Opinion
Libye : les
limites de la théorie de la non-violence
de Gene Sharp
Ahmed
Bensaada
Ahmed
Bensaada -
Photo :
Patrick Deschamps - MontréalExpress
Mardi 20
septembre 2011
Philosophe et politologue américain,
Gene Sharp est l’auteur de l’ouvrage « De
la dictature à la démocratie »,
livre de chevet depuis près de deux
décennies de tous les activistes du
monde non-occidental rêvant de renverser
des régimes jugés autocratiques. Ancien
professeur émérite à l’université du
Massachussetts et chercheur à Harvard,
il rédigea la première mouture de son
« manuel du parfait dissident » en 1983,
version destinée aux opposants birmans
de Thaïlande. Actuellement, ce livre est
disponible en 25 langues différentes
(dont l’arabe) et ce, gratuitement
téléchargeable sur Internet
[1].
La théorie
Dans cet ouvrage, Gene Sharp décrit les
198 méthodes d’actions non violentes
susceptibles d’être utilisées dans les
conflits en vue de renverser les régimes
en place.
Parmi elles, notons la
fraternisation avec les forces de
l’ordre, les défilés, les funérailles
massives en signe de protestation, les
messages électroniques de masse, les
supports audiovisuels, les actes de
prière et les cérémonies religieuses,
l’implication dans le nettoyage des
places publiques et des endroits qui ont
été la scène de manifestations,
l’utilisation de slogans forts (comme le
« Dégage » ou « Irhal »), des logos
(comme le poing fermé), des posters avec
les photographies des personnes décédées
lors des manifestations et une certaine
maîtrise de l’organisation logistique
[2].
La mise en pratique
Pour mettre en pratique ses idées, Gene
Sharp crée, en 1983, l’Albert Einstein
Institution et se fait « aider » par
Robert Helvey, un ancien colonel de
l’armée américaine, spécialiste de
l’action clandestine et doyen de l’École
de formation des attachés militaires des
ambassades américaines. Considéré par
plusieurs observateurs comme un membre
actif de la CIA
[3],
Helvey fut en charge de la formation,
entre autres, des jeunes dissidents
serbes du mouvement « Otpor »
(« Résistance » en serbe) qui a été à
l’origine de la chute du régime de
Slobodan Milosevic en 2000. Fort de ce
succès, ces dissidents fondèrent le
« Center for Applied Non Violent Action
and Strategies » (CANVAS), sous la
direction d’un de leur leader, Srdja
Popovic. Ce centre est spécialisé dans
la formation à la lutte non violente des
révolutionnaires en herbe à travers le
monde.
Cette brillante application des théories
de Gene Sharp fut suivie par d’autres
succès retentissants : Géorgie (2003),
Ukraine (2004) et Kirghizistan (2005).
C’est ce qu’on a appelé les révolutions
colorées à cause des noms avec lesquels
elles ont été baptisées : rose, orange,
tulipe, etc.
Il a été démontré de manière claire que
les révolutions colorées (ainsi que
CANVAS) ont été financées par des
organismes américains spécialisés dans
l’ « exportation de la démocratie ». Ces
organismes, subventionnés par
l’administration américaine, sont
l’United States Agency for International
Development (USAID), la National
Endowment for Democracy (NED),
l’International Republican Institute
(IRI), le National Democratic Institute
for International Affairs (NDI), et la
Freedom House (FH). On peut ajouter à
cette liste l’Open Society Institute
(OSI), fondation de George Soros, le
célèbre milliardaire américain et
illustre spéculateur financier
[4].
Rappelons, d’autre part, que le conseil
d'administration de l’IRI est présidé
par le sénateur John McCain, le candidat
républicain à la présidentielle
américaine de 2008.
Le modus operendi de ces révolutions a
été détaillé par plusieurs auteurs et a
fait l’objet de reportages très
détaillés dont celui de Manon Loizeau
[5].
Voici ce que dit, en 2010, Pierre
Piccinin, professeur d’histoire et de
sciences politiques : « Les
"révolutions colorées"
[…]
ont toutes mis en oeuvre la même recette
: un groupuscule organisateur est
financé par l’étranger et soutenu
logistiquement (ordinateurs, abonnements
à internet, téléphones portables...).
Formé par des professionnels de la
révolution, sous le couvert d’ONG
sensées promouvoir la démocratie, telle
la célèbre Freedom House, il arbore une
couleur et un slogan simple. Ensuite, ce
groupe crée l’événement, relayé par les
médias nationaux et étrangers et
mobilise le plus de monde possible: par
un militantisme acharné, centré sur la
capitale, les manifestations donnent
l’impression que la population est
majoritairement favorable au changement.
La « révolution » éclate alors, à
l’occasion d’une échéance électorale
dont les résultats sont contestés par
cette opposition créée de toutes pièces.
Le but : se débarrasser d’un
gouvernement hostile et le remplacer par
des leaders amis »
[6].
Iran 2009 : les prémices du « printemps
arabe »
Les évènements qui ont secoué la rue
iranienne
pendant l’été 2009 ont été riches
en enseignements. En effet, le mode
opératoire connu et appliqué durant les
révolutions colorées s’est enrichi de
plusieurs outils d’une efficacité
redoutable. Primo, il y a eu
l’utilisation méticuleuse des réseaux
sociaux pour la mobilisation des
activistes iraniens et le drainage
instantané d’informations à travers la
toile. Twitter, Facebook, Youtube et
autres médias sociaux ont enflammé la
blogosphère en démontrant leur force de
frappe.
Secundo, il y a eu le battage médiatique
de l’administration américaine vantant
et défendant le droit à l’utilisation
des réseaux sociaux par les manifestants
iraniens
[7].
Cette implication est allée jusqu’à
l’intervention directe auprès de
certains réseaux sociaux américains pour
permettre aux dissidents une utilisation
optimale de ces outils. Notons au
passage que ce droit « inaliénable »
offert au Persans d’utiliser les médias
sociaux lors des manifestations n’était
même pas octroyé aux citoyens américains
[8].
Tertio, il y a eu l’inestimable
contribution des médias occidentaux
conventionnels majeurs (surtout
télévisuels) dans le matraquage
médiatique et la diffusion
d’informations pour la plupart non
vérifiées ainsi que des vidéos de piètre
qualité contrastant sévèrement avec les
règles éthiques et esthétiques dont
semblait éternellement se prévaloir ce
type de médias. Ceux-là même qui avaient
coutume de se confondre en excuses pour
la moindre friture dans la bande sonore
ou d’une menue imperfection dans la
vidéo ont diffusé en boucle des
séquences filmées à l’aide de téléphones
portables de qualité telle qu’il était
souvent difficile de savoir ce qu’elles
représentaient. Très loin des standards
professionnels, ce type de documents
n’aurait jamais été diffusé s’il
s’agissait de la couverture d’un autre
évènement.
La diffusion quasi-instantanée de ces
« reportages » amateurs et leur
abondance soulèvent évidemment la
question des relations étroites entre
les cyberdissidents iraniens et les
dirigeants des médias occidentaux et de
leurs accointances.
Ces cyberdissidents ont été formés par
CANVAS comme l’indique la déclaration de
son directeur exécutif, Srdja Popovic :
«
Nous sommes déjà intervenus auprès des
activistes de 37 pays. Il y a eu des
succès, comme en Géorgie en 2003 et en
Ukraine en 2004, mais aussi des échecs,
comme au Zimbabwe, en Biélorussie ou en
Iran »
[9].
Le « printemps arabe »
L’éclatant succès des révoltes
populaires en Tunisie et en Égypte est
certainement dû à une application
pragmatique des méthodes d’actions non
violentes de Gene Sharp. Ce dernier
s’est même dit « émerveillé par la
révolution égyptienne »
[10].
Les jeunes activistes de ces deux pays
(ainsi que ceux de plusieurs autres pays
arabes) ont été formés aux nouvelles
technologies par les organismes
américains d’« exportation de la
démocratie ». Ils ont participé à de
nombreuses rencontres dont celles
organisées par l’ « Alliance of Youth
Movements » (AYM) en 2008, 2009 et 2010.
Ces conférences ont été commanditées par
le Département d’état américain et des
compagnies comme Google, Facebook et
Youtube. Parmi les prestigieux
conférenciers, on pouvait compter
Hillary Clinton et
Jack Dorsey, le créateur et
président de Twitter
[11].
Des membres du « mouvement du 6 avril »,
principale organisation de la dissidence
égyptienne ont reconnu avoir été formés
par CANVAS durant l’été 2009.
D’ailleurs, les militants de ce
mouvement ont arboré le logo d’Otpor (le
poing fermé) dans les pancartes et les
banderoles utilisées durant les
manifestations dans les rues du Caire et
des autres villes d’Égypte
[12].
Il va sans dire que les révoltes
populaires dans ces deux pays se sont
largement inspirées des expériences des
révolutions colorées et de la révolte de
la rue iranienne.
Elles ont aussi bénéficié du
développement des techniques de
contournement de la censure étatique, de
la géolocalisation des activistes lors
de leur arrestation et des transmissions
sécurisées des documents audiovisuels
permettant de montrer le visage
« inhumain » des régimes autocratiques.
Le cas libyen
Ce qui caractérise les révoltes
populaires qui ont secoué les rues
serbes, géorgiennes, ukrainiennes,
kirghizes, iraniennes, tunisiennes et
égyptiennes c’est la jeunesse des
activistes. Dans les deux derniers cas,
les manifestations ont été
essentiellement menées et organisées par
de jeunes cyberdissidents, férus de
nouvelles technologies. En Libye, ce
n’est pas du tout le cas.
Pourtant, tout avait commencé par une
page Facebook et des appels à manifester
pacifiquement comme ce fut le cas en
Tunisie et en Égypte. On a vu des
jeunes, des manifestations, des slogans
et des vidéos bas de gamme. Même le
point d'Otpor a été utilisé sur les
médias sociaux encadré par un " Free
Libya". Mais la situation a rapidement
dégénéré s'éloignant des méthodes
d’actions non violentes théorisées par
Gene Sharp. En fait, le cas libyen
présente des caractéristiques qui lui
sont propres et se distingue nettement
du reste des révoltes dont il a été
question auparavant.
Premièrement, la jeunesse a rapidement
disparu de la scène pour laisser place à
des acteurs beaucoup plus à l'aise dans
le maniement des kalachnikovs que dans
les claviers d'ordinateurs. Trois
composantes bien distinctes sont
apparues au gré des événements. Tout
d'abord, il y a le Front national pour
le salut de la Libye (FNSL) formé en
1981 au
Soudan par le colonel Jaafar Noumeiri,
ancien dictateur de ce pays (1977-1985),
et notoirement connu pour avoir été à la
solde de la CIA. D’après certaines
sources, le FNSL aurait été financé par
l’Arabie Saoudite, les services secrets
français et la CIA. Ce mouvement
politique dissident a tenu son plus
récent congrès aux États-Unis, en 2007.
Ensuite, viennent les anciens du régime
tel Moustafa Abdeljalil, ancien ministre
de la justice de Kadhafi et actuellement
Président du Conseil national de
transition (CNT). C’est celui-là même
qui a confirmé par deux fois la
condamnation à mort des infirmières
bulgares alors qu’il était Président de
la cour d’appel de Tripoli. D’ailleurs,
c’est probablement pour le remercier que
Kadhafi lui a octroyé le portefeuille de
la justice.
Finalement, il y a les combattants
islamistes comme ceux du Groupe
islamique combattant libyen (GICL). L’un
d’entre eux, Abdelhakim Belhadj, a
récemment fait la une des journaux lors
de la prise de Tripoli. Il fut
emprisonné à Guantanamo avec, entre
autres, Abou Soufian ben Qumu, un
présumé membre d’Al-Qaïda qui,
actuellement, est un notable combattant
du CNT
[13].
Deuxième particularité de la situation
libyenne: l'apparition d'un "nouvel
ancien" drapeau symbolisant la
"révolution". L'utilisation massive,
rapide et généralisée de cet étendard
datant de la monarchie anté-khadafiste
montre clairement que la révolte
libyenne a été préparée longtemps à
l'avance et n'attendait que l'occasion
propice pour être mise en pratique. Le
choix de ce drapeau est d'autant plus
étrange que le CNT ne revendique pas le
retour à un quelconque
régime monarchique.
La troisième particularité, et
probablement la plus discordante avec
l'esprit d'un « printemps arabe »,
réside dans le fait que le CNT a fait
appel à une ingérence étrangère directe
via des institutions transnationales
comme l'ONU, l'OTAN ou la Ligue arabe. À
noter que c'est cette dernière qui a
offert la légitimité aux deux autres.
Cet interventionnisme politico-militaire
occidental avec un soupçon de "colorant
oriental" est vu par plusieurs
observateurs comme ayant des relents
néocoloniaux. Il est difficile de ne pas
leur donner raison au vu du pilonnage
massif du pays, de la destruction de ses
infrastructures et de la présence de
forces spéciales (essentiellement
françaises et anglaises) pour guider les
frappes aériennes et former les
combattants amateurs du CNT
[14].
De l’avis de Dominique de Villepin,
ancien Premier ministre français, et
même Gérard Longuet, actuel ministre
français de la Défense, toutes ces
actions ont largement dépassé le cadre
donné par la résolution 1973 de l'ONU
[15].
En définitive, l'action militaire
étrangère en Libye ne s'est pas limitée
à protéger des populations civiles, mais
à armer, former, aider et favoriser une
partie contre une autre. Dans quel but?
Alain Juppé, actuel ministre français
des Affaires étrangères, a admis que le
rôle proactif de la France dans le
dossier Libyen était un "investissement
pour l'avenir": «
Quand on m’interroge sur le coût de
l’opération, le ministère de la Défense
parle de 1 million d’euros par jour, je
fais remarquer que c’est aussi un
investissement sur l’avenir»
[16].
M. Juppé n'a pas précisé de l'avenir de
quel pays il s'agissait, mais les
journaux nous ont appris que la France
avait négocié la part du lion avec le
CNT: 35% de tous les contrats pétroliers
libyens en guise de récompense pour
l'engagement de la France auprès des
rebelles libyens
[17].
De l’analyse des révoltes du « printemps
arabe », deux leçons peuvent être
tirées. La première est que les pays
occidentaux peuvent contribuer à changer
les régimes et les gouvernements arabes
avec un risque quasi-nul de pertes
humaines et un investissement très
rentable. En Libye, par exemple, le
nombre de personnes tuées depuis le
début du conflit est estimé à environ
50 000
[18]
alors que les pertes occidentales sont
nulles malgré les dizaines de milliers
de frappes aériennes des forces de
l’OTAN
[19].
D’autre part, Gérard Longuet a
mentionné que le coût total de
l'opération en Libye pour la France
pourrait être estimé à 320 millions
d'euros au 30 septembre 2011
[20].
Des broutilles si on compare ces
chiffres avec, par exemple, le coût de
l’intervention occidentale en Irak et en
Afghanistan où les pertes en vies
humaines des coalisés et leurs
investissements ont été beaucoup plus
conséquents. Avec le « printemps
arabe », le concept de guerre « low
cost » vient d’être inventé.
Évidemment, le faible coût est pour les
Occidentaux et non pour les Arabes.
La seconde leçon à méditer est que les
pays occidentaux peuvent passer, sans
états d’âme, d’une approche non-violente
à la Gene Sharp à une guerre ouverte
sous l’égide de l’ONU avec les moyens
militaires de l’OTAN, tout en
brandissant, de temps à autres,
l’épouvantail de la Cour pénale
internationale (CPI).
Mais tout ceci n’est possible qu’avec
l’existence, dans les pays arabes, d’un
« terreau fertile » à la
déstabilisation. Ce terreau est
constitué de femmes et d’hommes qui ont
perdu confiance en leurs dirigeants dont
la pérennité maladive ne laisse
entrevoir aucune lueur d’espoir. Pour
eux, la fin justifie les moyens.
C’est la réelle ouverture démocratique,
la lutte contre la corruption et
l’enrichissement illicite ainsi que
l’alternance au pouvoir dans le monde
arabe qui pourra faire en sorte que ce
terreau fertile
soit, au contraire, utilisé pour
l’édification de sociétés justes et
progressistes,
participant de manière active à l’essor
civilisationnel mondial.
C’est à ce prix que Gene Sharp et ses
théories seront relégués aux oubliettes
de l’histoire.
Montréal, le 20 septembre 2011
Références
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Arabesque
américaine »,
Éditions Michel Brûlé,
Montréal
(2011).
Ibid.
F. William Engdahl,
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», 15 octobre
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http://www.marketoracle.co.uk/Article2453.html
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», The Guardian, 26 novembre 2004,
http://www.guardian.co.uk/world/2004/nov/26/ukraine.usa
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« Les États-Unis à la conquête de l’Est
», 2005.
Ce documentaire
peut être visionné à l’adresse
suivante :
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=120:arabesque-americaine-chapitre-1&catid=37:societe&Itemid=75
Pierre Piccinin,
« Kirghizistan
- La "révolution tulipe" vire au rouge !
», 16 avril 2010,
http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com/article-kirghizistan-la-revolution-tulipe-vire-au-rouge-48711441.html
Ahmed Bensaada,
Géostratégie,
« Téhéran-Gaza :
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http://www.geostrategie.com/1724/teheran-gaza-la-difference-mediatique/
Ahmed Bensaada,
Le
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« L’Occident, les
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18 août 2011,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=135:loccident-les-reseaux-sociaux-et-les-revoltes-populaires&catid=37:societe&Itemid=75
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http://www.aeinstein.org/media/LeTemps_20110318.pdf
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30 août 2011,
http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/le-conflit-a-fait-50000-morts-dit-le-pouvoir-interimaire-libyen-30-08-2011-1368037_240.php
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http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/23/97001-20110823FILWWW00280-libye-27-des-raids-sont-americains.php
Le Monde.fr,
« La
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6 septembre 2011,
http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/09/06/la-guerre-en-libye-coutera-320-millions-d-euros-selon-longuet_1568543_1496980.html
Par Ahmed Bensaada,
Montréal (Canada)
http://www.ahmedbensaada.com/
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