Opinion
La
démocratie revendiquée en Occident
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 18 octobre
2011
Beaucoup
ont dû se frotter les yeux, pour être
sûrs qu'ils ont bien lu les slogans qui
barraient les banderoles des «Indignés»,
partout aux Etats-Unis, en Europe et en
Australie. Et pour cause, ils
détonnaient fondamentalement avec ce
qu'on croyait établi. On croyait que la
démocratie régnait dans ces pays et que
le capitalisme était le meilleur système
du monde. De toute évidence, cétait se
tromper lourdement. Les centaines de
milliers de gens humbles revendiquaient
la démocratie et ne voulaient pas du
capitalisme. De plus, ils sont les mieux
placés pour en parler. D'après ce qu'ils
disent, le pouvoir appartient aux
capitalistes et non au peuple. Ils
disent, aussi, que cela va très mal pour
eux et qu'ils n'en peuvent plus de
supporter d'être les victimes d'une
«crise» qui ne frappe que les
travailleurs et les pauvres en général.
«Les puissances travaillent pour le
bénéfice de quelques-uns, ignorant la
volonté de la grande majorité. Cette
situation intolérable doit cesser»,
proclame le texte du manifeste des
manifestants du 15 octobre. Ce qui nous
fait faire ce tragique rapprochement
avec ce que la «communauté
internationale» veut à tout prix nous
imposer. Sa «démocra- tie» et son
«Economie de marché», c'est-à-dire le
capitalisme. Avant cela, il n'y en avait
que pour ces «experts» qui, à longueur
de doctes articles, nous bassinent
sur le sujet et honni soit qui mal y
pense. La libre-entreprise, la panacée
au sous-développement, que nos
dirigeants ont expérimentée avec un zèle
exemplaire. Ça n'a pas marché. On leur a
dit qu'il fallait faire plus. On ne sait
pas quoi, on n'est pas dans les
coulisses du pouvoir pour le savoir.
Mais, ça s'inscrit dans «l’approfondis-
sement des réformes», parce qu'il n'a
pas suffi que l'Etat se croise les bras
et contemple les milliards de dollars
qui s'accumulent et dont il ne sait quoi
faire. On lui a dit de «laisser faire»
et il n'a rien fait d'autre que «laisser
faire». Il a eu les émeutes en
retour. Là, cela relève de sa compétence
et il doit se débrouiller avec. Depuis
peu, il y a une sorte d'ébrouement.
L'Etat veut se remettre à s'occuper de
l'économie réelle, dont presque personne
ne s'occupe. Ne nous trompons pas, il a
juste quelques timides projets.Pour-
tant, on entend des cris d'indignation
contre ce retour au «socialisme». Le
gouvernement, sur une coupable
défensive, jure que c'est juste parce
qu'il ne voit pas venir les investisse-
ments du «haut de Bouzaréah».
Normalement, il ne devrait plus avoir
peur, maintenant que les Australiens,
les Européens et les Etatsuniens sont en
train de donner une leçon au monde
entier sur la réalité du «marché». Et
encore, eux, ils sont développés, pas
nous. C'est-à-dire qu'ils ont déjà
réussi ce que nous devrions réussir
d'après nos «conseilleurs»,
vedettes des médias bien pensants.
Riches, ils souffrent de cette réussite
qui, in fine, ne concerne pas les
peuples. Qu'en sera-t-il des pauvres ?
On attend de nos «experts» qu'ils
nous expliquent pourquoi ils sont si
féroces à vouloir nous imposer un
système aux effets aussi catastrophiques
?
Article publié sur
Les Débats
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