Actualité
«Vous n'êtes pas journaliste» : un
reporter de RT
refoulé de l'Elysée
malgré sa carte de presse
RT
Illustration : barrage permanent devant
le palais de l'Elysée,
photo ©PATRICK KOVARIK / AFP
Lundi 15 janvier 2018
Source :
RT Un de nos reporters
s'est vu interdire l'accès à une simple
réunion d'information à l'Elysée
relative au déplacement d'Emmanuel
Macron à Calais. Un incident
malheureusement récurrent ; il s'agit en
effet du deuxième de la sorte en une
semaine.
L'Elysée a
décidément une dent contre RT France. Ce
15 janvier, le média a une nouvelle fois
été banni de l'Elysée, où avait lieu un
briefing, uniquement technique, pour les
journalistes couvrant le déplacement
d'Emmanuel Macron à Calais du 17 janvier
prochain.
Le reporter de notre chaîne, Kevin Berg,
envoyé sur place a été refoulé alors
qu'il venait de passer les portiques de
sécurité du palais présidentiel. «La
personne en charge de la presse, à qui
j'ai donné ma carte de presse, m'a
demandé pour quel média je travaillais»,
témoigne le journaliste qui bénéficie
d'une carte de presse. «RT», répond
Kevin Berg qui présente précisément la
carte attestant de sa profession. «Ah
non ! Vous n'êtes pas journaliste, on ne
fait entrer que les journalistes», a
alors répondu la préposée.
Indice que c'est
bien le mot «RT» qui a tout déclenché,
Kevin Berg souligne que la responsable
presse de l'Elysée avait la carte de
presse, dûment délivrée par la
Commission de la carte des journalistes,
entre les mains. «Tous les journalistes
rentraient et ceux qui n’avaient pas
confirmé leur présence étaient ajoutés
au stylo sur la feuille de suivi»,
témoigne encore le journaliste de RT
France, précisant que la réunion était
en «off» et n'avait de surcroît pour but
que de donner aux journalistes les
informations et le programme du
déplacement présidentiel.
RT France pas en
cour à l'Elysée
C'est la deuxième
fois en cinq jours seulement que les
journalistes de RT France se
voient refuser la possibilité d'exercer
leur métier par l'Elysée. Le 10 janvier
dernier, l'équipe de tournage de RT
France s'était vue interdire l'accès au
sommet de Rome, auquel participait le
chef de l'Etat français.
« Le président
Macron, qui protège la baguette au lieu
de la liberté de parole, ferait mieux de
relire attentivement la Constitution de
la France »
«Nous n’avons pas
réussi à rentrer dans la résidence parce
que les autorités nous ont refusé
l’accès», a précisé le reporter Kyrill
Kotikov à l’antenne. «Nous avons fait
toutes les demandes d'accréditation
[...] Nous avons envoyé notre dossier et
il a été accepté en amont par l’Elysée,
mais dès que nous avons posé les pieds
sur le sol italien, le service de presse
de l’Elysée a arrêté de nous répondre »,
témoignait alors Kyrill Kotikov.
Margarita Simonian,
rédactrice en chef monde de RT, ne mâche
pas ses mots. «En l'espace d'une semaine
nos journalistes se sont vus refuser
l'accréditation par l'Elysée deux fois.
Le président Macron, qui protège la
baguette au lieu de la liberté de
parole, ferait mieux de relire
attentivement la Constitution de la
France», a-t-elle jugé.
Une peur des
fake news venant de «l'étranger» déjà
ancienne
Depuis la campagne
présidentielle de 2017, les relations,
entre Emmanuel Macron d'une part, et RT
France d'autre part, sont tendues,
l'Elysée accusant sans preuve RT de
diffuser des informations erronées, sur
fond d'allégations de supposée ingérence
russe. Les équipes de RT France avaient
notamment
été refoulées du QG d'En Marche!
lors des soirées électorales.
Le 29 mai
2017, alors qu'il recevait Vladimir
Poutine à Versailles, Emmanuel Macron
avait qualifié RT et Sputnik
d'«organes d'influence et de
propagande». «J'ai toujours eu une
relation exemplaire avec les
journalistes étrangers, encore faut-il
qu'ils soient journalistes», avait-il
lancé aux côtés du président russe.
Lors de ses vœux à la presse le 3
janvier dernier, le président de la
République avait repris la même
rhétorique, évoquant des «fake news»
véhiculées par des «médias de
l'étranger». Visiblement, ce 15 janvier,
le service de presse de l'Elysée s'est
bien conformé au jugement du président.
Lire aussi : Pour Sergueï Lavrov,
la future loi anti-fake news d'Emmanuel
Macron s'affranchit de «tout débat»
Le dossier politique française
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