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Hamas
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Vers de nouvelles perspectives ?
Ahmed Loutfi - Aliaa Al-Korachi
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Hamas .
En laissant entendre
qu’elle tolérerait un Etat israélien aux côtés d’un Etat
palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, l’organisation
qui contrôle Gaza semble se diriger vers une diplomatie plus
pragmatique en guise d’issue au blocus. Le Hamas teste aussi la
volonté réelle des Israéliens de parvenir à un règlement.
Photo Al-Ahram
Mercredi 30 avril 2008
Les jours se suivent et se
ressemblent, un adage qui, somme toute, s’applique peu à la
politique et surtout à la question proche-orientale et à ce
dossier palestino-israélien. On peut parfois tourner autour du
pot, mais dans un contexte où le quotidien apporte son lot de
morts et de violence et où les perspectives du futur témoignent
d’une véritable apocalypse, la politique avance : c’est bien la
poursuite de la guerre par d’autres moyens, comme on le dit.
Israël, lui, bien arrogant et fier de sa machine de guerre
semble apparemment le moins disposé à vouloir négocier, même
s’il est tenté de le faire. Le Hamas dont l’étiquette islamico-révolutionnaire
le rend intransigeant en principe, ne dédaigne pas tellement les
avancées politiques. Aujourd’hui, la réalité impose de faire
preuve d’un sens de compromis. Les faits et les déclarations
sont là pour le prouver.« Le Hamas est prêt à reconnaître le
droit d’Israël de vivre en paix si un accord de paix est conclu
et approuvé par un référendum palestinien », une déclaration de
l’ancien président américain Jimmy Carter, citant des
responsables du mouvement islamiste qu’il a rencontrés à Damas,
dont le chef en exil Khaled Méchaal. « Ils (le Hamas) ont
indiqué qu’ils seraient prêts à accepter un Etat palestinien
dans les frontières de 1967 si les Palestiniens l’approuvent et
qu’ils accepteraient le droit d’Israël de vivre en paix comme
proche voisin », a précisé Carter qui s’est vu l’objet de blâmes
et de critiques de la part de son propre pays et d’Israël qui
considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. Une
manière de contourner, si l’on peut dire, la présence réelle de
ce mouvement à Gaza. Le Hamas étant en général une composante
palestinienne qu’on ne peut ignorer. L’ex-président américain a
d’ailleurs souligné que le Hamas et la Syrie devraient être
impliqués dans toute initiative de paix visant à instaurer une
solution pacifique au conflit proche-oriental. « La stratégie
actuelle visant à exclure la Syrie et le Hamas ne marche pas.
Elle contribue à exacerber le
cycle de la violence, les malentendus et l’animosité », a-t-il
dit. « Nous pensons que le problème réside dans le fait
qu’Israël et les Etats-Unis refusent de rencontrer ces gens, et
non dans le fait que j’ai rencontré le Hamas à Damas ». Certes
le Hamas a revu à la baisse ces propos, mais il ne les a pas
complètement désavoués. « Le Hamas ne reconnaîtra pas Israël ...
Nous acceptons un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin
1967 avec Jérusalem pour capitale, un Etat souverain sans les
colonies, avec le droit de retour des réfugiés palestiniens,
mais sans la reconnaissance d’Israël », a déclaré Méchaal.
Celui-ci a affirmé mettre un veto sur les négociations directes
avec Israël mais sans exclure des « négociations indirectes ».
En fait négocier, c’est négocier, et le Hamas ici ne fait que
rejoindre Israël qui lui aussi négocie « indirectement » via
l’Egypte notamment pour la libération du prisonnier israélien
Shalit et pour une trêve aussi. D’ailleurs, selon les
observateurs, Washington a discrètement donné son assentiment à
la tentative de médiation égyptienne (lire page 4). Et
d’ailleurs, cette mission de Carter, si elle est individuelle,
n’en est pas moins importante. Dans la tradition diplomatique
américaine, anciens présidents et responsables jouent souvent le
rôle de Think Tanks surtout que l’Amérique paraît tout à fait
dans l’impasse face au chaos proche-oriental.
Cela dit, pourquoi le Hamas
lâche-t-il du lest ? Le chef du Hamas a laissé entendre qu’il
tolérerait un Etat israélien sur le reste des territoires
revendiqués, sans toutefois le reconnaître formellement mais
sans aussi faire son discours traditionnel fait de destruction
projetée de l’Etat d’Israël. L’avancée est de taille. Car le
Hamas s’engage ainsi, implicitement, à ne pas saboter les
négociations relancées en grande pompe, sous l’égide de la
Maison Blanche, lors de la conférence d’Annapolis de novembre
2007. Censées aboutir à un accord-cadre avant la fin 2008, les
discussions n’ont produit aucune avancée significative, pour
l’instant. Le mouvement islamiste avait estimé, après s’être
emparé de la bande de Gaza en juin 2007, que le président
palestinien, Mahmoud Abbass, n’était plus habilité à négocier la
paix avec Israël au nom des Palestiniens
Isolé et au bord de l’asphyxie en
raison du blocus imposé à la bande de Gaza, dont il a pris le
contrôle il y a près d’un an, le Hamas est-il obligé de tenter
une ouverture ? « Il s’agit d’un changement tactique étant donné
les conditions difficiles à Gaza, où les Palestiniens sont
condamnés à la faim. L’organisation pourrait perdre ainsi la
confiance et le soutien de la population. Même ceux qui estiment
correct le plan politique du Hamas, commencent à avoir des
doutes suite au blocus où l’on voit même des ONG internationales
incapables de mener à bien leur tâche », estime Moustapha Magdi,
chercheur au Centre d’études arabes et africaines. Pour lui,
l’alternative à cette ouverture est « le chaos, la guerre civile
ou le départ de Gaza en prenant d’assaut les points de passage
avec l’Egypte ».
Un rôle moteur de l’Egypte
D’ailleurs, comme on le voit, les
choses bougent et c’est Le Caire qui est au centre de cette
activation. Mardi, une réunion regroupant des représentants des
différentes organisations palestiniennes, en présence du chef
des renseignements égyptiens Omar Soliman, qui tient lui, en
grande partie le dossier palestinien pour élaborer une position
commune palestinienne sur une trêve avec Israël, a eu lieu. Et
même si le Fatah ne fait pas partie de ce congrès, somme toute
d’une nature exceptionnelle, le président palestinien Mahmoud
Abbass a déclaré dimanche soutenir sans réserve la médiation
égyptienne.
Dans une déclaration à la presse
à l’issue d’une rencontre d’une heure et demie dans la station
balnéaire de Charm Al-Cheikh avec le président Hosni Moubarak,
Abbass a affirmé que l’Autorité palestinienne soutient sans
réserve ni condition les efforts de l’Egypte en vue de cette
trêve. Le président palestinien a en outre déclaré qu’il était
prêt au dialogue avec le mouvement islamiste Hamas, selon les
termes de l’initiative yéménite visant à la réconciliation entre
les deux principaux groupes palestiniens, le Fatah et le Hamas.
D’ailleurs, l’ambassadeur palestinien au Caire, Nabil Amr, a
annoncé qu’il suivrait ces discussions pour le compte du Fatah
et précisé qu’il avait été « chargé du suivi des efforts menés
par l’Egypte avec les organisations palestiniennes et les autres
parties pour parvenir à la trêve ». Avec la présence de trois
groupes palestiniens se joignant au Hamas, les Comités de
résistance populaire, le Front Populaire de Libération de la
Palestine (FPLP), et le Front Démocratique de Libération de la
Palestine (FDLP), on voit bien le caractère sérieux de
l’initiative palestinienne. Contraint ou pas à une trêve, le
Hamas semble bien avoir une volonté réelle d’aller de l’avant
pour épargner aux Gazaouis le calvaire quotidien qu’ils vivent.
Somme toute, le front
diplomatique est en état de vitalité. Une sorte de course contre
la montre a lieu. Chaque sprinter a ses buts, il est vrai, mais
sortir de l’impasse, du moins apercevoir une lumière, même
diffuse au bout du tunnel, s’impose. On évoque surtout la fin du
mandat du président Bush. Abbass a déclaré qu’il avait « réclamé
des Américains de jouer un rôle plus efficace » dans les
négociations de paix. « Les entretiens avec les Américains se
poursuivent à ce sujet, notamment à l’occasion de la visite de
George W. Bush à Charm Al-Cheikh le 17 mai, et le Forum
économique mondial » pour le Moyen-Orient, qui se tient du 18 au
20 mai dans la station égyptienne. Il a souligné avoir demandé
au président américain « d’œuvrer en vue de mettre fin à la
colonisation des territoires ainsi que de considérer les
frontières de 1967 comme base de toute solution du conflit ».
Tout en affirmant que « toutes les parties concernées déploient
des efforts pour instaurer la paix en 2008 » et disant « garder
l’espoir » de tenir le délai, il a déclaré qu’il « ne savait pas
si cela allait se produire ou pas ».
Tout compte fait, la balle est à
présent dans le camp israélien. Et l’Etat hébreu semble peu se
soucier de faire preuve d’une certaine retenue en attendant les
développements de la situation. La preuve en est que les
attaques les plus violentes se poursuivent contre les
Palestiniens. A l’heure où les délégations affluaient, lundi,
vers Le Caire, une mère de famille, ses quatre enfants en bas
âge et un combattant ont été tués par des tirs israéliens à
Gaza. Les enfants, âgés de un, trois, quatre et cinq ans, ont
été tués par un tir d’obus de char qui a touché leur maison, a
indiqué un médecin des services d’urgence de l’hôpital Kamal
Adwane de Beit Lahya.
Leur mère, Miassar Abou-Maateq,
40 ans, grièvement blessée dans l’explosion, est décédée à
l’hôpital, a précisé le médecin. La cinquième victime est un
combattant du Djihad islamique, a déclaré une source au sein du
groupe. Ainsi, quatre civils contre un supposé combattant. Une
équation qui traduit toute l’ampleur du drame vécu par les
Palestiniens. Au moins, 443 personnes, en majorité des
Palestiniens, ont été tuées dans les violences depuis que les
pourparlers israélo-palestiniens ont été relancés dans la foulée
de la Conférence internationale d’Annapolis, fin novembre, aux
Etats-Unis. Le premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a
condamné dans un communiqué « le massacre qui révèle le vrai
visage de l’occupant israélien criminel et de ses tentatives
constantes de détruire les efforts régionaux et internationaux
pour lever le siège et faire cesser les attaques ». De plus, le
gouvernement israélien avait refusé d’apporter du crédit à la
proposition de trêve du Hamas. Il a estimé qu’elle n’était pas
sérieuse et serait exploitée par les islamistes, subissant les
coups de boutoir de l’armée israélienne à Gaza, pour se
renforcer. « Le calme qu’il semble proposer est un calme avant
la tempête ».
Tranchant avec la réaction
officielle, un proche du ministre de la Défense Ehud Barak a
toutefois indiqué à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat
qu’Israël n’écartait pas « un accord tacite » avec le Hamas,
comme ce fut le cas à de nombreuses reprises dans le passé. «
Nous n’écartons pas un accord tacite à condition qu’il se fasse
par étapes. Dans la première phase, nous exigeons un arrêt total
des tirs de roquettes par tous les groupes. Israël sera ensuite
prêt à réduire ses opérations si le calme continue », a indiqué
ce responsable. D’ailleurs, parallèlement à ces manœuvres, la
Syrie et l’Etat hébreu se dirigeraient vers des négociations sur
le Golan par l’intermédiaire de la Turquie. S’agit-il d’une
manœuvre de diversion pour mieux isoler le Hamas et les
Palestiniens en général ? Interrogé sur le fait de savoir si le
processus de paix palestino-israélien pouvait pâtir d’une
réactivation des négociations israélo-syriennes, Mahmoud Abbass
a affirmé qu’« il ne pensait nullement que cela pouvait se faire
aux dépens des Palestiniens ». « Nous soutenons toute démarche
effectuée par la Turquie ou autre au sujet du volet syrien et
nous n’y mettons aucune réserve », a-t-il dit.
Condamnés à s’entendre, tel
serait le mot de la fin pour les uns et les autres, les
Israéliens surtout.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 4 mai 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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