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Al-Ahram Hebdo
Des négociations en dents de scie
Abir Taleb
Mercredi 18 mars 2009
Palestine.
Les discussions menées au Caire par le
Hamas et le Fatah achoppent notamment sur la question du
programme du prochain gouvernement, tandis que des progrès ont
été enregistrés sur d’autres dossiers épineux.
Les cinq groupes de travail mis
en place le 26 février pour traiter des principaux sujets de
désaccords entre le Fatah et le Hamas poursuivent toujours leurs
discussions au Caire. Les cinq commissions qui travaillent à
huis clos, sous le patronage de l’Egypte, portent sur la
création d’un gouvernement d’entente, la réconciliation, la
refonte des services de sécurité, la réorganisation de
l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et la
préparation des élections présidentielles et législatives. Elles
devraient soumettre les résultats de leurs discussions à
l’arbitrage d’un comité directeur qui inclurait des responsables
égyptiens. Elles doivent aboutir d’ici le 22 mars, date prévue
selon plusieurs négociateurs palestiniens au Caire pour la
conclusion d’un document final sur cette réconciliation.
Des discussions qui traînent en
longueur malgré l’échéance de la fin du mois au maximum, signe
d’un climat relativement tendu et de négociations difficiles. En
effet, on assiste tantôt à la naissance d’un brin d’espoir,
tantôt à la disparition de cet espoir. Car les divergences sont
profondes. Et touchent à de nombreuses questions épineuses. Pour
l’heure, les progrès enregistrés concernent la réconciliation et
les élections. « Mais des divergences subsistent sur la
composition et le programme d’un gouvernement d’entente
nationale », a dit lundi à l’AFP Abdel-Rahim Mellouh, membre de
l’exécutif de l’OLP.
Pour ce qui est des points
d’accords, plusieurs participants, dont le député indépendant
Moustapha Barghouthi, ont fait part de la conclusion d’un accord
dimanche soir sur la tenue des législatives et de la
présidentielle avant fin janvier 2010. Selon Wassil
Abou-Youssef, secrétaire général du Front Populaire de
Libération de la Palestine (FPLP) dont les propos ont été repris
par l’agence égyptienne Mena, les délégués ont fixé le 25
janvier 2010 comme date butoir. Le Hamas refuse jusqu’ici la
tenue de nouvelles législatives avant la fin du mandat du
Parlement actuel, qu’il domine, en janvier 2010. Il exige en
revanche un scrutin présidentiel, faisant valoir que le mandat
de M. Abbass à la tête de l’Autorité palestinienne s’achevait
normalement le 8 janvier 2009, ce que le Fatah conteste.
En revanche, les divergences
portent, selon M. Mellouh, sur les engagements que devrait
prendre le gouvernement pour s’ouvrir à la communauté
internationale et sur la composition du gouvernement. Deux
questions de grande importance. Le Hamas est appelé dans ce
contexte à reconnaître les accords conclus par l’OLP, qui a
accepté la création d’un Etat palestinien aux côtés de l’Etat
hébreu et a renoncé à la violence, en vue de sa participation à
un gouvernement d’entente nationale. Un tel engagement, exigé
également par la communauté internationale, notamment les
Etats-Unis et l’Europe, signifierait une reconnaissance, bien
qu’indirecte, d’Israël par le Hamas. Le Fatah insiste pour que
son rival islamiste « se conforme aux » accords déjà conclus
avec Israël, mais le Hamas refuse de s’engager sur ce point. Ce
dernier a proposé de modifier la formulation, en employant le
verbe « respecter » au lieu de « se conformer à ». Mais cette
proposition ne satisfait ni les Etats-Unis, ni Israël, ni leurs
alliés occidentaux. A cet effet, le porte-parole du mouvement
islamiste palestinien, Fawzi Barhoum, a déclaré : « Le Fatah
doit tirer les conclusions de plusieurs années de négociations
avec Israël au cours desquelles ce mouvement a appliqué à la
lettre ses engagements sans contrepartie de la part de l’Etat
hébreu ».
Divergences sur le gouvernement
Outre cette question essentielle
non seulement pour la réconciliation nationale, mais aussi pour
le conflit israélo-palestinien, les rivaux palestiniens sont
aussi en désaccord sur la question cruciale de la formation d’un
futur gouvernement d’entente nationale qui serait chargé
notamment de préparer ces scrutins. Les deux parties ne
s’accordent pas pour décider si le futur gouvernement doit être
composé de représentants des divers groupes politiques ou de
technocrates non partisans, comme le souhaitent l’Egypte et les
pays occidentaux. Ils ne sont pas parvenus non plus à s’entendre
sur une loi électorale, que ce soit sur le mode de scrutin ou
les circonscriptions, ont déclaré Abou-Youssef et Walid
Al-Aouad, représentant du Parti communiste palestinien.
Walid Al-Aouad, représentant du
Parti Communiste palestinien, a précisé que le PC palestinien
avait suggéré un compromis selon lequel le futur premier
ministre et six ministres, ceux des Affaires étrangères, de
l’Intérieur, de l’Information, de l’Education, de la
Reconstruction de Gaza et des Finances reviendraient à des
personnalités indépendantes. Les autres seraient attribués en
fonction de critères politiques.
Or, les deux questions semblent
étroitement liées. « Le problème est le programme du
gouvernement », a dit le porte-parole du mouvement islamiste
Fawzi Barhoum. Le Fatah a demandé au Hamas, en vue de sa
participation au gouvernement, de « s’engager à reconnaître les
accords conclus » par l’OLP, qui a accepté la création d’un Etat
palestinien aux côtés de l’Etat hébreu et renoncé à la violence.
« Nous devons former un gouvernement palestinien qui n’a rien à
voir avec les conditions des Etats-Unis ou d’Israël », a dit M.
Barhoum qui a réitéré le refus de son mouvement de s’engager à
respecter les accords passés avec Israël par les gouvernements
dirigés par le Fatah et par l’OLP. Tout en ajoutant : « Pourquoi
devons-nous former un gouvernement sur la base des critères
dictés par les Etats-Unis et Israël ? ».
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Publié
le 19 mars 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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