L’une des questions suscitées par cette
quantité importante de législations racistes israéliennes
actuelles consiste à savoir pourquoi et quel en est le but ?
Cette question devient plus pressante encore à la lumière de la
réalité clairement établie que le racisme d’Israël possède déjà
tous les outils pour être pratiqué, aucun outil ne lui manque.
En tant que régime colonial et raciste dans
son essence, Israël s’appuie sur les principes et les valeurs
inclus dans les nouvelles lois proposées, et qu’il a toujours
formulés sous la forme de démocratie et d’Etat de droit. La
sociologie et les sciences politiques israéliennes ont été
secourues par ce qui est appelé prototype de « démocratie
défensive » soit le droit et le devoir du régime démocratique à
se défendre et à défendre sa démocratie, ce qui signifie, dans
le cas israélien, que la marge de la démocratie se rétrécit au
fur et à mesure que la répression nationale et raciste augmente.
La conception de démocratie défensive que propage
l’académie israélienne, pour contourner le droit et justifier la
répression, qui est même reprise par une infime partie des
académiciens arabes, est une formule pour justifier, de manière
précise, la conception sioniste de l’Etat juif démocratique.
Nous assistons actuellement au racisme
défensif et non à la « démocratie défensive ». C’est une
question importante, où l’Etat et le régime raciste sont
globalement dans une situation de réaction envers l’évolution en
cours au sein des Palestiniens de l’intérieur, avec
l’élaboration d’une identité nationale et patriote, et une
conscience qui en est issue, pour déterminer la nature du
conflit avec l’Etat et la lutte pour le droit palestinien. Ce
qui veut dire, d’une manière générale, que l’Etat est en recul,
que l’arrivée du gouvernement de Netanyahou au pouvoir est un
signe de faiblesse et non de force, mais cela ne diminue en rien
les dangers et les défis, mais aide plutôt à comprendre
l’équation générale du conflit.
Israël ne sera pas plus raciste avec ces
nouvelles lois, mais il poursuivra son racisme colonial de façon
méthodique, comme cela est depuis 1948, en tant qu’Etat. Les
lois découlent de son racisme et ne sortent pas hors du cadre de
son racisme. En réalité, il est nécessaire de développer le
discours palestinien et arabe courant et la lecture précise du
racisme israélien. Accuser Israël de racisme n’est qu’une
description partielle du fondement, beaucoup plus grave que le
racisme. La politique israélienne, tout comme l’essence du
projet sioniste envers les Palestiniens, est une politique
coloniale d’extirpation, et son racisme ne fait que découler de
cette essence. C’est l’essence de son comportement avec les
masses de notre peuple à l’intérieur, dans le cadre d’une vision
coloniale envers l’ensemble du peuple palestinien et de ses
droits, et même l’ensemble de son environnement régional arabe.
Un régime colonial qui est né sur les ruines d’un peuple après
l’avoir extirpé de sa patrie et qui s’y est installé, ne peut
être que raciste. L’essence d’Israël, ses lois, ses règlements,
la nature de son régime, tout le reflète et le confirme. Toute
autre conception n’est que le produit de la défaite arabe et non
une vérité historique.
De retour à ce qui se passe aujourd’hui, le
changement important et le plus grave qui est en cours, c’est la
confirmation par l’Etat à tout raciste que l’Etat de droit ne
s’opposera pas au racisme. Si Israël se comporte envers soi-même
comme un Etat de droit et un régime central fort, en tant que
centre de décisions sécuritaire, politique et économique
extrêmement centralisé, il semble être le contraire, d’après les
lois actuelles, ce qui veut dire que, par décision de l’Etat et
de son pouvoir central, les freins représentés par la loi et
l’Etat seront allégés. La répression directe de la part de la
police, du shabak et de l’appareil judiciaire a échoué à entamer
la volonté et la conscience de nos masses. Nous assistons à une
sorte de privatisation, si l’on peut dire, dans le domaine de la
répression, de sorte que les racistes partagent le rôle avec
l’Etat pour réprimer les masses arabes, pour les agresser et les
user, l’Etat voulant apparaître comme une partie tierce entre
deux groupes de population en conflit. Les agressions sanglantes
à Akka contre la présence arabe, au cours de l’année dernière,
ont constitué un exemple et assurément, ce ne seront pas les
dernières.
Les Palestiniens de l’intérieur vivent une
situation proche d’une guerre d’usure proclamée, que Yoval
Deskin, le chef de l’appareil des renseignements généraux, le
shabak, a initié au début de 2007 en considérant les
Palestiniens de l’intérieur comme une menace stratégique sur
l’Etat juif. Il a abouti à cette définition suite à l’échec de
l’agression israélienne sur le Liban en 2006, suivie par les
bouleversements stratégiques dans la conception de la sécurité
nationale et la guerre future, y compris le rôle populaire et
moral des Palestiniens de l’intérieur dans la résistance à cette
agression.
Au cours de l’agression sur Gaza, cette
année, les masses arabes ont été la frange la plus organisée et
le plus combative parmi les communautés du peuple palestinien.
La campagne d’intimidation et d’usure de la force et du moral
des gens menée par les services de renseignements s’est accrue
et intensifiée. L’Etat essaie de démanteler nos forces
collectives, d’empêcher le développement et la coordination de
notre organisation collective et noyer notre emploi de temps par
des questions subalternes dont le but est souvent de nous
éloigner de l’essentiel. Le principal objectif israélien
consiste à affaiblir la lutte palestinienne en général, afin de
poursuivre la suppression du droit palestinien.
Les nouvelles lois israéliennes ne sont pas
un fait en soi mais font partie d’une voie d’ensemble qui vise
notre entité organisée, et vise à écarter le rôle assumé par
l’intérieur dans l’équation du conflit palestino-israélien, et
régional, arabo-israélien. Ce sont des lois faites pour
faciliter les poursuites politiques et l’auto-intimidation des
masses d’un peuple qui a, depuis des décennies, brisé l’obstacle
de la peur et de l’intimidation et qui n’accepte pas de faire
dépendre d’une loi israélienne, ni ses droits ni son rôle
palestinien et arabe. Le prix à payer pour cette attitude ne
nous fera pas reculer.
Ameer Makhoul, directeur
général d’Ittijah
Traduit par
CIREPAL
Centre d'Information sur la
Résistance en Palestine