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Alquds
La
surprise de Nasrallah… et le choix syrien
Abdel-Bari Attwan
Hassan Nasrallah
16
août 2007
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M. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah
libanais est un homme qui ne ment pas, il dit et il fait, et quand
il promet une surprise à Israël qui peut modifier le paysage de
la région, s’il agresse le Liban, alors ceux qui sont dessus
(en Israël) et qui sont derrière, ont considéré cette parole sérieusement,
surtout qu’Israël est en train de mener en ce moment des opérations
d’entraînement militaires intenses à côté des frontière
libanaises et syriennes, en se préparant pour une nouvelle guerre
qui lui redorerait le blason, croit-il, après l’humiliante défaite
au Liban il y a un an.
Il est fort probable que M. Nasrallah ne
parle pas ici de nouveaux missiles capables d’atteindre des
points plus éloignés dans la profondeur israélienne, car il
avait déjà dévoilé, il y a quelques semaines, dans un discours
sur Al-Jazeera, que son arsenal était chargé de ce genre de
missiles qui pourraient atteindre, selon lui, tous les points de
l’état hébreu, comme il avait aussi dévoilé dans des
discours précédents, que la parti en possédait une vingtaine de
milliers au moins.
La surprise de M. Nasrallah va rester le
sujet de prédiction des experts militaires, notamment les étatsuniens
et les israéliens, mais ce qu’on peut à priori en déduire,
c’est la possibilité de munir ces missiles ou une partie de têtes
chimiques ou biologiques, car la prochaine guerre, si elle est
allumée, pourrait être effectivement la dernière dans la région,
et ses protagonistes ne vont pas hésiter à utiliser tous ce
qu’ils possèdent comme armes, car la leçon que les Arabes ont
appris de l’Irak, son invasion et son occupation, c’est
qu’il est impossible de préserver les régimes ciblés quelques
soient ses concessions, alors il ne leur reste que le choix de
Samson (selon le récit biblique, Samson est l’un des juges et héros
d’Israël. Trahis et capturé par ses ennemis, les Philistins.
Il se fait alors tuer en faisant écrouler leur palais et en tuant
des milliers d’eux en même temps qui lui, ndt). Et comme le
Hezbollah n’a pas hésité à frapper la profondeur israélienne
avec les missiles, il ne sera pas surprenant ou étonnant qu’il
fasse recours à des armes de destruction massive dans une
nouvelle confrontation.
Il est clair que le pacte syro-iranien visé
par les USA et Israël, et par quelques uns de leurs alliés
arabes ‘modérés’, il commence à pencher vers l’abandon de
sa stratégie précédente consistant à se recroqueviller dans
les tranchées défensives, et à rester silencieux vis-à-vis de
l’autre côté, et petit à petit et en accélérant il change
vers une stratégie d’attaque médiatique, en parallèle avec
les préparations militaires conventionnelles et non
conventionnelles. Et il se peut que la critique écrasante et sans
précédent lancée par M. Farouk Ach-chara’, le vice-président
syrien, contre l’Arabie Saoudite et l’Egypte, les deux chefs
de ce qu’on appelle l’axe des modérés, soit le premier signe
de cette nouvelle direction.
La Syrie a gardé le silence pendant plus
d’un quart de siècle envers ses deux alliés précédents, l’Egypte
et l’Arabie Saoudite, et n’a jamais adressé la moindre
critique à leurs régimes même après que les routes s’étaient
séparées et que le triangle de coalition qui les avait réunis
depuis l’invasion de l’Irak en 1990 s’était écroulé, une
coalition qui s’était concrétisée à l’époque par ce
qu’on appelait l’annonce de Damas. Donc la question qui se
pose avec force est qu’est ce qui a poussé M. Ach-chara’ à
lancer cette critique contre les deux régimes égyptien et
saoudien avec cette clarté et en désignant les choses par leurs
noms et avec la voix et l’image, comme par exemple son
affirmation que le roi saoudien Abdullah Ben Abdelaziz et le président
égyptien Hosni Moubarak n’ont pas osé organiser un sommet
triangulaire avec le président Bachar Al-Assad à Riyadh par peur
des Etats-Unis, ou son affirmation que l’Arabie Saoudite s’était
montrée incapable de convaincre l’administration étatsunienne
de lever l’embargo financier sur les Palestiniens après la
signature de l’accord de la Mecque entre les Palestiniens, alors
que l’Arabie Saoudite est le plus fort allié des Etats-Unis
dans la région.
La réponse à ses questions et bien
d’autres, on peut la déduire de l’approfondissement de la
rupture et le divorce définitif qui a eu lieu entre le régime
syrien et ses alliés précédents dans les derniers mois, car ces
deux derniers sont allés très loin dans l’implication dans la
stratégie étatsunienne dans la région, et ils ont participé
avec enthousiasme à son objectif le plus important qu’est
d’isoler la Syrie et ses alliés comme le Hezbollah au Liban et
le Hamas dans la bande de Gaza, et de préparer l’entrée dans
un nouveau pacte militaire avec Israël et les Etats-Unis pour
frapper l’Iran en cas d’échec des efforts diplomatique pour
trouver une solution pacifique pour la crise du réacteur nucléaire
iranien.
M. Walid Al-Mouallem, le ministre des
affaires étrangères syrien s’est plaint plus d’une fois dans
des rencontres privées du refus de son homologue saoudien, le
prince Saoud Al-Faysal, de visiter Damas en réponse aux
invitations répétitives de sa part. M. Ach-Chara’ a aussi parlé
dans son discours à la fête des journalistes du refus des
saoudiens de participer à une réunion organisée à Damas au
niveau des experts pour discuter autour de la situation en Irak,
et il a dit qu’elle (l’Arabie Saoudite) n’a pas respecté
l’accord d’établir une zone franche entre les deux pays, ce
qui veut dire que la rupture s’est étendue aux aspects économiques
également. Il est clair que les responsables syriens sont
parvenus à une profonde conviction que le précédent partenaire
saoudien a choisi une direction différente, qu’il a complètement
tourné le dos à la Syrie, est passé à l’étape de nuisance
et a commencé la guerre médiatique. M. Ach-Chara’ a parlé
clairement de ce problème quand il a dit que les médias
saoudiens parlent beaucoup et d’une manière répétitive et négative
à propos de la Syrie, contrairement aux médias syriens, en espérant,
sous la forme d’une menace implicite, que cela ne se répéterait
pas.
La semaine dernière et plus précisément le
lundi 6 août, le prince Saoud Al-Faysal a coupé le dernier
cheveu dans les relations avec la Syrie quand il a renouvelé lors
de sa rencontre avec les journalistes ce qu’il appelait les
garanties mentionnées dans la déclaration issue du conseil des
ministres saoudien, il a dit que le royaume veille dans toutes ses
positions à préserver ses intérêts nationaux, sa sécurité,
la stabilité de son peuple, l’unité du travail arabe, la
solidarité du monde islamique et la compréhension pragmatique de
la situation mondiale et de ses forces d’influence. Et il (le
royaume) voit que le chemin pour y arriver c’est l’indépendance
de la décision nationale, et de traiter en tant qu’égal et
avec ouverture avec tous les états, et il est arrivé à
l’affirmation que ce qui empêche cela ce sont les forces qui
parlent avec plus d’une voix, cherchent les points de discorde,
construisent ses positions loin des vérités et œuvrent pour son
intérêt direct et étroit, et que la méthode pour traiter les
crise de la région et pour assurer le progrès de ces peuples se
base sur la nécessité de dépasser ses forces, ses slogans et
ses idéologies.
Le prince Saoud Al-Faysal n’a pas nommé
ses forces que son pays veut dépasser avec ses idéologies, mais
le gigantesque empire des médias saoudien a dit dans plus d’un
article par des auteurs reconnus pour refléter la politique
saoudienne officielle, que l’état visé ici est la Syrie.
Les sachants des profondeurs des choses en
Syrie disent qu’il y a deux écoles dans le régime syrien, une
caractérisée par la souplesse et la modération, le don du contrôle
de soi, et la volonté à garder des canaux de communication avec
Washington et l’Occident européen et leurs alliés arabes,
cette école est représenté par une aile dirigée par M. Walid
Al-Mouallem le ministre des affaires étrangères, et une autre école
qui pense qu’il n’y a aucune utilité à marcher avec l’Occident
et ses alliés, et elle insiste sur la nécessité de retourner
aux sources authentique de la voie syrienne, en s’attachant aux
immobiles piliers nationalistes (arabes) syriens en face de la
politique étatsunienne et israélienne, et en suivant la voie de
l’affrontement (la résistance) et en attisant la révolution
dans la région. Cette école est représentée par M. Ach-Chara’.
L’aile de Ach-Chara’ s’est opposée au
rétablissement des relations diplomatiques avec le régime
irakien né de l’occupation, et a toujours demandé à soutenir
la résistance, comme il s’est opposé à tout rapprochement
avec l’axe des modérés arabes qui soutient les guerres étatsuniennes
en cours en Irak et Afghanistan et celle à venir en Iran, et
comme il s’est opposé avec force à se montrer conciliant avec
la commission internationale d’enquête dans l’assassinat de
Al-Hariri, l’ex-premier ministre libanais, et ses conditions
humiliantes, mais le plateau de l’aile pragmatique représenté
par M. Al-Mouallem durant les deux dernières années, c’est lui
qui pesait plus lourd.
L’image semble avoir changé, et la
nouvelle stratégie syrienne commence à aller de côté de
l’aile des faucons, dans un échange étudié des rôles dû à
la compréhension de la direction que le temps passe vite et que
les probabilités d’affrontement avec Israël et les Etats-Unis
augmentent et plus vite que prévu, et il ne reste aucun intérêt
pour le silence, l’attitude conciliante, le recroquevillement
dans des tranchées défensives et l’oubli des guerres médiatiques
menées par l’autre côté et les coalitions politiques et
militaires accélérées qu’il tisse au niveau régional et
international. Ceci explique le boycott syrien complet de la dernière
réunion des ministres des affaires étrangères arabes qui a
discuté la question d’activation de l’initiative de paix
arabe, il explique son écartement de la conférence de paix étatsunien
appelé par le président Bush en automne prochain et la
diminution des visites des responsables arabes à sa capitale,
notamment les saoudiens et les égyptiens. La question est :
Est-ce que la Syrie va commencer à traduire sa nouvelle stratégie
en termes d’étapes pratiques sur le terrain, et comment ?
Il est difficile de répondre catégoriquement
à cette question, mais ce qu’on peut dire, c’est que les
menaces de M. Hassan Nasrallah et son fort discours populaire et
bien préparé, et le fait que cela est synchronisé avec le
discours de M. Ach-Chara’ et qui est sans précédent dans sa
critique contre l’Arabie saoudite, l’Egypte, les Etats-Unis et
la prochaine conférence de paix à laquelle accourent les Arabe
sans méditation, et le changement de ton dans les médias
syriens, tout cela indique le début d’une féroce guerre médiatique.
Les problèmes de la Syrie sont nombreux,
mais le principal est que son axe possède un socle nationaliste
fort, il s’appuie sur des organisations et des forces populaires
qui résistent contre l’occupation israélienne (le Hamas et le
Hezbollah) et il possède les missiles et une grande queue des
candidats au martyre, mais il ne possède pas des outils médiatiques
efficaces et d’influence dans n’importe quelle guerre médiatique
à venir.
Ce qui a retenu l’attention c’est le fait
que la chaîne Al-Jazeera, l’artillerie lourde sur laquelle
comptait le gouvernement syrien beaucoup et pendant longtemps,
n’a pas diffusé les attaques de M. Ach-Chara’ conte l’Arabie
saoudite comme il était attendu de sa part, et elle a préféré
prendre une position proche de la neutralité dans cette question.
En même temps, la chaîne satellitaire syrienne ne jouit pas
d’une grande crédibilité dans la rue arabe, car elle continue
à suivre les méthodes de la guerre froide, ou plutôt de sa
partie soviétique. Alors que l’autre front possède un empire médiatique
gigantesque tentaculaire et complètement dominant dans la cour
arabe.
L’évolution la plus dangereuse qui peut
avoir une grande influence, si la direction syrienne y fait
recours, c’est de descendre dans champ de la violence, ou le
terrorisme, pour déstabiliser ses adversaires. Dans ce domaine,
il n’y pas plus doué que les services secrets syriens s’ils décident
d’opter pour le choix de Samson, c.-à-d. sur moi et sur mes
ennemis. Il suffit de rappeler que Fatah Al-Islam et bien que ce
n’est pas une créature des services secrets syriens, comme le
reconnaît le général Michel Sleiman le commandant en chef de
l’armée libanaise, et il a raison car les fondamentalistes
islamiques, notamment les saoudiens, considèrent le régime
syrien comme un régime laïc athée, donc ce groupe a pu profiter
des facilité syriennes pour s’opposer pendant trois mois, malgré
sa petite taille, à une armée officielle et lui faire subir des
grandes pertes physiques et morales.
La Syrie a pu régner sur toute la région
arabe par la violence palestinienne durant les deux décennies des
70 et 80 et elle peut recommencer, car il y a des millions de
personnes désespérées à cause des opérations d’humiliation
et de rabaissement que subissent les Arabes aux mains des étatsuniens
et de leurs alliés arabes, mais la question qui se pose est de
savoir si la Syrie a assez de temps pour suivre cette voie encore
une fois ?
Les jours suivant sont chargés par les
surprises, et elles ne sont certainement pas agréables pour les
Etats-Unis, Israël et l’axe des modérés arabes, nous sommes
donc devant un proche combat d’éléphants et une période de
non paix et de non guerre, ou disons plutôt que cette période
actuelle d’indécision ne va pas traîner de toute façon, et
que la surprise de M. Nasrallah n’en serait qu’une seule parmi
d’autres.
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