Opinion
La fierté d'être
algérien
Ahmed Bensaada
Montréal, le 1er novembre 2009 Il n’y a rien de plus difficile
pour tout Algérien, par les temps qui courent, que d’être fier,
tant ce sentiment est bringuebalé par le flot quotidien de
mauvaises nouvelles charriées par les médias de tout acabit :
nous sommes moins performants que nos voisins alors que nous
disposons de plus d’atouts qu’eux, nous fabriquons des harragas
alors que notre sous-sol regorge de combustibles fossiles, les
rues de nos quartiers sont de réels sentiers de brousse alors
que le goudron est un sous-produit du pétrole, l’eau déserte nos
robinets alors que la pluie céleste dévaste des territoires
entiers, nos anciens immeubles s’écroulent un à un (sur leurs
occupants) alors que les tours de bétons phagocytent toutes les
terres agricoles qui ceinturent nos villes…
Même ici, à Montréal, nos compatriotes ont du mal à trouver
des emplois, le taux de chômage de notre communauté bat des
records et bon nombre de nos universitaires occupent des
sous-emplois.
Mais, en cette période de réjouissance marquant
l’anniversaire du déclanchement de la révolution de Novembre,
j’ai décidé de ne parler que de sujets susceptibles de remonter
le baromètre de ma fierté d’être Algérien. Même si elles sont
rares, ces occasions donnent de la couleur à la grisaille
ambiante et estompent cette morosité qui, en plus de nous rendre
fatalistes, annihile comme une vulgaire peau de chagrin toute
espérance dans un avenir meilleur.
Une nation se reconnaît à ses femmes et ses hommes qui,
donnant bénévolement de leur temps, oeuvrent pour le bien
d’autrui sans rien demander en contrepartie hormis le bonheur de
leurs semblables. C’est le cas du CCA (Centre Culturel Algérien)
qui, depuis une décennie, continue inlassablement sa mission.
Sorties, formations, conférences, repas ramadanesques et j'en
passe. Exemplaire dans son engagement communautaire, le CCA est
une vraie ruche et ses bénévoles, son essaim de chevilles
ouvrières.
De quoi rehausser ma fierté : CCA, chapeau bas!
Une nation se reconnaît à ses femmes et ses hommes qui,
donnant le meilleur d’euxmêmes, cherchent à créer un espace
identitaire, rassembleur et pérenne, pour le bien de toute une
communauté. C’est le cas des fondateurs du « Petit Maghreb » qui
ont pu, grâce à leur engagement, leur ténacité et leur travail
acharné, implanter une parcelle d’Orient en Occident. Son Souk,
désormais incontournable, est un événement haut en couleur qui
draine les foules. Cette année, il a réussi là où les
politiciens des pays d’origine ont échoué : rassembler les plus
hauts représentants des trois pays du Maghreb sur la même scène!
Peut-on rêver à la construction du « grand » Maghreb puisque
celle du « Petit » est chose faite?
De quoi attiser ma fierté : « Petit Maghreb », chapeau bas!
Une nation se reconnaît à ses femmes et ses hommes qui, se
tenant dans l’ombre, mettent les autres membres de la communauté
dans la lumière. C’est le cas de la Fondation Club Avenir qui
prône l’excellence et la persévérance comme démarche assurant un
meilleur avenir. Chaque année, à l’aide de la nuée de bénévoles
qui gravite autour, elle organise un gala très couru pour
honorer les membres de notre communauté qui se sont distingués
dans la société d'accueil par des réalisations exceptionnelles.
En leur décernant des prix et en les présentant comme modèles,
la Fondation encourage l’intégration par l’excellence.
Chacun de ses galas réunit des centaines de personnes sur les
visages desquels il est aisé de lire la joie, le bonheur et,
surtout, la fierté d’être Algérien.
De quoi exalter ma fierté : Fondation Club Avenir, chapeau
bas!
La fierté est un sentiment qui peut, s’il n’est pas
soigneusement cultivé et entretenu, aisément s’amenuiser et
s’estomper. De nombreux autres organismes oeuvrent pour le bien
de notre communauté et mériteraient aussi de figurer dans cette
liste qui est loin d’être exhaustive. Toute notre gratitude à
ces personnes que vous connaissez et que vous n'avez jamais osé
remercier : par leur dévouement quotidien, ils maintiennent le
terreau fertile sur lequel s’épanouit notre fierté.
À vous tous, chapeau bas : Vous êtes notre fierté.
Article publié sur
Ksari.com, 4 novembre 2009
Les analyses d'Ahmed Bensaada
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