Opinion
La responsable des malheurs du monde :
la « end bottom line »
Alain Benajam
Dimanche 21 avril 2013
Divers auteurs cherchent à
définir les responsables des malheurs du
monde en citant tel ou tel groupe humain
(franc-maçonnerie, juifs, etc.). C’est
une erreur, montre Alain Benajam. Nous
souffrons tous d’un système et c’est ce
système qui doit être revu.
Suite à mon article sur « Les voies
d’une Nouvelle Révolution Française » [1],
de nombreux lecteurs m’ont demandé qui
pouvaient être désignés responsables de
l’impérialisme, impérialisme que je
plaçais à la source des malheurs du
monde. Beaucoup me sommaient d’y voir la
main de quelques communautés ou sectes
particulièrement maléfiques qui
tireraient les ficelles de cette
machinerie impérialiste.
Et bien non, il n’y a aucune secte,
aucune communauté pour pousser le monde
vers le gouffre ou il s’avance à grand
pas. Nulles toges, nuls tabliers, nulles
kabbales, nulles paroles sibyllines pour
présider à l’impérialisme ; le véritable
responsable est à chercher ailleurs et
voici son nom : la « end bottom line
» [2].
La « end bottom line », dans
la langue de l’impérialisme, désigne la
dernière ligne du bas d’un bilan de
société. Cette ligne doit afficher le
résultat du bilan et donc les bénéfices
réalisés ou non au cours d’un exercice
annuel. Une partie de ces bénéfices,
après paiement des impôts et
éventuellement recyclage dans la société
même en investissements, est distribuée
aux actionnaires. C’est un moyen, pour
ceux qui ont investi du capital dans
cette société, d’augmenter leur mise de
départ, ou de la diminuer ou la perdre
en cas de résultat négatif.
Ce système d’accumulation du capital
est communément appelé capitalisme.
Structure d’un bilan de
société
Conserver une « end bottom line
» positive n’est pas chose aisée
pour le « manager » qui doit
gérer la société. Celui-ci doit faire
face à de nombreux obstacles pour la
maintenir. On peut en relever un certain
nombre ; leur description peut nous
aider à comprendre les mécanismes qui
peuvent affecter ce système et
comprendre les moyens par lesquels
chaque « manager » peut palier
chaque inconvénient qui surgit, et
comment une tendance se dessine suite à
l’ensemble additionné des moyens
utilisés pour rendre positive cette
fameuse « end bottom line ».
Parmi les forces qui s’opposent à
cette « end bottom line » on peut
citer les suivantes.
La concurrence est bien la première
force destructrice de la ligne du bas.
Considérons une entreprise A
produisant une marchandise quelconque M
a un prix donné, prix abordable pour le
consommateur et permettant de dégager un
bénéfice au profit des actionnaires de
A. Si une autre entreprise B produit la
même marchandise M à un prix moins
élevé, les consommateurs vont évidemment
acheter la moins cher et l’entreprise A
ne vendra plus rien ou considérablement
moins.
Qu’elle devra être la réaction du
dirigeant de l’entreprise A face à ce
grave problème ?
D’abord la haine s’emparera de ce
dirigeant et des actionnaires de A,
haine de l’entreprise B qui cherche à
les appauvrir et haine de cette
concurrence indésirable.
Cette haine du dirigeant A sera
d’autant plus vive que la conséquence de
cette concurrence peut être le dépôt de
bilan de sa société, et, pour lui, le
chômage sans indemnité et le risque d’un
plongeon dans la ruine et la pauvreté.
Que peut-il faire ? Il peut
évidemment baisser son prix de vente et
accepter de faire moins de bénéfices,
mais il peut surtout chercher à produire
la marchandise M avec un prix de revient
moindre afin de retrouver une marge afin
de concurrencer B et lui soustraire le
marché.
Les dirigeants d’entreprises haissent
la concurrence et préfèrent les
monopoles.
Dans le bilan de l’entreprise A comme
B figurent deux colonnes ; le passif, à
droite, dont les montants vont se
soustraire a ceux de la colonne d’actifs
à gauche dans laquelle figure,
principalement, le montant des ventes.
Dans la colonne de droite de passif,
les postes les plus importants sont les
achats des matières premières et des
produits semi finis à transformer, et
surtout les salaires avec les charges
inhérentes qui y sont attachées. Il faut
donc pour A diminuer le montant de la
colonne passif de droite pour relancer
les ventes et augmenter le montant de la
colonne de gauche, actif.
La dernière ligne du bas ou « end
bottom line » montre la différence
entre la somme des montants figurant
dans ces deux colonnes.
Pour produire moins cher A dispose de
cinq solutions.
1. Augmenter la productivité, c’est à
dire produire plus dans le même temps
d’emploi des salariés, donc mécaniser,
rationaliser et simplifier les gestes
productifs (taylorisme, fordisme), ce
qui équivaut a diminuer le nombre des
salariés pour faire baisser la valeur de
la marchandise.
2. Supprimer la concurrence :
• vendre de nouveaux produits, par
l’innovation, en créant des marchandises
qui seront momentanément sans
concurrence ;
• monopoliser, étatiser, posséder des
marchés protégés
3. Employer une main d’œuvre acceptant
de plus bas salaires pour le même
travail
4. S’approvisionner à moindre coût en
matières premières et produits semi
finis
5. Abandonner carrément la production de
marchandises devenues non rentables et
utiliser le capital pour spéculer sur le
coût des matières premières. Pour cela
il lu faut évidement disposer d’un
montant important de capitaux.
Voici donc les principaux ennemis de
la « end bottom line » d’un bilan
d’entreprise manufacturant des
marchandises.
1. la concurrence
2. les salariés
3. le coût des matières premières.
4. enfin la marchandise elle-même dont
la valeur s’écroule perpétuellement
Bien entendu, si A peut agir sur ces
cinq solutions évoquées plus haut,
l’entreprise B peut en faire autant.
Ceci va définir les tendances qui vont
affecter ce mode de production dit
capitaliste et son évolution dans le
temps.
Suite aux travaux des économistes
libéraux du 18ème siècle et du début du
19ème siècle comme Adam Smith, David
Ricardo et d’autres désignés comme «
classiques », Karl Marx produisit un
important ouvrage de description du mode
de production capitaliste et de ses
tendances, ouvrage intitulé Le
Capital (Das Kapital dans la
langue allemande dans laquelle il fut
écrit) publié en 1867.
Les
fondateurs de l’économie politique
Adam Smith
(1723 - 1790)
David Ricardo (1772- 1823)
Ces tendances inéluctables comme la
baisse de la valeur des marchandises, la
baisse du taux de profit et
l’appauvrissement (paupérisation) des
producteurs, devaient selon Marx creuser
la tombe du mode de production
capitaliste dans un délai qu’il
prévoyait très bref. Il n’en fut rien et
ce mode perdure, pourquoi ?
Les travaux de Marx sont intéressants
pour la compréhension du système mais
incomplets, il n’avait pas prévu que ces
tendances inquiétantes et néfastes
allaient engendrer des réactions qui
purent, durant certaines périodes,
susciter l’apparition de contre
tendances positives amenant un
formidable essor de l’humanité.
Cependant, tendances néfastes et
tendances positives, qui s’opposent en
permanence dans ce que Marx a appelé la
« lutte des classes », voient
l’une ou l’autre l’emporter
momentanément et alternativement. Le
résultat peu soit contredire Marx soit
lui donner raison dans la description
toujours négative qu’il fait du
capitalisme.
Les
tendances, les contre tendances et la
résultante
- 1. L’augmentation de la
productivité
Elle engendre d’abord une diminution
du nombre des producteurs et incidemment
une augmentation du chômage. Elle
conduit également à l’abaissement de la
valeur des marchandises et en corollaire
son acquisition à moindre prix par une
masse plus importante de consommateurs.
Elle conduit aussi parfois à une
augmentation considérable des ventes et
donc de la production et du nombre de
producteurs. Elle conduit également vers
une sophistication accrue des moyens de
production, donc de la technologie
usuelle.
Elle peut conduire à une amélioration
du niveau de vie, mais la baisse de la
valeur atteint fatalement une limite
au-delà de laquelle tout bénéfice
devient impossible dans des conditions
salariales données.
- 2. La suppression de la
concurrence…
- 2. 1. … par la recherche de
nouvelles marchandises innovantes
Ces nouvelles marchandises vont se
trouver momentanément sans concurrence
et bénéficier d’une valeur élevée
jusqu’à ce qu’un concurrent soit en état
de produire la même marchandise à un
coût égal ou moindre. En 1990 un
téléphone portable coûtait plus de 3 000
€ et peu en avait ; aujourd’hui il est
possible d’acheter un modèle pour 30 €
et tout le monde en possède.
Cette tendance fut le moteur de
l’innovation technique.
- 2.2. … par la monopolisation et
l’étatisation
C’est ce que les communistes des années
70-80 ont appelé le capitalisme
monopoliste d’État. Ici il s’agit d’une
tendance lourde actuelle de l’évolution
du grand capitalisme de production.
Cette tendance conduit à chercher et
obtenir des marchés protégés par l’État
pour palier les énormes coûts
d’investissement dans les moyens de
production.
Les grandes industries issues d’un
processus de concentration par
éliminations successives des concurrents
sont contraintes de s’accaparer l’usage
de l’État au travers de leurs hommes
afin de protéger leur marché.
Aujourd’hui toutes les entreprises
cotées en bourses du CAC40 sont liées
plus ou moins à l’État et ne pourraient
fonctionner sans lui.
C’est la banque, l’industrie de
l’énergie, de la chimie et la pharmacie,
des transports de la construction
aéronautique, de l’automobile et surtout
l’industrie de défense.
On assiste à une véritable symbiose
entre l’État et les grandes entreprises,
ses dirigeants passant du sommet de
l’État à la direction de ces entreprises
et vice versa. Cette
monopolisation/étatisation va être à
l’origine de l’impérialisme, ce que
Lénine a appelé le « stade suprême du
capitalisme ».
La contre tendance est la
nationalisation d’entreprises ne pouvant
se passer de l’État pour vivre. Bien
entendu nationalisations et
privatisations ont alterné en France en
fonction de la puissance des forces
politiques s’affrontant dans la lutte
des classes.
Le grand capitalisme hait
particulièrement le libéralisme il
préfère monopoles et étatisation.
- 2.3. … par l’emploi d’une main
d’œuvre acceptant des salaires moindres
Tout d’abord Marx n’avait pas prévu
l’ampleur des luttes sociales qui sont
menées dès la fin du 19ème siècle avec
l’émergence des syndicats ouvriers.
Ceux-ci parvinrent à obtenir
satisfaction sur nombre de
revendications, à obtenir le décret de
lois sociales avec des salaires
minimums, des congés payés, la sécurité
sociale et autres. Ces luttes et ces
lois permirent l’augmentation des
salaires et des niveaux de vie et, en
corollaire, l’émergence de nouveaux
marchés de consommation.
Cela fut une formidable opportunité pour
le mode de production capitaliste durant
tout le 20ème siècle car les marchés
furent en constante augmentation et
permirent de palier les tendances
néfastes en germe dans l’« end bottom
line ».
Seulement voilà : cette fameuse « end
bottom line » conserve sa logique
propre, qui est, pour chaque entreprise,
de diminuer la masse salariale. Ne
pouvant employer des salariés payés en
dessous d’une limite fixée par la loi,
toute entreprise rivée à sa « end
bottom line » est amenée, dès que
l’opportunité lui en est donnée, à
délocaliser sa production là ou les
salaires sont bien plus bas et
attractifs.
La dérégulation mondiale, un des aspects
de la mondialisation, va changer la
donne en permettant aux entreprises qui
en ont les moyens de délocaliser.
Chaque entreprise ne peut considérer
individuellement l’intérêt général, y
compris pour son propre intérêt social,
ce qui devrait logiquement la conduire à
conserver un niveau d’emploi et de
salaire élevé afin de maintenir des
marchés.
Si « Intérêt général » n’est pas
un poste dans un bilan, « masse
salariale » figure au premier plan
dans la colonne passif. Chaque
entreprise va travailler à diminuer
l’importance de ce poste en délocalisant
et en important massivement une main
d’œuvre étrangère pouvant accepter de
très bas planchers de salaires quand
cette délocalisation est impossible
comme dans les travaux publics.
Les délocalisations massives
d’entreprises occidentales en Chine
attirées par les bas salaires et
accompagnées de monumentaux
investissements ont fait de ce pays
qualifié de « communiste » la
première puissance industrielle du
globe. Le « manager » d’une
entreprise ne dirige jamais en fonction
d’une idéologie politique, encore moins
d’une religion, celles-ci ne figurant
pas dans la colonne passif ou actif du
bilan.
Ce faisant cette fameuse « end bottom
line » contribue à scier la branche
sur laquelle chaque entreprise est
assise avec les peuples ou elle opère.
Les
conquêtes sociales avec l’existence d’un
puissant Parti Communiste ont préparé
l’avènement des 30 glorieuses en
augmentant le pouvoir d’achat des
travailleurs avec en conséquence la
promotion d’un capitalisme industriel
devenu florissant.
- 2.4. … par l’abaissement du coût
des matières premières
La recherche du coût le plus bas pour
les matières premières a poussé un
certain nombre d’entrepreneurs à
s’aventurer hors des frontières
nationales afin de s’accaparer les
richesses de régions transformées en «
colonies » et, par la suite,
tenter de vendre aux habitants de ces
régions, cher, les produits manufacturés
avec ces mêmes matières premières.
Par exemple les Britanniques
exploitaient le coton produit par l’Inde
le transformait en tissus sur leur
territoire et le revendait aux Indiens,
c’est la raison pour laquelle Gandhi
avait toujours un rouet et passait son
temps à filer le coton pour protester
contre ce type d’exploitation
impérialiste des britanniques.
Le colonialisme et les prémisses de
l’impérialisme sont nés dés le 17ème
siècle avec l’émergence des fameuses
Compagnies des Indes de pays
occidentaux.
Cette action coloniale ne pouvait se
réaliser sans la puissance régalienne
des États, notamment des forces
militaires, une alliance intérêts privés
moyens/publics a été alors scellée très
tôt. À cette alliance colonialiste se
sont greffés des moyens financiers
privés bancaires afin de lever les
importants capitaux nécessaires à
l’exploitation et la vente sur les
marchés occidentaux des matières
premières.
Gandhi
filant le coton en signe de protestation
- 2.5. … par l’abandon de l’industrie
et la financiarisation du capitalisme
L’exploitation des matières premières,
appelées « commodities », et leur
vente sur des marchés boursiers
occidentaux avec fluctuation des cours
en fonction de l’offre et de la demande
a demandé la levée d’importants capitaux
rapidement devenus spéculatifs. En effet
il convenait souvent de surseoir à la
vente d’une cargaison par exemple de
coton, en attendant que les prix
montent. Il fallait donc pour les
capitalistes disposer d’importants
moyens financiers pour attendre le
meilleur prix de vente et faire des
bénéfices d’autant plus importants que
la cargaison ou le stock était
volumineux et la mise de fond
importante.
Ainsi naquit la spéculation haussière
sur les matières premières, mode
d’accumulation du capital qui a pris de
l’importance au cours des 18 et 19ème
siècle et qui, nous le voyons
maintenant, est devenue la principale
source d’accumulation du capital dans
les pays occidentaux.
Aujourd’hui cette spéculation haussière
se traite en salle dites de marché ou «
platforms » qui ne voient jamais
la moindre marchandise, et dans
lesquelles tout se traite
électroniquement à la vitesse
électronique : des robots informatiques
achètent et vendent, achètent et
vendent, contribuant à une hausse
incessante des prix.
On voit maintenant que la hausse
incessante du coût des matières
premières par spéculation haussière
alourdit finalement la colonne passif
des bilans au lieu de l’alléger et rend
la fabrication de marchandises encore
moins intéressante pour accumuler du
capital.
On peut
constater maintenant :
L’accumulation de capital, de nos
jours, par la production de marchandises
manufacturées est, dans les pays
occidentaux, largement grevée par les
hauts salaires et les lois sociales. Le
taux de profit y est devenu trop faible,
la tendance décrite par Marx arrive vers
zéro.
L’industrie ayant fait jadis la
prospérité des pays de l’Europe
occidentale et des USA quitte ces pays
pour l’Extrême-Orient et surtout la
Chine qui offre des bas salaires, peu de
lois sociales et une main d’œuvre docile
à l’exploitation.
En conséquence les populations des
pays occidentaux s’appauvrissent, et la
paupérisation de ces populations décrite
par Marx, un moment interrompue, reprend
avec, en corollaire, la diminution du
marché représenté par ces pays.
Les lois tendancielles affectant la
production de marchandises décrites par
Marx vont s’appliquer à la Chine de la
même manière.
Spéculation
haussière
La spéculation haussière sur le coût
des matières premières est devenue la
principale source d’accumulation du
capital. Les investissements quittent
l’industrie manufacturière dans les pays
occidentaux pour les « merchant
account » des salles de marchés.
Le rendement d’un « merchant
account » d’une « platform »
peut être de 10 % par mois ; on est très
loin de l’industrie où les bonnes
performances se situent aux alentours de
5 % par an.
Cependant, la spéculation toujours
haussière sur le coût des matières
premières n’est pas simple à organiser.
La loi de l’offre et de la demande est
insuffisante pour générer les immenses
profits actuels.
On comprend que pour organiser cette
hausse continuelle il faut plus acheter
que vendre ; en conséquence la
disponibilité de matières premières
réelles ne suffit pas ; il devient
nécessaire de fabriquer des matières
premières virtuelles, ou matières «
premières papier » possédant la même
valeur reconnue que les véritables. On
arrive à cette situation où le volume
des matières premières traitées en salle
de marché est largement supérieur aux
stocks réels disponibles
Cette spéculation demande la
disponibilité de capitaux toujours plus
importants. Le volume de ces capitaux
nécessaires dépasse le volume de la
création monétaire habituelle
traditionnellement gagée sur l’or.À
partir des accords de Bretton Wood en
1945 toutes les monnaies ont été gagées
sur le dollar ; seule la réserve
fédérale US possédait en effet le stock
d’or nécessaire pour gager sa monnaie.
Le dollar des USA est devenu, en
conséquence des accords de Bretton Wood,
la seule monnaie utilisée en spéculation
haussière sur les matières premières,
donc la seule monnaie bénéficiaire de
cette spéculation, ce qui la maintient à
un niveau élevé.
Il a fallu drainer vers le dollar et
les salles de marché de grandes
quantités de capitaux ; cela a été
accompli avec l’organisation de
l’endettement des riches pays
occidentaux solvables et ceux de l’OCDE
comme le Japon. En Europe,
l’organisation de l’endettement est
dévolue à l’Union Européenne et à sa
monnaie unique privatisée l’Euro [3].
Les
transactions bancaires d’achat et de
vente de pétrole en dollar représentent
à elles seules la moitié des transferts
de capitaux La
génération de gros profit par
spéculation haussière sur les matières
premières nécessite d’acheter ces
produits aux prix les plus bas possibles
même quand les cours sont élevés. Les
matières premières ne s’achètent jamais
au cours du jour aux producteurs, mais
avec un discount sur ce cours. Il est
donc nécessaire pour les compagnies
occidentales notamment pétrolières que
ce discount soit le plus important
possible, il est donc nécessaire de
faire pression sur les nations
productrices voire d’en prendre le
contrôle pour minimiser voire supprimer
les redevances qui leur sont dues.
C’est ce qui conduit le grand
capitalisme financier à supporter les
idéologies mathusiennes de décroissance
car selon lui :
« La finance est l’industrie de
demain car elle n’utilise pas de
ressources naturelles de manière
intensive », telle est l’utopie
évoquée par M. Bryan Scott-Quinn
responsable du programme d’étude
bancaire britannique [4].
Maintenant
pour accumuler du capital, c’est la
salle de marché plutôt que l’usine
Conclusion
On voit à quoi conduit la logique
intrinsèque de la « end bottom line
».
1. À l’abandon de la marchandise comme
moyen d’accumulation du capital.
2. À laisser produire des marchandises
de faible valeur à des nations où le
niveau de vie des producteurs est faible
(Chine).
3. À reporter l’accumulation du capital
sur ce qui est rentable encore, la
spéculation haussière sur les matières
premières.
Les profits
des négociants de matières premières
dépassent ceux des banques
En conséquence.
1. Les nations occidentales
s’appauvrissent rapidement et le marché
qu’elles représentent va s’éteindre.
2. Le coût des matières premières ne
cesse d’augmenter accélérant le
processus néfaste de baisse du taux de
profit et donc de la paupérisation.
3. La hausse continuelle des matières
premières conduit à une inflation du
montant des capitaux virtuels non gagés
sur une richesse quelconque et au
gonflement d’une bulle financière qui ne
pourra qu’éclater comme cela s’est déjà
produit en 2008, mais ce n’était là
qu’un avertissement.
4. Une petite oligarchie anglo-saxonne
disposant seule du dollar, des salles de
marché et des banques est devenue la
seule bénéficiaire du nouveau système
d’accumulation du capital par
spéculation haussière.
5. En disposant des moyens régaliens des
USA, cette oligarchie financière est
conduite à imposer sa volonté aux États,
quitte à recourir à la plus extrême
violence, en accélérant leur
exploitation, soit par la dette pour les
pays occidentaux encore riches, soit par
la prédation sur les matières premières
pour les pays producteurs dits « en
voie de développement ».
Ainsi fonctionne l’impérialisme,
stade suprême du capitalisme.
Ceux qui pensent voir dans ce
système une quelconque communauté ou
un quelconque complot ne servent
qu’à détourner l’attention des
peuples des véritables problèmes et
d’empêcher de les résoudre comme ce
fut le cas après la révolution
bolchevique en Russie avec
l’avènement du fascisme.
Le capitalisme en tant que mode
de production est-il amendable ?
Ce système en crise grave
aujourd’hui a pourtant permis un
formidable essor des forces
productives et des niveaux de vie
par la multiplication des
initiatives, alors que le socialisme
soviétique peinait à susciter ce
développement. Le système
capitaliste en fut capable quand il
était encore sous le contrôle de
chaque nation et de ses lois qui le
contraignaient dans ses aspects
positifs et bridaient ses aspects
destructeurs.
Cette dérégulation par
l’affaissement des nations
favorisées par les campagnes
médiatiques et les politiciens
corrompus a brutalement accéléré la
dégénérescence du système
principalement à partir des années
80.
Il ne peut y avoir de solution
sans commencer par rétablir des lois
nationales et des frontières afin de
favoriser la production nationale
pour la consommation nationale, sans
que soit aussi respecté le droit
international qui interdit
l’ingérence.
Il est devenu nécessaire
maintenant d’exiger le
rétablissement d’une république
véritable ou le peuple exercerait
réellement la souveraineté afin que
l’initiative économique reste au
service de la nation.
Une nouvelle révolution française
s’avère donc nécessaire.
[1]
«
Les voies d’une
nouvelle Révolution française
», par Alain Benajam,
Réseau Voltaire,
16 mars 2013.
[2]
La « end
bottom line
», c’est-à-dire, la dernière ligne du
bas.
[3]
Lire à ce propos «
L’arnaque de la
dette et l’escroquerie politicienne
», par Alain Benajam, 22 mai 2012.
[4]
Cité par Le
Monde, le
10 juin 2009.
Article sous licence creative commons
Vous pouvez reproduire librement les
articles du Réseau Voltaire à condition
de citer la source et de ne pas les
modifier ni les utiliser à des fins
commerciales (licence
CC BY-NC-ND).
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