Opinion
La Syrie : le
ʻRoyaume du Silenceʼ
Al Jazeera
Un facteur essentiel de la stabilité en Syrie : la popularité du
Président Bashar al-Assad
on Al-Jazeera.net, 9 février 2011
http://english.aljazeera.net/indepth/features/...
Les analystes s’accordent à dire que la popularité de son président, la
terreur que font régner les services de sécurité et la grande
diversité religieuse caractérisant la Syrie rendent une
révolution improbable dans ce pays.
En dépit d’une vague de protestation en
train de balayer le Moyen-Orient, jusqu’ici l’esprit
révolutionnaire n’a pas encore atteint la Syrie. Un gouvernement
autoritaire, la corruption et les difficultés de la vie
quotidienne sont des caractéristiques que la Syrie partage avec
l’Egypte et la Tunisie. Toutefois, la plupart des analystes
disent qu’en plus de l’appareil répressif de l’Etat, des
facteurs tels que la relative popularité du président syrien et
la grande diversité religieuse de la Syrie rendent improbable un
soulèvement dans ce pays.
Les activistes on-line ont exhorté les
Syriens à descendre dans les rues, mais les appels à une
« révolution syrienne », le week-end passé, n’ont produit que de
petites manifestations, principalement dans le Nord-est, kurde,
du pays.
« Avant tout, je dirais que le peuple
syrien a bien plus peur du gouvernement et de ses forces de
sécurité que ce n’était le cas en Egypte », dit Nadim Khoury, un
chercheur spécialiste des droits de l’homme résidant au Liban.
« Les groupes qui ont mobilisé les gens,
par le passé, en Syrie, toutes les sortes de protestation
populaire étant confondues, ont dû payer un prix extrêmement
élevé, notamment les Kurdes, en 2004, lorsqu’ils se sont
révoltés à Al-Qamishli, et les islamistes, au début des années
1980, en particulier à Hama ».
Ce qu’il est convenu d’appeler le massacre
de Hama, au cours duquel l’armée syrienne a bombardé cette ville
importante, en 1982 afin d’écraser une révolte des Frères
Musulmans, aurait fait près de vingt-mille morts.
« Je pense que dans l’esprit des Syriens,
la répression du régime est une donnée de fait ; cette
répression se déchaînerait immanquablement si des protestations
se produisaient et (à la différence de l’Egypte), l’armée et la
police seraient ensemble (pour cogner). Je pense que cela génère
un seuil de peur beaucoup plus élevé ».
En Syrie, les manifestations sont
illégales, en raison de l’état d’urgence installé dans le pays,
et les activistes politiques sont très souvent arrêtés et
emprisonnés. Il y a environ, estime-t-on, 4 500 ‘prisonniers
d’opinion’ dans les geôles syriennes, d’après la
Haitham Maleh Foundation,
une organisation syrienne de défense des droits de l’homme
exilée à Bruxelles.
Le Royaume du Silence
Tandis que des pages de
Facebook appelaient à des manifestations dans
toutes les villes de Syrie au début février, plus de dix
activistes ont déclaré à Human Rights Watch avoir été contactés par les services de sécurité
qui les ont mis en garde contre toute tentative de mobilisation.
« Cela fait bien des années que la Syrie
est le ‘Royaume du silence’, nous explique, à Damas, le militant
Suhair Atassi, auquel nous demandions pour quelle
raison, à son avis, il n’y avait aucune manif
antigouvernementale dans son pays.
« La peur domine dans la vie des gens, elle
l’emporte même sur la pauvreté, la faim et l’humiliation… Alors
que je me rendais vers un sit-in contre le monopole de l’unique
opérateur syrien de téléphones mobiles, auquel j’avais
l’intention de participer, j’ai expliqué au chauffeur du taxi
que j’avais emprunté où je me rendais, et pour quelle raison.
« Celui-ci me dit : ‘S’il-vous-plaît ; organisez une
manifestation pour protester contre le prix beaucoup trop élevé
du fioul ; nous mourrons de froid…’ Je lui ai demandé :
‘Etes-vous prêt à manifester avec nous contre les prix trop
élevés du fioul ?’ Il m’a répondu : ‘J’ai peur de me faire
arrêter, parce que suis chargé de toute ma famille ! »
Fawaz Gerges, professeur de politique
moyen-orientale à la London School of Economics, dit que la Syrie est un des pays du
Moyen-Orient parmi les moins susceptibles d’être frappés par la
vague des protestations populaires, en raison de la structure du
pouvoir dans ce pays.
Il dit que l’allégeance de l’armée, en
Syrie, diffère de la Tunisie, où les militaires sont rapidement
devenus parmi les principaux partisans actifs du renversement du
président (Ben Ali) et de l’Egypte, où l’armée a conservé
jusqu’ici sa totale neutralité.
« En Syrie, l’armée
est la structure du
pouvoir », dit-il. « Les forces armées se battraient jusqu’à la
fin. Ce serait un bain de sang, littéralement, parce que l’armée
se battrait pour protéger non seulement l’institution qu’elle
représente, mais le régime lui-même, étant donné que, dans ce
pays, l’armée et le régime, c’est la même chose. »
La popularité du président
Mais même si le peuple syrien osait défier
l’armée et les services secrets très redoutés (à juste titre),
les mukhâbarât, les
analystes disent que l’appétit de changement, dans l’élite
dirigeante du pays, n’est pas particulièrement important.
Beaucoup de Syriens ont tendance à soutenir
Bashar Al-Assad, qui a accédé au pouvoir après la disparition de
son père, Hafez, qui avait gouverné le pays durant trente
années.
« Un facteur important, c’est le fait que
Bashar est populaire, chez les jeunes Syriens », explique Joshua
Landis, directeur du Center for Middle East Studies de l’Université de l’Oklahoma, auteur
de
Syria Comment.
« Les jeunes sont très fiers du
Président Al-Assad. Ils n’aiment certes pas le système,
ni le régime, et la corruption leur sort par les yeux…
Mais ils ont tendance à accuser de tout cela les gens de
son entourage, ceux qu’ils nomment « la vieille garde »…
Joshua Landis,
dans Syria Comment.
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« Contrairement à Hosni Moubarak,
l’Egyptien, qui a quatre-vingt-trois ans, Bashar al-Assad est
jeune. Et les jeunes Syriens sont vraiment fiers de lui. Ils
n’aiment pas la corruption, beaucoup de choses les révulsent,
mais ils ont tendance à incriminer les gens de l’entourage de
Bashar, qu’ils appellent « la vieille garde ».
A ce commentaire, une étudiante syrienne
réagit ainsi : « Le président sait que la réforme est
nécessaire, et il y œuvre ».
« Quant à moi, je n’ai rien contre notre
président. Les principaux problèmes qu’il faut régler, c’est la
liberté de parole et d’expression, plus largement, et les droits
de l’homme. Je pense que le président et son épouse y oeuvrent
effectivement. De nouvelles ONG ont vu le jour.
« Par ailleurs, beaucoup de choses ont
changé, depuis que Bashar a accédé au pouvoir, qu’il s’agisse de
la construction des routes, des augmentations de salaires, etc.
Même en matière de corruption, il déploie beaucoup d’efforts
pour y mettre un terme, il veut aussi limiter le recours au
« piston » répandu parmi les puissants, en Syrie. Toutefois, il
ne saurait changer du tout au tout le pays en un clin d’œil ».
La fermeté de la position d’Al-Assad
vis-à-vis d’Israël, avec lequel la Syrie, techniquement, est en
guerre, a aussi contribué à sa popularité, tant à l’intérieur
que dans l’ensemble de la région.
Une société multiconfessionnelle
Les analystes soulignent que le cocktail
des communautés religieuses et des groupes ethniques qui
caractérise la Syrie différencie ce pays tant de la Tunisie que
de l’Egypte, des pays où la population est très largement
homogène. Redoutant des tensions religieuses, beaucoup de
Syriens pensent que l’accent mis par le parti Baath au pouvoir
sur la laïcité représente la meilleure des options.
« Le régime syrien se présente lui-même en
tampon entre diverses communautés, disant en gros : ‘si nous
partons, vous serez abandonnés aux loups’ », nous explique M.
Khoury. « Cela lui donne la capacité de mobiliser en sa faveur
de larges segments de la population ».
La Syrie abrite de très
nombreuses confessions
Les musulmans sunnites représentent environ
70% de la population syrienne, qui compte 22 millions de
personnes. Mais les Alaouites, une secte chiite à laquelle
appartient le président Bashar Al-Assad, joue un rôle puissant,
bien qu’elle ne compte que 10% des habitants. Les Kurdes
représentent quant à eux la minorité ethnique la plus nombreuse.
Landis dit que les Alaouites et les
chrétiens ont tendance à être les principaux partisans
d’Al-Assad.
« Si le régime tombait, beaucoup des
Alaouites perdraient leur boulot. Et ils se souviennent de
l’époque où les Frères Musulmans les prenaient pour cibles parce
qu’ils considéraient qu’ils étaient des mécréants, et qu’ils
n’étaient même pas des Arabes… »
« Et puis, bien sûr, il y a les chrétiens,
qui représentent environ 10% de la population : ce sont les
principaux soutiens d’Al-Assad et du parti Baath, parce que ce
parti est fondamentalement laïc. Ils entendent les histoires
horribles en provenance d’Irak, sur ce qui est arrivé aux
Chrétiens, qui se font massacrer et kidnapper… »
La proximité de l’Irak, autre pays très
divers du point de vue ethnique et religieux, joue sans doute un
rôle majeur dans le scepticisme des Syriens en matière de
démocratie et dans leur appétence limitée pour un changement
politique. Environ un million de réfugiés irakiens sont venus en
Syrie depuis l’invasion de l’Irak, en 2003, par une coalition
sous commandement américain.
« Les réfugiés irakiens constituent un
panneau d’avertissement, pour les Syriens », explique M. Landis.
« Grâce à eux, les Syriens ont vu ce qui se produit, lorsqu’un
changement de régime tourne mal. Cela a rendu les Syriens
conservateurs ; ils ne font pas confiance à la démocratie… »
Les
partis politiques ? - Interdits…
La Syrie est avant tout un régime de parti
unique, le pays est gouverné par le Baath depuis 1963. Beaucoup
de formations politiques sont interdites. Mais M. Landis dit que
l’absence de liberté politique ne semble pas être une
préoccupation majeure chez le peuple.
« Je suis toujours étonné de voir l’homme
de la rue, le citoyen moyen, le chauffeur de taxi, le voisin de
table auquel vous parlez au restaurant, ou les gens que vous
rencontrez, partout, ne parlent pas de la démocratie. Ils se
plaignent de la corruption, ils veulent la justice et l’égalité,
mais quand ils voient les élections au Liban, cela a le don de
les faire rigoler. Ils demandent, l’air entendu : ‘Mais qui
pourrait bien avoir besoin de ce genre de démocratie ?’ ».
La jeune génération a été dépolitisée. Les
jeunes n’adhèrent à aucun parti politique. Ils voient dans la
politique, globalement, un danger, et leurs parents les ont
d’ailleurs éduqués dans ce sens. Ils observent la violence, tout
autour de la Syrie, en particulier dans des endroits comme un
certain Irak… »
Des pages Facebook ont appelé à une « Journée
syrienne de la colère »
Tant la Tunisie que l’Egypte ont une plus
longue tradition de société civile et de pluripartisme politique
que la Syrie, et Landis qualifie l’opposition syrienne de
« notoirement muette ».
« D’une certaine manière, son
pro-américanisme a forcé l’Egypte à admettre une société civile
plus développée, alors que la Syrie a été particulièrement
coupée de l’Occident », dit-il. « En Syrie, l’opposition est
très divisée. Les Kurdes, généralement, sont en mesure de
manifester en plus grand nombre, mais il faut savoir qu’il
existe quatorze partis politiques kurdes… Quant aux dirigeants
des associations de défense des droits de l’homme, ils sont pour
moitié en prison, et d’autres ont été emprisonnés durant très
longtemps ; »
Les sites Facebook appelant à
l’organisation de protestations en Syrie les 4 et 5 février ont
été consultés par environ 15 000 signataires, mais ils n’ont pas
réussi à mobiliser des manifestants lors d’une « journée de la
colère ». De fait, des
contre-campagnes en faveur du régime, elles aussi
affichées en ligne, ont reçu un soutien bien plus important.
Ribal al-Assad (un cousin exilé du
Président Al-Assad), qui dirige l’association
Organisation for Democracy
and Freedom in Syria, basée à Londres, a dit que les gens
qui ont appelé à ces protestations vivaient tous en dehors de la
Syrie et qu’il n’était donc absolument pas surpris de constater
que rien de tel ne s’était produit dans ce pays.
« Cette campagne avait quelque chose
d’outrancier. Primo, ils ont choisi une date qui rappelait aux
gens l’insurrection des Frères Musulmans (19ème
anniversaire du massacre de Hama) », explique-t-il.
« Les gens ne veulent pas qu’on leur
rappelle ainsi le passé. Ils veulent tourner la page, ils
veulent la liberté, mais ils la veulent pacifiquement. Et
l’illustration qu’ils ont affichée sur Facebook un poing fermé,
de couleur rouge-sang, cela revenait à inciter les gens à la
guerre civile. Y a-t-il quelqu’un de sain d’esprit pour vouloir
cela ? »
« Mais, bien entendu, les gens veulent le
changement, parce qu’il y a la pauvreté, la corruption, les
arrestations sans aucune garantie, le gouvernement refusant de
donner la moindre indication sur la localisation des personnes
arrêtées durant des mois. Elles sont jugées à la suite de procès
iniques, la plupart du temps condamnées pour des motifs aussi
stupides que ‘atteinte au moral de la nation » ou « tentative de
réclamer la liberté et la démocratie’. Mais s’il y a quelqu’un
qui porte atteinte au moral de la nation, en Syrie, c’est bien
le gouvernement, et il est bien le seul à le faire ! »
‘Pas
de main tendue à Israël’
Un Syrien devenu un ‘fan’ de la page
Facebook opposée aux manifs dit qu’il ne parvient pas à imaginer
et qu’il ne veut pas voir déferler sur la Syrie des
manifestations antigouvernementales du type de celles que l’on a
vues en Egypte.
« J’aime mon pays et je ne veux pas voir
les Syriens se battre entre eux. Je ne puis imaginer de voir des
événements comme ceux d’Egypte se produire en Syrie, parce que
nous aimons réellement notre président. Nous, nous ne sommes pas
forcés de l’aimer parce qu’on nous l’imposerait »,
explique-t-il.
« Dans la composition des gouvernements, en
Syrie, Bashar al-Assad a eu recours à 100% à des personnes
talentueuses appartenant à toutes les confessions. Il n’y a pas
que des ministres alaouites, loin de là. Il y a aussi des
ministres sunnites, des ministres kurdes et des ministres
chrétiens. Le Président est marié à Asma, qui est sunnite : ils
montre en permanence que, nous autres, les Syriens, nous sommes
tous frères ».
« Les foyers syriens, comme tous
les foyers arabes, aujourd’hui, ont leur télé branchée
sur Al-Jazeera. Ils suivent ce qui est en train de se
passer en Tunisie et en Egypte. La liberté est une
sensation contagieuse, et je pense que les Syriens, eux
aussi, vont réclamer davantage de liberté.
Nadim Khoury,
Human Rights Watch.
|
« Et il est le seul président, dans le
monde arabe, qui n’ait accepté aucune ‘offre’ d’Israël, comme
l’ont fait les autres. Personnellement, et la plupart des
Syriens, sinon tous, pensent comme moi, je ne saurais accepter
un président qui donnerait une poignée de main à Israël »
Comme en Egypte et en Tunisie, le chômage
est important en Syrie. Le taux officiel est de 10%, mais les
analystes disent que 20% serait une estimation beaucoup plus
proche de la réalité. D’après un rapport
Silatech fondé sur un sondage réalisé l’an
dernier par l’institut Gallup, 32% des jeunes Syriens disent
qu’ils n’ont jamais travaillé ou été étudiants.
Depuis l’accession de Bashar au pouvoir, le
système économique syrien s’est lentement libéralisé. Les
marchés se sont ouverts aux entreprises étrangères et la
croissance du PNB devrait atteindre 5,5% en 2011.
L’an dernier, le salaire (mensuel) moyen
syrien était de 13,500 piastres (290 $), en augmentation de 6%
par rapport à l’année 2009, indique le Bureau Central des
Statistiques.
Mais comme dans certains pays de la région,
des subventions étatiques réduisant le prix de divers produits
de première nécessité, dont le fuel pour le chauffage, ont été
supprimées, et cela a très durement affecté les couches pauvres
de la population.
« La moitié la moins aisée de la population
syrienne dépense la moitié de ses revenus pour la nourriture. Il
faut savoir que les prix de la farine et du sucre ont augmenté
de près de la moitié au cours des deux années écoulées »,
indique M. Landis.
« La Syrie évolue vers le capitalisme. Cela
a eu pour effet un taux de croissance plus important, mais cela
introduit des inégalités sociales criantes. Cela attire des
investissements étrangers, et les 10% des Syriens les plus aisés
commencent à gagner des salaires approchant des standards
internationaux en termes réels, car ils travaillent dans ces
banques et dans ces entreprises industrielles de création
récente. Mais les cinq derniers déciles connaissent le plongeon
dans la misère, car ils ont des salaires bloqués et ils sont
frappés par l’inflation, par la suppression des subventions
accordées aux biens de première nécessité, ce à quoi s’ajoute le
phénomène fulgurant du manque d’eau ».
Toutefois, la revue
Forward Magazine a
récemment rapporté les propos de Shafiq Arbach, le directeur du
Bureau Syrien des Statistiques, selon lequel rien n’indique,
dans les données les plus récentes, que le fossé entre les
riches et les pauvres serait en train de se creuser, en Syrie.
« Des réformes sont nécessaires »
Dans une interview accordée au
Wall Street Journal * en janvier, le Président
Al-Assad a reconnu que la Syrie a besoin de réforme, mais il a
précisé que son pays est « immunisé » contre le genre de
troubles qu’ont connus la Tunisie et l’Egypte.
« Nous avons des conditions plus difficiles
que celle de la plupart des pays arabes, mais malgré tout, la
Syrie est stable. Voulez-vous savoir pour quelle raison ? C’est
parce que vous devez être très proche des convictions du peuple.
C’est la question essentielle. Lorsqu’il y a divergence entre
votre politique et les convictions ou les intérêts de votre
peuple, vous aurez ce vide qui génère des perturbations »,
avait-il notamment déclaré.
Mais Ribal al-Assad dit qu’il est évident
que le gouvernement syrien est préoccupé, à la lumière du
mécontentement et de la colère qui sont en train de se répandre
au Moyen-Orient.
« Juste après la révolte tunisienne, ils
ont réduit le prix du fuel domestique (utilisé surtout pour le
chauffage). L’on s’attendait à ce qu’ils augmentent les prix des
médicaments, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont distribué de
menues aides sociales à plus de 450 000 familles. Et
aujourd’hui, nous entendons dire que Facebook a été débloqué.
Ils auraient dû entamer ce processus il y a belle lurette, mais
bon, mieux vaut tard que jamais… »
M. Khoury dit que la leçon tunisienne, un
pays qui a été présenté comme un modèle économique en Afrique du
Nord, se résume au fait que la réforme économique seule ne
saurait marcher.
« Il sera intéressant d’observer la manière
dont les choses vont évoluer au cours des mois à venir »,
dit-il. « Les ménages syriens, aujourd’hui, comme tous les
autres ménages arabes, ont leur télé branchée sur Al-Jazeera.
Ils voient ce qui est en train de se passer en Tunisie et en
Egypte. La liberté est contagieuse, et je pense que le peuple
syrien va manifester son aspiration à davantage de liberté ».
[* Cette interview a été traduite en
français par mes soins, NdT :
http://www.palestine-solidarite.org/interview.Bashar_al-Assad.310111.htm
]
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
Les traductions de Marcel Charbonnier
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