Opinion
Ecoutes de la NSA :
des cris d'orfraies pour convaincre de
quoi ?
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 26 octobre 2013
Quelle horreur ! Les satellites
européens des Etats-Unis « viennent » de
s’apercevoir qu’ils sont écoutés par la
National Security Agency (NSA). Et c’est
encore cet Edward Joseph Snowden, que 35
% de ses compatriotes voient comme un « patriote »,
qui serait venu mettre tout le monde
dans la gêne. En sommet à Bruxelles, les
28 dirigeants de l’Europe, donc
ensemble, ils doivent s’offusquer
ensemble et en faire part au Potus Barak
Obama. Certains lui ont déjà téléphoné
pour lui dire nous ne savons quoi
d’autre, sauf ce qu’ils ont bien voulu
raconter à la presse. Ils lui auraient
que ce n’étaient pas des choses qui se
faisaient « entre alliés ». C’est du
moins ce qui semble être le cas. Mais,
si nous voulons être sérieux, il y a
lieu de plutôt considérer qu’ils ont dû
bien s’amuser avec lui et qu’ils se sont
plutôt enquis de sa santé et de celles
de ses proches, dans des
«conversations » que la NSA a
certainement enregistrées pour la
postérité. Nous pouvons, en passant,
douter que François Hollande ait pu oser
expliquer à Obama qu’ « un code de
bonne conduite, cela veut dire que
l'on n’écoute pas quelqu'un que l'on
rencontre dans les
rendez-vous internationaux ». Pour
les autres, bien entendu cela est
permis, « ceux qu’on ne rencontre pas ».
En fait, le tout est qu’il fallait bien
montrer aux gens, à leurs concitoyens, à
ceux qui les ont élus, qu’ils sont tout
aussi indignés qu’eux. Il y a eu ces
coups de téléphone, mais il y a aussi
cette déclaration, lue
par le président du Conseil européen,
Herman Van Rompuy, avec les 28
signatures apposées des chefs d’Etat. Il
y est dit, en préambule et entre autre,
que les « Chefs d'Etat et de
gouvernement des Vingt-huit ont été
informés des récents développements
concernant de possibles questions de
renseignement, et les profondes
préoccupations que ces événements ont
causées parmi les citoyens européens ».
Pour faire dans le service minimum
ils ne pouvaient faire moins, les
« citoyens européens », indiqués par le
pouce s’agitant au-dessus de l’épaule.
Des citoyens qui, peut-être, entre les
angoisses de lendemains forts peu
rassurants et un quotidien de plus en
plus grisâtre, peuvent pourraient se
poser des questions supplémentaires sur
les notions de liberté, de démocratie et
de respect du droit à la vie privée. Des
notions dont ils sont de plus en plus
bassinés, au cours ou en préparation des
opérations de « démocratisation » de
pays soumis à des « dictatures
liberticides ». Ce à quoi la déclaration
des 28 signataires fait référence en
soulignant « que la collecte de
renseignements est un élément vital de
la lutte contre le terrorisme » et
rappelant, pour la forme, qu’un « manque
de confiance pourrait porter préjudice à
la nécessaire coopération dans le
domaine de la collecte de
renseignement. » Après ces effets de
style, après les coups de projecteurs de
médias préposés à la retransmission du
spectacle, la chose sera remisée. En
attendant que Snowden à partir de son
refuge russe en remette une couche. Et
il doit en avoir, sous le coude, des
révélations, plus croustillantes les une
que les autres…
Article publié sur
Les Débats
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