Opinion
Les activistes du
« printemps » arabe
et le lobby pro-israélien
Ahmed Bensaada
Ahmed
Bensaada
Jeudi 26 septembre 2013
Lorsqu’Israa Abdel Fattah sortit de la
prison d’El Kanater, cette soirée du 23
avril 2008, elle n’en croyait pas ses
yeux. Elle était finalement libre après
18 jours d’emprisonnement. Vêtue de la
version féminine de l’uniforme des
prisonniers égyptiens, une sorte de drap
blanc couvrant le corps et les cheveux,
la mine défaite et les yeux hagards
derrière ses lunettes métalliques, elle
chercha avidement un visage familier.
Elle traversa la grille de métal et,
apercevant sa mère, se mit à courir en
sa direction. Elle se jeta à son cou et
la serra si fort dans ses bras qu’on eût
dit que les deux corps n’en formaient
plus qu’un. La ferme accolade déclencha
une longue crise de sanglots chez la
fille que la mère chercha, non
sans peine, à endiguer avec de
pathétiques consolations.
Retransmise à la télévision nationale,
cette scène a ému toute l’Égypte et le
mythe de la « Facebook Girl » était né.
Il faut dire que la mère avait remué
ciel et terre pour la libération de sa
fille. En effet, deux jours plus tôt,
elle avait payé une annonce publiée par
le quotidien Al-Masry Al-Youm implorant
« le cœur de monsieur le président de la
République, monsieur Hosni Moubarak, le
cœur de madame Suzanne Moubarak et le
cœur de monsieur le ministre de
l’Intérieur, M. Habib El Adli » de
libérer sa fille [1]. Elle déclara
elle-même à la caméra, entre deux
hoquètements, que si elle avait su que
son action la mènerait dans une geôle,
elle n’aurait rien entrepris. Mais
qu’avait-elle fait de si répréhensible
pour avoir mérité l’emprisonnement,
attiré l’attention des médias et
provoqué une levée de boucliers de la
part d’organisations de défense des
libertés ?
Les activistes égyptiens et le
financement américain
Israa Abdel Fattah est une
cyberactiviste qui a milité dans
plusieurs organismes pro-démocratie.
Deux ans avant son arrestation, elle
rencontra Ahmed Maher alors qu’ils
étaient tous deux militants dans le
parti El-Ghad d’Ayman Nour. Le 23 mars
2008, ils fondèrent ensemble le «
Mouvement du 6 avril » afin de soutenir
les travailleurs de la ville
industrielle d’El-Mahalla el-Kobra (à
150 km au nord du Caire) qui avaient
planifié de déclencher une grève le 6
avril 2008 pour protester contre leurs
mauvaises conditions de travail et la
flambée des prix alimentaires [2]. Ahmed
et Israa utilisèrent Facebook pour créer
leur groupe et rallier le plus grand
nombre de personnes à la protestation.
Le succès fut inespéré: des milliers de
personnes se joignirent à eux. Les
réseaux sociaux et les nouvelles
technologies ont été fortement
sollicités ; les appels de soutien à la
grève émis par le groupe furent entendus
et suivis par de nombreuses formations
politiques telles que le mouvement
Kifaya [3]. Bien qu’officiellement
interdite, la manifestation du 6 avril
2008 vit la participation de milliers de
personnes. L’événement a été suivi par
des centaines d’arrestations et il y eut
des dizaines de blessés et au moins
trois morts [4]. Le grand succès
de l’utilisation des médias sociaux par
le « Mouvement du 6 avril » a attiré
l’attention des forces de sécurité qui
ont repéré les leaders de
l’organisation. Et c’est ainsi qu’Israa
Abdel Fattah, la « Facebook Girl »,
s’est retrouvée en prison. Comme en
témoignent plusieurs câbles Wikileaks,
Israa Abdel Fattah ainsi que de nombreux
cyberactivistes égyptiens étaient bien
connus de l’ambassade américaine du
Caire. On peut s’en rendre compte en
consultant, par exemple, les câbles
10CAIRO99 et 10CAIRO215 où,
respectivement, Israa Abdel Fattah et
Ahmed Maher y sont nommément cités.
Le document 10CAIRO99 traite de
l’arrestation (le 15 janvier 2010) d’une
trentaine d’activistes politiques qui
voyageaient ensemble pour aller
présenter leurs condoléances aux
familles de six chrétiens coptes,
victimes d’une fusillade meurtrière qui
a eu lieu le 6 janvier 2010. Parmi les
17 cyberactivistes qui faisaient partie
du groupe, on peut citer Israa Abdel
Fattah, Bassem Fathy, Ahmed Badawi et
Bassem Samir. Tous les quatre sont
membres de l’« Egyptian Democratic
Academy » (EDA), une ONG subventionnée
par la National Endowment for Democracy
(NED) [5]. Avant d’aller plus loin,
mentionnons que la NED fait partie d’un
ensemble d’organismes américains dédiés
à l’« exportation de la démocratie »
financés par le gouvernement américain
comme, entre autres, l’Usaid (United
States Agency for International
Development) et Freedom House [6]. Ces
organismes, qui ont aussi financé les
activistes des « Révolutions colorées »
[7], ont subventionné et subventionnent
encore les cyberactivistes arabes pour
mener à bien ce qui est communément
appelé le « printemps» arabe. En juin
2010, Israa Abdel Fattah reçut le prix «
New Generation » décerné par Freedom
House [8], ce qui confirme une fois de
plus la relation entre le « Mouvement du
6 avril » et cet organisme. En effet,
Sherif Mansour, responsable des
programmes de Freedom House de la région
Mena (Middle East and North Africa)
avait déjà cité Ahmed Maher dans un
article publié en 2008 dans les colonnes
du Los Angeles Times [9] et, en 2011,
David Wolman mentionna leur relation en
écrivant que Sherif Mansour « avait été
en contact étroit avec Maher et son
groupe depuis des années » [10].
Ajoutons à cela que Mohamed Adel, un
membre influent du « Mouvement du
6 avril», a suivi, en 2009, une
formation à la résistance individuelle
non violente théorisée par le philosophe
américain Gene Sharp. Cette formation a
été dispensée par le « Center for
Applied Non Violent Action and
Strategies » (Canvas) [11], un centre
financé par, entre autres, Freedom
House [12]. Mohamed Adel et d’autres
activistes égyptiens et arabes ont été
encadrés, en Serbie, par les activistes
d’Otpor, ceux-là mêmes qui ont réussi la
première
révolution colorée en 2000 en renversant
le président Slobodan Miloševic.
En ce qui concerne le party El-Ghad («
Demain », en arabe), auquel étaient
affiliés Israa Abdel Fattah et Ahmed
Maher, et dont Ahmed Badawi est un
membre fondateur, il est largement
financé par la NED, l’International
Republican Institute (IRI — Parti
républicain), le National Democratic
Institute for International Affairs (NDI
— Parti démocrate), ainsi que d’autres
organisations américaines, comme l’a
ouvertement avoué Wael Nawara,
secrétaire général de ce parti [13].
Précisons que le NDI et l’IRI sont deux
des quatre organismes par le biais
desquels la NED octroie des subventions.
De son côté, le mouvement Kifaya («
C’est assez! », en arabe) est un groupe
d’opposition soutenu par une
organisation américaine nommée «
International Center on Nonviolent
Conflict », centre qui travaille en
étroite collaboration avec Freedom House
et Canvas [14]. Bien que le tableau qui
vient d’être dressé pour les activistes
égyptiens soit loin d’être exhaustif,
tous les cyberactivistes cités
précédemment ainsi que les organismes
auxquels ils sont affiliés ont joué un
rôle important dans l’organisation des
révoltes du « printemps » égyptien qui
ont mis fin au « règne » du président
Moubarak, le 11 février 2011.
D’autre part, il est possible d’établir
une liste analogue pour chacun des pays
arabes, tout spécialement pour ceux qui
ont été « printanisés » [15]. Cette
collusion entre le cyberactivisme arabe
et les « intérêts » américains a été
longuement disserté par le blogueur
tunisien Sami Ben Gharbia dans un
article très intéressant intitulé « Les
cyberactivistes arabes face à la liberté
sur Internet made in USA » [16] et ce,
avant même le départ du président Zine
el-Abidine Ben Ali.
Fikra : une idée du lobby américain
pro-israélien
La formation et le financement des
cyberactivistes arabes par les mêmes
organismes d’« exportation de la
démocratie » a permis la création d’une
véritable « ligue arabe du Net » [17]
dont les membres se côtoient et
s’entraident tel que relaté par David D.
Kirkpatrick et David E. Sanger dans un
article du New York Times [18] et aussi
reconnu par le célèbre cyberactiviste
tunisien Slim Amamou lors d’une entrevue
en juin 2011 [19].
La connivence entre l’activisme
politique arabe et les officines
étasuniennes peut cependant aller plus
loin que ce que l’on pourrait penser,
plaçant souvent les cyberactivistes en
contradiction avec les principes
idéologiques officiellement prônés par
les organisations politiques auxquelles
ils appartiennent. En ce sens, la
création du « Forum Fikra » (Fikra :
idée, en arabe) et la participation des
activistes arabes à cette plateforme
représente un cas d’école. Selon les
renseignements publiés sur son site, le
« Forum Fikra est une communauté en
ligne qui vise à générer des idées pour
soutenir les démocrates arabes dans leur
lutte contre l’autoritarisme et les
extrémistes ».
Et d’ajouter, un peu plus loin : « Nous
croyons que la promotion du dialogue de
cette façon accordera en temps opportun,
un accès direct et mutuel à un échange
d’idées entre les personnes sur le
terrain et ceux de Washington, car ils
considèrent ensemble l’avenir de leurs
pays respectifs et les relations
américaines avec le monde arabe » [20].
Ces formules dont suinte un excès de
philanthropie mielleuse ne sont
accompagnées d’aucune information sur le
financement ou l’appartenance de ce
forum. Seule la phrase suivante est
ajoutée : « Le Forum Fikra est
reconnaissant à la fondation de la
famille Nathan et Esther
K. Wagner pour leur contribution au
lancement du Forum Fikra à la mémoire de
Steven Croft, qui au cours de sa vie,
croyait passionnément en la puissance
des idées pour transformer des vies ».
Dans un article consacré au Forum Fikra,
Maidhc Ó Cathail nous donne un peu plus
d’information sur les « croyances
passionnées » de feu Steven Croft en
citant un extrait de son avis de décès
publié dans le Chicago Tribune en
février 2009:
« Il [Steven Croft] a également été
philanthropiquement impliqué dans des
organisations locales, nationales et
internationales, y compris la «
Arthritis Foundation », l’AIPAC, les
Obligations d’Israël (Israel Bonds) et
le « Washington Institute for Near East
Policy » (Institut de Washington pour la
politique au Proche-Orient) » [21].
Ainsi, il ressort de ce texte que Steven
Croft était très lié aux causes
humanitaires, mais aussi (et surtout) à
bon nombre d’institutions gravitant
autour d’Israël. Est-il nécessaire de
rappeler que l’Aipac (American Israel
Public Affairs Committee) est le lobby
américain pro-israélien le plus influent
des États-Unis ? Son influence
disproportionnée sur la politique
étrangère américaine (en particulier
celle concernant le Moyen-Orient) a été
exhaustivement documentée par les
professeurs américains Stephen Walt
(Université Harvard) et John Mearsheimer
(Université de Chicago) dans leur
article intitulé « The Israel Lobby » [22]. On peut y lire
l’anecdote selon laquelle Ariel Sharon
aurait dit à un auditoire américain: «
Quand les gens me demandent comment ils
peuvent aider Israël, je leur dis:
«Aidez l’AIPAC» ». Comme le site
du Forum Fikra mentionne qu’il est très
reconnaissant à la Fondation de la
famille Nathan et Esther K. Wagner, il
serait donc intéressant d’avoir une idée
sur les organismes financés par
cette fondation. À ce sujet, sa
déclaration d’impôts de 2011 s’avère
très instructive. Parmi les organismes
qu’elle subventionne, on trouve la «
Jewish Child Care Association », le «
Chicagoland Jewish High School », « The
Israel Project », la « Jewish Student
Union » et le « Washington Institute for
Near East Policy » (WINEP) [23]. Mais le
plus intéressant dans ce document se
trouve dans la colonne « Objet de la
subvention » où on apprend que la
fondation finance le projet Fikra par
l’intermédiaire de WINEP. Tout cela
semble étrange dans la mesure où ce
think tank n’est mentionné nulle part
dans le site du Forum Fikra. La raison
de cet « oubli » volontaire est
compréhensible si on connait la nature
des activités de cet organisme et
l’origine de sa création. Voici ce qu’en
disent Walt et Mearsheimer dans leur
article cité précédemment: « Le Lobby
[pro-israélien] a créé son propre think tank en
1985, quand Martin Indyk a aidé à fonder
WINEP. Bien que WINEP minimise ses liens
avec Israël, affirmant plutôt fournir
une perspective «équilibrée et réaliste»
sur les questions du Moyen-Orient, il
est financé et dirigé par des individus
profondément engagés à faire progresser
l’agenda d’Israël ». Si on y ajoute que
Martin Indyk, est un ancien directeur
adjoint de la recherche à l’AIPAC, le
lien entre WINEP et l’AIPAC est
solidement établi. Et ce, sans oublier
que M. Indyk a été à deux reprises
ambassadeur des États-Unis en Israël (de
1995 à 1997 puis de 2000 à 2001). Selon
l’historien américain Juan Cole, WINEP «
a été mis en place par l’AIPAC comme
think tank afin de promouvoir les
intérêts israéliens à Washington » [24].
En fait, l’AIPAC et WINEP ont des rôles
complémentaires : « quand l’influence de
l’AIPAC s’exerce principalement sur le
Congrès, à travers d’énormes
contributions de campagne, celle de
WINEP se concentre sur les médias et sur
le pouvoir exécutif » [25].
Contrairement au site de Fikra, celui de
WINEP indique l’existence du forum dans
sa rubrique « Projets de recherche »
avec la mention « Projet Fikra est un
effort audacieux pour contrer la
propagation de l’extrémisme radical au
Moyen-Orient ». Le Forum Fikra est
dirigé par David Pollock dont le nom
figure dans la liste des experts de
WINEP et qui a œuvré comme conseiller
principal pour le Grand Moyen-Orient au
Département d’État américain. Son nom
est aussi apparu dans la liste des
faucons néoconservateurs qui ont
récemment envoyé une lettre au président
Obama, l’exhortant à attaquer la Syrie
[26]. Parmi les « contributeurs»
au Forum Fikra provenant de WINEP,
signalons la présence de Joshua
Muravchik, un néoconservateur qui avait
recommandé, en 2006, de « bombarder
l’Iran » [27]. Peut-être trouvera-t-il
le temps d’expliciter sa pensée aux
activistes arabes qui le côtoient dans
le forum ?
En plus des membres de WINEP, un nom
attire l’attention dans la liste des
contributeurs: celui du Dr. Josef Olmert.
Ce dernier n’est autre que le frère de
l’ancien Premier ministre israélien Ehud
Olmert, information « volontairement »
oubliée sur le site de Fikra. Josef
Olmert a été directeur du Bureau de
presse du gouvernement israélien et
conseiller du Premier ministre Yitzhak
Shamir ainsi que de l’ancien ministre de
la Défense, Moshe Arens [27].
Ainsi, Fikra, forum qui est censé «
soutenir les démocrates arabes dans leur
lutte contre l’autoritarisme et les
extrémistes » est une création du lobby
américain pro-israélien, géré et financé
par ses soins.
Fikra et les activistes arabes
Plusieurs dizaines d’activistes arabes
font partie du Forum Fikra. Certains
d’entre eux sont des « vedettes » du «
printemps » arabe. L’Égypte est bien
représentée dans ce forum avec
approximativement le quart du nombre
total. À côté de la « Facebook Girl »,
Israa Abdel Fattah, on trouve Bassem
Fathy, Ahmed Badawi et Bassem Samir. On
peut y ajouter les noms de Dalia Ziada,
célèbre cyberactiviste, membre de l’«
Ibn Khaldoun Center for Development
Studies », ONG très généreusement
subventionnée par la NED [28]. Dalia
poursuit actuellement une maîtrise en
relations internationales dans une
université américaine. L’histoire ne dit
pas qui finance ses études. Saad Eddin
Ibrahim, fondateur de centre Ibn
Khaldoun, fait partie du forum. Honoré
par Freedom House [29], cet ancien
professeur de l’université américaine du
Caire a déjà été membre du conseil
consultatif du « Project on Middle East
Democracy » (POMED), un organisme qui
travaille de concert avec Freedom House
et qui est financièrement soutenu par la
NED [30].
Ajoutons à cette liste le nom d’Ahmed
Samih, directeur du « Andalous Institute
for Tolerance and Anti-violence Studies
» et celui de Mozn Hassan, fondatrice de
« Nazra for Feminist Studies ». Ces deux
ONG ont reçu des subventions de la NED
[31].
Il serait trop fastidieux de citer tous
les activistes égyptiens faisant partie
du forum, mais soulignons la présence du
secrétaire général du parti El-Ghad,
Wael Nawara. Il est tout de même
étonnant de voir tous ces activistes
égyptiens frayer avec des faucons
pro-israéliens alors qu’ils ont été (ou
le sont encore) militants
d’organisations telles que le «
Mouvement du 6 Avril », Kifaya ou El-Ghad
qui sympathisent avec la cause
palestinienne et qui, dans leurs
déclarations officielles, traitent
Israël d’« état sioniste raciste » ou
d’« ennemi sioniste ». Le Forum
Fikra compte dans ses rangs des
activistes syriens pro-américains tels
qu’Ammar Abdulhamid ou les illustres
membres du Conseil national syrien (CNS)
Radwan Ziadeh et Ausama Monajed. Les
relations entre les deux premiers et
l’administration américaine ont été
discutées dans un précédent article
[32]. Ausama, quant à lui, est un très
grand admirateur de Gene Sharp qu’il a
rencontré à quelques reprises, et ce,
bien avant le « printemps » arabe [33].
Dans un article fouillé sur l’opposition
syrienne, Charlie Skelton nous explique
les liens qui existent entre Ausama
Monajed et le Département d’État
américain [34]. Les autres pays
arabes représentés dans le Forum Fikra
sont: l’Arabie Saoudite, le Yémen, la
Jordanie, le Liban, l’Irak, l’Algérie,
la Tunisie, le Maroc, le Koweït et le
Bahreïn. Deux hauts fonctionnaires
de la NED sont des contributeurs du
forum : Abdulwahab Alkebsi (Yémen) est
l’ancien directeur de la région MENA
alors que Rahman Aljebouri (Irak) en est
agent de programme principal. En
conclusion, force est d’admettre qu’un
grand nombre d’activistes arabes, après
avoir été formés et financés par des
organismes étasuniens d’« exportation de
la démocratie », s’acoquinent avec le
lobby américain pro-israélien. Si on
tient compte de la politique belliqueuse
et arrogante de l’état hébreu dans le
Monde arabe et du sentiment
anti-israélien dans la population arabe
en général, il est permis de se poser de
sérieuses questions sur le but recherché
par les activistes arabes en participant
à un tel forum. En Égypte, la situation
des cyberactivistes est très précaire.
Le mois dernier, des plaintes ont été
déposées contre Ahmed Maher et Israa
Abdel Fattah « pour avoir perçu de
l’argent de l’étranger pour provoquer
des troubles en Égypte» [35]. Bien
que ces plaintes n’aient pas abouti, les
réseaux sociaux et les émissions
télévisées s’en donnent à cœur joie
contre ces « héros » du début du «
printemps » arabe. Mais si ses
accointances avec le lobby pro-israélien
venaient à prendre une mauvaise
tournure, la « Facebook Girl »
pourrait-elle encore dire que si elle
avait su, elle n’aurait rien entrepris ?
Références
1-
Gilles Klein, « Esraa,
première protestataire d’Égypte en 2008? »,
Arrêt sur images, le 5 février 2011,
http://www.arretsurimages.net/breves/2011-02-05/Esraa-premiere-protestataire-d-Egypte-en-2008-Liberation-id10280
2-
David Wolman, «
Cairo Activists use Facebook to rattle
regime », Wired, 20 octobre 2008,
http://www.wired.com/techbiz/startups/magazine/16-11/ff_facebookegypt?currentPage=all
3-
Joel Beinin,
« L’Égypte
des ventres vides », Le Monde
Diplomatique, mai 2008,
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=article_impr&id_article=20043
4-
Amnesty
International, «
Égypte : pas de justice en vue pour 49
personnes devant être jugées par un
tribunal d’exception », 5 septembre
2008,
http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/news/egypt-no-justice-49-facing-trial-emergency-court-20080905
5-
NED, «
2010 Annual report : Egypt »,
http://www.ned.org/publications/annual-reports/2010-annual-report/middle-east-and-north-africa/egypt;
À cause de la
grande polémique entourant les
subventions américaines des ONG
égyptiennes, la NED ne publie plus les
rapports relatifs à l’Égypte depuis
2010. On peut cependant retrouver celui
de 2011 à l’adresse suivante :
http://www.documentcloud.org/documents/725319-excerpt-from-list-of-ned-grants-2011.html
6-
Ahmed Bensaada, « Arabesque
américaine : Le rôle des États-Unis dans
les révoltes de la rue arabe »,
Éditions Michel Brûlé, Montréal (2011),
Éditions Synergie, Alger (2012), chap.2.
7-
G. Sussman et S. Krader, «
Template Revolutions : Marketing U.S.
Regime Change in Eastern Europe »,
Westminster Papers in Communication and
Culture, University of Westminster,
London, vol. 5, n° 3, 2008, p. 91-112,
https://www.westminster.ac.uk/__data/assets/pdf_file/0011/20009/006WPCC-Vol5-No3-Gerald_Sussman_Sascha_Krader.pdf
8-
Freedom House, «
Freedom House honors Human Rights
Activists from Middle East »,
http://www.freedomhouse.org/article/freedom-house-honors-human-rights-activists-middle-east
9-
Sherif Mansour, «
Egypt’s Facebook showdown », Los
Angeles Times, 2 juin 2008,
http://articles.latimes.com/print/2008/jun/02/opinion/oe-mansour2
10-
David Wolman, «
Did Egypt Detain a Top Facebook
Activist? », Wired, 2 février 2011,
http://www.wired.com/dangerroom/2011/02/leading-egyptian-facebook-activist-arrested-friends-say/
11-
Ahmed Bensaada, « Arabesque
américaine : Le rôle des États-Unis dans
les révoltes de la rue arabe »,
op.cit;
p.72.
12-
Maidhc Ó. Cathail, «
The Junk Bond “Teflon Guy” Behind
Egypt’s Nonviolent Revolution »,
Dissident Voice, 16 février 2011,
http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/
13-
RT America,, «
Taxpayer billions promote democracy hoax
abroad », 19 novembre 2010,
http://www.youtube.com/watch?v=-MCgHDoZHJg
14-
Ahmed Bensaada, « Arabesque
américaine : Le rôle des États-Unis dans
les révoltes de la rue arabe »,
op.cit; p.55.
15-
Ahmed Bensaada, « Printemps
arabe : le rôle des États-Unis
», in « La
face cachée des révolutions arabes »,
Éditions Ellipses, Paris (2012),
pp.378-383.
16-
Sami Ben Gharbia,
« Les cyberactivistes arabes face à la
liberté sur Internet made in USA »,
Nawaat, 3 janvier 2011,
http://nawaat.org/portail/2011/01/03/les-cyber-activistes-arabes-face-a-la-liberte-sur-internet-made-in-usa/
17-
Pierre Boisselet, «
La “ligue arabe” du Net », Jeune
Afrique, 15 mars 2011,
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2617p052-056.xml0/internetfacebook-hosni-moubarak-zine-el-abidine-ben-alila-ligue-arabe-du-net.html
18-
David D. Kirkpatrick et David E. Sanger,
«
A Tunisian-Egyptian Link That Shook Arab
History », New York Times, 13
février 2011,
http://www.nytimes.com/2011/02/14/world/middleeast/14egypt-tunisia-protests.html?pagewanted=all&_r=0
19-
Algérie-Focus, « Interview
de Slim404 : le blogueur tunisien devenu
ministre (vidéo)
», 29 juin
2011,
http://www.algerie-focus.com/blog/2011/06/interview-de-slim404-le-blogueur-tunisien-devenu-ministre/
20-
Fikra Forum, « About us »,
http://fikraforum.org/?page_id=2&lang=en
21-
Maidhc Ó Cathail, «
Fikra: An Israeli Forum for
Arab Democrats », 21 février 2012,
http://maidhcocathail.wordpress.com/2012/02/21/fikra-an-israeli-forum-for-arab-democrats/
22-
John Mearsheimer et Stephen Walt, « The
Israel Lobby », London Review of
Books, Vol. 28, No. 6, 23 mars 2006,
pages 3-12,
http://www.lrb.co.uk/v28/n06/john-mearsheimer/the-israel-lobby
23-
Public.Resource.Org,
« Nathan
and Esther K. Wagner Family Foundation
», Form 990-PF, 2011,
https://bulk.resource.org/irs.gov/eo/2013_05_PF/36-4145039_990PF_201209.pdf
24-
Juan Cole,
« Fear
Stalks Iraq As Truce Ends Us
», Juancole.com, 18 août 2005,
http://www.juancole.com/2005/08/fear-stalks-iraq-as-truce-ends-us.html
25-
Joel Beinin, « Un
think tank au service du Likoud »,
Juillet 2003, Le Monde Diplomatique,
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/BEININ/10250
26-
Ahmed Bensaada, « Syrie
: le dandy et les faucons »,
Reporters, 15 septembre 2013,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=234:syrie-le-dandy-et-les-faucons&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
27-
The Huffington Post, «
Dr. Josef Olmert »,
http://www.huffingtonpost.com/dr-josef-olmert/
28-
Voir, par exemple,
référence 5
29-
Freedom House,
« Freedom
House Honors Jailed Egyptian Human
Rights Activist
», 21 octobre 2002,
http://www.freedomhouse.org/article/freedom-house-honors-jailed-egyptian-human-rights-activist?page=70&release=118
30-
Ahmed Bensaada, « Arabesque
américaine : Le rôle des États-Unis dans
les révoltes de la rue arabe »,
op.cit;
p.59.
31-
Voir, par exemple,
référence 5
32-
Voir référence 26
33-
Media Education Foundation, « How
to start a revolution (transcripts) »,
http://www.mediaed.org/assets/products/155/transcript_155.pdf
34-
Charlie Skelton,
«
The Syrian opposition: who's doing the
talking? », The Guardian, 12 juillet
2012,
http://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking
35-
Nina Hubinet, « Au
Caire, entre soulagement et inquiétudes ».
La Croix, 29 août 2013,
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Au-Caire-entre-soulagement-et-inquietudes-2013-08-29-1004023
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Reporters
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