Actualité
Occident vs Russie:
pourquoi la faute revient toujours à
Poutine
Sputnik
© AFP 2016
Kremlin Pool
Mardi 16 février 2016
Source:
Sputnik
Ici - l'Europe
infaillible démocratique, là - la Russie
maudite sous le règne d'un diable
assoiffé de pouvoir. L'Occident
s'accorde sur le fait que le président
russe est coupable de tous les maux du
monde, et souhaite cultiver cette idée
chez ses alliés. Mais une telle
approche, ne semble-t-elle pas être trop
simpliste, pour ne pas dire absurde?
On branche
l'ordinateur, qui est là? Poutine. On
ouvre un journal, le même visage sur les
pages. Du conflit ukrainien, de la crise
migratoire à Pegida, la communauté
internationale semble attribuer tous les
problèmes au président russe. Et on en
arrive à quoi, à lui reprocher une
mauvaise coiffure de Mme Merkel?
Le Poutine imaginé
Vladimir Poutine
est un fantôme. Mais comme tous les
fantômes, ce Poutine qui nous regarde
des écrans et des pages des journaux est
créé par notre propre imagination,
lit-on dans un article du
Spiegel Online.
"Putinversteher"
("celui qui comprend Poutine") est un
mot tristement connu en Allemagne. Lors
de la crise ukrainienne, les "Putinverstehers"
réussissaient toujours à trouver des
excuses aux démarches du président
russe, une tactique imprudente par
rapport aux Occidentaux.
A l'époque,
l'Occident favorisait la vision de
Poutine en tant que fou dans la
politique internationale. Angela Merkel
a estimé qu'il vivait dans son propre
monde. Mais c'est déjà du passé,
aujourd'hui M. Poutine porte le nom de
diable chez les Occidentaux.
Pourquoi il faut
blâmer les Russes
On est tous
maintenant de mauvaise humeur sur la
scène internationale. Vous savez
pourquoi? Les Russes. La faute aux
Russes!
"Je n'exclus pas
personnellement que le terme de +Lügenpresse+
(+la presse menteuse+) a commencé à être
utilisé en Allemagne à cause des
services secrets russes", a déclaré
Ulrich Wickert, présentateur allemand
connu pour ses polémiques, dans un
entretien.
Un journaliste
perplexe lui a répondu, désignant Pegida
en tant qu'auteur initial du mot.
M. Wickert ne l'a
pas contesté. Mais d'où provient cette
idée? Est-ce qu'il y a des preuves du
soutien russe apporté à Pegida? Non,
personne ne le sait au juste. Ce qui
n'empêche pas de l'affirmer.
Dans le cas de
Poutine, des Russes, c'est la même
chose: personne ne sait s'ils sont
derrière les problèmes existants, mais
personne n'hésite curieusement à
l'affirmer.
La Russie absurde
Le monde
d'aujourd'hui ressemble à un horrible
conte de l'époque victorienne. Voilà
l'Europe clairvoyante, dirigée avec
raison, et voici la Russie sombre où
règnent la violence, l'anarchie, les
passions, la Russie qui rêve d'amener
l'Europe infaillible au bord d'un
précipice.
Vraiment, c'est
incroyable: le ministre des Affaires
étrangères du grand empire, englobant 11
fuseaux horaires, s'emploie à régler
l'affaire d'une fille de 13 ans,
Allemande russe de Marzahn (quartier de
Berlin), qui s'est disputée avec ses
parents et n'est pas revenue à la maison
dans la nuit. Absurde!
Et puis, de l'autre
côté, publier un rapport de 329 pages,
rédigé par les Britanniques, disant
qu'il est "probable" que Vladimir
Poutine ait consenti à l'assassinat de
Litvinenko (un ancien agent des services
secrets russes, opposé à M. Poutine), ce
n'est pas absurde, c'est bien
raisonnable? Et ici toujours pas de
preuves, mais accusations, accusations…
comme les meilleures traditions le
veulent.
L'Occident n'a pas
le droit de moraliser
Depuis fin
septembre, les forces russes se trouvent
engagées dans le conflit syrien. En six
mois ou moins, les frappes russes ont
réussi à renverser le cours des choses
dans la région, ayant ouvert la voie aux
troupes gouvernementales syriennes.
"La Russie a
réussi à renverser le cours de la guerre
qui était qualifié d'irrévocable en
Allemagne", écrit-t-on dans une des
récentes éditions de
FAZ.
En cela,
on s'acharnait à convaincre tout le
monde qu'il n'existait pas de solution
militaire au conflit. Peut-être
s'agissait-il d'une solution qui
déplaisait à l'Occident?
Le sénateur
américain Daniel Coats, jadis
ambassadeur à Berlin, accuse la Russie
d'utiliser les migrations comme une
"arme". Ursula Gertrud von der Leyen,
ministre allemande de la Défense,
déclare en colère que Vladimir Poutine
mène un double jeu en Syrie.
Mais non, que se
taisent ceux qui en parlent, et qui
évoquent les victimes des frappes! En
cinq ans, la guerre a fait au minimum
250.000 morts et a poussé plus de 11
millions de personnes à quitter leur
pays natal — et l'Occident n'y a pas
remédié, affirme l'auteur de l'article
du Spiegel. Non, il regardait calmement,
sous l'angle de l'indifférence, de
l'incompétence et de l'affairisme, la
Syrie brûler. C'est pourquoi ils ont
perdu leur droit de moraliser.
En réalité, cette
sorte de rhétorique sert d'excuse de la
présence militaire occidentale en Europe
de l'est. En clair, cette guerre froide
fait le jeu des Occidentaux. Et l'ennemi
commun en la personne de Poutine en est
indispensable, son image de diable
permettant à l'Occident de faire bonne
figure.
© 2015 Sputnik. Tous droits réservés
Le
dossier Russie
Les dernières mises à jour
|