Opinion
Réformes et autres
germinations
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 2 janvier
2012
Algérie :
certains initiés des coulisses
diplomatiques nous apprennent que les
Etats-Unis voudraient un quota de
députés islamistes, tout en insistant
sur la transparence du scrutin. Autour
de 35%, dit-on. Il y a donc un effort à
faire, soit pour l'atteindre, soit pour
restreindre le score. Un nœud gordien,
quand le ministre de l'Intérieur, tancé
par Bouteflika, tance les walis et
l'administration sur le respect absolu
des directives de transparence et
d'honnêteté des opérations de vote. Les chouyoukhs qui défilent devant
l'ambassadeur étatsunien doivent être
contents. Pour une fois, ce n'est plus
les «démocrates» qui ont la primeur
auprès des maîtres du monde. Ces
derniers ont fini par opter ouvertement
pour une forme de gouvernance «plus
adaptée aux indigènes». Les Frères
musulmans, les mêmes, qui sont nés dans
les années 1950 contre les nationalisme
et le communisme, vont reprendre du
service commandé. Seulement, cette
fois-ci, ils ne seront pas réprimés et
auront droit au tapis rouge électoral,
garanti par le «droit d'ingérence».
Tunisie : l'ANC, l'Assemblée Nationale
Constituante, a connu quelques remous
lors de la présentation de la loi de
finances 2012. Des députés normalement
constitués n'ont pas accepté de voter le
texte sans l'avoir examiné et débattu.
Ils ont quitté la salle pour montrer
leur mécontentement, puis sont revenus
et se sont abstenus. La loi a été quand
même votée à la majorité des voix. Parce
que «la conjoncture exceptionnelle
justifie la méthode exceptionnelle»,
selon le président de l'ANC, Mustapha
Ben Jafaâr. Tant pis si la loi a été
rédigé par Béji Caid Essebsi,
l'ex-Premier ministre provisoire, avant
qu'il parte, et non par les élus du
peuple. De toutes les façons, elle
s'adresse aux partenaires étrangers et
aux investisseurs et non aux électeurs
et on ne peut pas répondre aux attentes
populaires. C'est ce que disent ses
défenseurs, parmi les constituants. Une
belle façon d'inaugurer un mandat, qui
n'a pu exister que grâce à la révolte et
aux sacrifices des jeunes Tunisiens.
Maroc : on nous a dit que le royaume a
connu un beau «printemps» et que les
islamistes y ont pris le pouvoir. Ce
n'était pas l'avis du Mouvement du 20
février, qui n'arrête pas de manifester,
par milliers, tous les dimanches. On va
voir ça de plus près. Le chef des
islamistes, Abdallah Benkirane, peine à
faire passer sa liste de ministres. Pour
rappel : elle passe par le palais royal,
c'est-à-dire entre les mailles du
Makhzen. Une première liste est restée
sans réponse, une autre, peut-être
d'autres doivent être constituées, selon
les réactions de M6. Le Parti pour la
Justice et le Développement (PJD) a beau
avoir été désigné par les urnes, la
démocratie du roi reste au-dessus. Le
problème est que les militants du PJD
prennent au mot, le roi, l'Union
européenne, les Etats-Unis, la France,
enfin tous ceux qui sont des voix
autorisées en la matière. Ils ont élu
l'un des ministres que le palais refuse.
Il s'agit de Mustapha Ramid, un pur et
un dur contre la corruption et les
magouilles de toutes sortes. Comme quoi
il ne faut pas croire les Occidentaux
quand ils adoubent les chefs indigènes.
Article publié sur
Les Débats
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