer dans les détails du fait que les
procédures doivent encore être mises au point.
Dès
son entrée en fonction, en octobre dernier, Ephraïm Sneh a pris
l’initiative d’une rencontre avec le Ministre de l’Intérieur,
Roni Bar-On, pour discuter du phénomène des interdictions
d’entrée. La rencontre s’est tenue le 13 novembre et on y a décidé
de poster au pont Allenby et à l’aéroport Ben Gourion des représentants
du bureau de coordination des actions dans les Territoires, et que
ce seraient eux qui décideraient (en coordination avec le Ministère
de l’Intérieur) si et à qui accorder un permis de visite.
Mais
en attendant, il apparaît que le Ministère de l’Intérieur et
le coordinateur des actions dans les Territoires continuent
d’interdire l’entrée dans le pays à des citoyens étrangers
en dépit du fait que leurs proches sont des résidents permanents
des Territoires. D’autres ont reçu, au passage de frontière,
un visa d’entrée pour un temps limité (une semaine ou un
mois). En outre, 105 personnes – toutes conjoints ou enfants
d’habitants palestiniens – ont introduit une demande de
prolongation de visa via l’administration civile. Le 19
novembre, leurs passeports leur ont été rendus portant
l’estampille « dernière prolongation ». Ephraïm Sneh dit qu’il s’agit
de « vestiges de la
situation antérieure » et que le 10 décembre, la catégorie
des « dernières prolongations » a été abolie.
Le
changement de politique ne s’applique pas aux dizaines de
milliers de conjointes d’habitants des Territoires, citoyennes
jordaniennes pour l’essentiel, ni aux centaines d’autres qui
sont originaires de pays d’Europe de l’Est. Depuis l’éclatement
de l’Intifada, Israël interdit l’entrée de citoyens de pays
arabes et d’Europe de l’Est et ils doivent introduire une
demande de visa.
Samara
(citoyenne américaine), Jua'beh (citoyen irlandais) et Abbas
(citoyen suédois) – dont les récits ont été rapportés ici
au cours de ces derniers mois – ont, comme des centaines
d’autres venus d’Europe ou d’Amérique, été touchés,
l’année dernière, par le changement de politique d’Israël
à l’égard de l’entrée dans les Territoires de citoyens de
pays occidentaux. La majorité d’entre eux sont des conjoints de
Palestiniens ou bien ils sont nés dans les Territoires mais la
politique israélienne leur a fait perdre leur statut de résident.
Pendant des années, on leur a permis de demeurer avec leurs
familles en Cisjordanie, comme « touristes »
et ils renouvelaient leur visa touristique tous les trois mois, et
Israël a permis à quelques uns d’entre eux de recevoir le
statut de résident.
Comme
on l’a rapporté pour la première fois dans « Haaretz »
en juillet 2006, le gouvernement a modifié cette politique, sans
annoncer ce changement ni même le reconnaître, au début. Aux
points d’entrée terrestres et maritime en Israël, le nombre de
ceux qui se sont vus refuser l’entrée a augmenté. Selon
diverses estimations, il s’agit de quelques dizaines de milliers
de citoyens des Etats-Unis, d’Europe et d’Amérique du Sud,
qui vivent de façon permanente dans les Territoires, comme
« touristes », qui vont et viennent. On ne dispose pas de
chiffres indiquant combien d’entre eux n’ont pas rejoint leur
famille cette année. Beaucoup d’autres ne sont pas partis pour
renouveler la période de validité de leur visa touristique, de
crainte qu’on ne les autorise pas à revenir, et ils se
retrouvent maintenant dans la catégorie des « délinquants ».
Il semble bien que des milliers se sont abstenus de venir en
visite après avoir appris le changement de politique.
Des
Palestiniens citoyens des Etats-Unis et d’Europe ont créé un
groupe d’action qui a éveillé l’attention des médias
internationaux, et ont présenté cette interdiction d’entrée
comme une discrimination. Le Département d’Etat américain
s’est plaint auprès de l’ambassade d’Israël à Washington
et les représentants de l’Union Européenne en Israël ont, de
leur côté, introduit une protestation à ce propos.
Ephraïm
Sneh dit avoir pris l’initiative de ce changement non pas du
fait des pressions américaines mais parce qu’il s’agissait là
d’une « politique stupide, contraire aux intérêts israéliens ». Les
représentants européens ont rapporté à leurs citoyens que,
d’après le coordinateur des actions dans les Territoires, le général
Mishlav, c’est le Ministère de l’Intérieur qui a décidé
d’empêcher l’entrée de citoyens américains et européens.
Au Ministère de l’Intérieur, on dit que la responsabilité de
l’entrée des touristes dans les Territoires a toujours été
entre les mains du Ministère de la Défense et du coordinateur
des actions dans les Territoires, et que la décision de refuser
l’entrée a été prise lors d’une réunion commune des représentants
du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Défense et
le coordinateur des actions dans les Territoires.
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
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