Opinion
Ghaza : qui
condamne-t-on ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 14 mars
2012
A Ghaza, il s'agit de «confrontation
entre Israël et les groupes armés» ou de
«raids contre des tirs de missiles». A
Ghaza, ce sont des centaines de milliers
d'enfants, de femmes et d'hommes,
Palestiniens, c'est-à-dire des
autochtones de la Palestine, qu'une
puissance coloniale maintient dans un
ghetto et leur refuse le droit à
l'existence, en les coupant du monde
extérieur. Quand certains d'entre eux en
viennent à vouloir se rappeler à ce
monde extérieur, ils ont recours à des
roquettes artisanales qu'ils lancent
contre leurs oppresseurs, tout en
sachant que des bombardiers viendront
leur rendre au centuple leurs tirs
dérisoires. C'est ce qui se produit ces
jours-ci. Israël bombarde Ghaza, pour
tuer. Il y a, comme d'habitude, des
réactions. A commencer par les membres
du Quartette sur le Proche-Orient
(Etats-Unis, Russie, Union européenne et
ONU) qui ont toujours les mots qu'il
faut, presque toujours les mêmes. Ils
expriment «leur grave inquiétude à
propos de l'escalade de la tension» et
appellent «au calme». L'ONU suit
toujours les événements, de près. Son
secrétaire général, Ban Ki-moon, se dit
«gravement préoccupé par cette nouvelle
escalade entre Ghaza et Israël ; une
fois de plus, des civils en paient un
prix terrible». Il juge «inacceptables»
les tirs de roquettes palestiniennes
«contre des civils israéliens» et
«exhorte» les «autorités israéliennes» à
«exercer une retenue maximale». Le souci
pour le quartette, comme pour l'ONU, est
toujours d'utiliser des éléments de
langage «équilibrés». Hillary Clinton,
elle, ne se préoccupe pas de ce type de
précaution et y va sans sourciller :
«Laissez-moi condamner dans les termes
les plus forts les tirs de roquettes par
des terroristes depuis la bande de Ghaza
vers le sud d'Israël». Elle fait, tout
de même, une petite concession à
l'équilibre, elle appelle «les parties,
toutes les parties, à faire tout leur
possible pour apaiser la situation».
Sans plus. Israël fera, comme de coutume
depuis 64 ans, ce qu'il jugera utile de
faire. Personne ne viendra lui demander
des comptes sur quoi que ce soit de ce
terrible déni d'humanité. Et sûrement
pas ces monarques du Golfe qui n'ont
plus que ce «devoir moral» de
«démocratiser» la Syrie, après l'avoir
réalisé avec la Libye. Ce n'est pas
qu'ils ne voudraient pas, en lorgnant
vers leurs opinions publiques, qu'Israël
en fasse le moins possible, mais ils
savent, en supplétifs dociles, dans quoi
se limitent leurs prérogatives. Les
sionistes, eux, savent ce que la
«communauté internationale» pense. Elle
pense comme eux pensent et disent : «Le
Moyen-Orient, est un endroit difficile
pour les Israéliens ces jours-ci. La
facture quotidienne comprend la menace
iranienne, des changements de régime en
Egypte, des émeutes et le génocide en
Syrie, et les attaques de roquettes
depuis la bande de Ghaza», plus, au
Liban, le Hezbollah, «organisation
terroriste», qui attend «des ordres de
Téhéran pour ouvrir un nouveau front
contre Israël». Ce que les éléments de
langage «équilibrés» prennent en charge,
à chaque fois que l'occasion se présente
et que le drame des Palestiniens risque
de se révéler à une opinion
internationale chloroformée.
Article publié sur
Les Débats
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