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Ha'aretz
La
guerre contre le Liban avait été planifiée depuis plusieurs
mois (Olmert)
Aluf
Benn
in
Ha’aretz, 8 mars 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/834572.html
Le
Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré à la
Commission Winograd [chargée d’enquêter sur le fiasco de
l’agression israélienne contre le Liban en juillet 2006, ndt]
que sa décision de répliquer à l’enlèvement de soldats israéliens
au moyen d’une opération militaire de grande ampleur avait –
déjà – été prise au mois de mars 2006, soit quatre mois
avant le déclenchement de la guerre (israélienne) contre le
Liban, l’été dernier.
La
commission Winograd, qui enquête sur la deuxième guerre du
Liban, devrait rendre public un rapport intermédiaire avant la
fin du mois. Elle a [charitablement…, ndt]envoyé certains témoignages
recueillis à des avocats représentant des personnes susceptibles
d’être lésées par ses conclusions.
Olmert
a témoigné devant la commission Winograd le 1er février.
Les questions de la commission se sont focalisés sur trois
aspects centraux : les circonstances ayant entouré la
nomination d’Amir Péretz en qualité de ministre de la Défonce
[oups ! de la Défense ! ndt] ; la modalités et
les fondements de la raison d’entrer en guerre le 12 juillet,
quelques heures après que les réservistes Ehud Goldwasser et
Eldad Regev eussent été enlevés par les combattants du
Hezbollah à la frontière nord d’Israël et, enfin, la raison
pour laquelle Olmert a décidé de déclencher une opération
terrestre de grande envergure au Liban, à quarante-huit heures du
cessez-le-feu – opération terrestre au cours de laquelle
trente-trois militaires israéliens ont été tués.
Dans
son témoignage, Olmert a clamé qu’il avait tenu plus de réunion
consacrées à la situation au Liban qu’aucun de ses prédécesseurs
récents. La première de ces réunions fut tenue le 8 janvier
2006, soit quatre jours après la nomination d’Olmert au poste détenu
avant lui par Ariel Sharon, devenu un légume.
Des réunions furent
tenues ultérieurement, durant les mois de mars, avril, mai et
juillet, après l’enlèvement du caporal Gilad Shalit dans la
bande de Gaza.
Avant
sa comparution devant la commission, le major général Gadi
Shamni, attaché militaire d’Olmert, a présenté aux membres
qui la composent le calendrier des réunions consacrées au Liban.
Le
scénario présenté au cours de ces évaluations successives reflétait
à chaque fois des incidents antérieurs : enlèvement de
soldats capturés en territoire israélien, accompagnés
d’intenses échanges d’artillerie par-dessus la frontière. Le
chef d’état major israélien de l’époque, Dan Halutz, a dit
qu’un incident de cette nature ne manquerait pas d’avoir des
conséquences très importantes pour la capacité de dissuasion
d’Israël. Il a précisé qu’Israël ne pourrait faire montre
de retenue dans le cas d’un enlèvement (de soldats) dans le
Nord (d’Israël), et qu’Israël se devait de répliquer.
Olmert a indiqué avoir adopté cette position.
Au
cours d’une réunion tenue en mars 2006, Olmert avait demandé
aux commandants des armées s’il existait des plans opérationnels
en vue d’une telle possibilité. Les commandants avaient répondu :
« positif ! ». Olmert avait alors demandé à
voir ces plans, ce à quoi les commandants avaient demandé :
« Pourquoi donc ? ». Olmert avait alors répondu
qu’il ne voulait pas se trouvé confronté à la nécessité de
prendre de décision dans l’urgence, en cas d’enlèvement (de
soldat(s)), et qu’il préférait prendre une décision (de portée
générale, ndt) tout de suite. Les différentes options lui ayant
été exposées, Omert retint un plan modéré [sic… ndt],
comportant des attaques aériennes accompagnées d’une offensive
terrestre limitée. A l’époque, Shaul Mofaz était ministre de
la Défense.
La
Commission Winograd a demandé à Olmert ce qu’il pensait que
son prédécesseur aurait fait, à sa place. Olmert a répondu
qu’à la suite de la tentative du Hezbollah, en novembre 2005
(laquelle tentative avait échoué) d’enlever des soldats des
Forces Israéliennes de Défonce [oups : de Défense… décidément !,
ndt] dans le village frontalier de Ghajar, Sharon avait donné à
l’armée l’ordre de préparer une « liste de cibles »
en vue d’une réplique militaire contre le Liban. Cette liste
comportait une attaque aérienne contre des fusées à longue portée
de type Fajr et Zilzal, lesquelles furent (effectivement) détruites
par un raid aérien effectué durant la première nuit de guerre
(en juillet 2006, ndt). Sharon avait dit alors que le statu quo,
avec des raids incessants du Hezbollah, ne pouvait pas perdurer.
Olmert a dit à la commission s’être comporté exactement comme
l’aurait fait Sharon.
Il
a déclaré qu’il avait décidé, au cours de réunions antérieures,
que l’objectif d’Israël, dans toute opération éventuelle,
serait de faire appliquer la résolution [chiraquienne… ndt]
1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, prônant le déploiement
de l’armée libanaise sur la longueur de la frontière israélienne,
ainsi que le désarmement du Hezbollah.
En
mai 2006, Olmert fut informé par le chef (à l’époque) du
Conseil national de sécurité israélien, Giora Eiland, ainsi que
par l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak, de
l’acceptation éventuelle, par le gouvernement libanais, de la
mise en application de la Résolution 1559, en échange d’un
retrait israélien des Fermes de Shebaa. Olmert pensait qu’il était
préférable de faire mettre en application cette résolution au
moyen de la diplomatie, et il souleva cette question lors de ses
rencontres avec le président états-unien George Deubeuliou Bush,
le Premier ministre Tony Blair et le Président français (à l’époque !…,
ndt) Jacques Chirac.
En
ce qui concerne la décision d’élargir l’offensive terrestre,
juste avant la fin de la guerre, Olmert a dit qu’il voulait
influencer les délibérations au Conseil de sécurité de l’Onu,
afin que le projet de résolution 1701 appelant à un
cessez-le-feu fût amendée dans un sens favorable à Israël [ah
bon, c’était encore possible, ça ? ndt].
Olmert
a indiqué que le matin du jour où il a pris cette décision, il
avait reçu un projet (de résolution) reflétant la position
franco-libanaise, qui n’avait pas l’heur de plaire à Israël.
L’opération terrestre de grande envergure visait à exercer une
pression sur les pays membres du Conseil de sécurité, a-t-il précisé.
Ruth
Gavison, membre de la commission Winograd, interrompit alors
Olmert, disant que bien que persuadée que cette opération ultime
a été un « grand succès » [on ne rit pas ! ndt],
elle voulait savoir pourquoi elle n’avait pas été entreprise
avant ?
Olmert
a répondu qu’eussent des offensives terrestres israéliennes été
entreprises avec succès, Israël ne se serait pas retrouvé dans
la situation où il s’est retrouvé à la fin de la guerre
[Bigre ; brillant, le bonhomme ! ndt].
En
excipant de la déclaration de Mme Gavison, Olmert a conclu son témoignage
en ayant le sentiment d’avoir convaincu la commission qu’il
avait pris la décision appropriée, en préconisant l’opération
terrestre finale.
Il
a dit à ses conseillers qu’il ressortait lessivé de sa déposition,
mais qu’il avait le sentiment que la commission avait admis son
point de vue.
La
Commission Winograd a également demandé à Olmert si la
nomination de Péretz au poste de ministre de la Défense avait
bien été avisée ? Il a répondu que le portefeuille de la
Défense avait été confié au parti travailliste lors du partage
des postes du gouvernement de coalition, et que c’était le
parti travailliste qui avait imposé ses ministres.
Le
chef de cabinet d’Olmert, Yoram Turbowicz, a remis à la
Commission Winograd les courriers diplomatiques échangés durant
le conflit.
Il
a indiqué que dès le premier jour de la guerre, la Secrétaire
d’Etat américaine Condoleezza Rice avait conféré avec Olmert
et avait demandé qu’on ne tire pas le tapis de dessous les
pieds du Premier ministre libanais Fouad Siniora. Israël comprit
alors que cela signifiait qu’il convenait que l’infrastructure
du Liban ne fût point détruite, même si l’armée israélienne
en avait à l’origine décidé autrement.
Dov Weissglas [le type du formol, ndt] , conseiller
du Premier ministre Ariel Sharon, a expliqué la politique de
contention, tout au long de la frontière avec le Liban, laquelle
politique devait, en principe, éviter une confrontation sur deux
fronts à la fois : avec les Palestiniens (au Sud) et avec le
Hezbollah (au Nord).
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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