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CIA : Frank G. Wisner est arrivé au Caire
Mardi 1er février 2011 Alors que la révolte s’amplifie en
Egypte, le Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis a
considéré que le travail de l’ambassadrice au Caire, Margaret
Scobey, était insuffisant.
Mme Scobey est une diplomate de carrière qui a joué un rôle
important au Proche-Orient, mais n’est pas rompue aux opérations
secrètes. Ne préjugeant pas de ce qui va suivre, elle se dépense
sans compter depuis plusieurs jours pour rencontrer le maximum
de protagonistes et nouer des contacts dans tous les camps à la
fois.
Le Conseil de sécurité nationale ne considère pas comme
suffisant de préserver les intérêts des Etats-Unis, mais comme
indispensable de préserver la paix séparée égypto-israélienne,
ce qui implique de choisir les prochains dirigeants du pays. Il
a donc fait appel à un ancien ambassadeur en Egypte (1986-91),
aujourd’hui à la retraite, Frank G. Wisner, et l’a envoyé
d’urgence au Caire où il est arrivé lundi 31 janvier 2011 au
soir.
M. Wisner est le fils de Frank Wisner Sr., co-fondateur de la
CIA et du Gladio. Il fut, aux côtés d’Alan Dulles, l’un des
pères de la doctrine d’intervention secrète des Etats-Unis :
soutenir les démocraties qui font le « bon choix », contrecarrer
les peuples qui font le mauvais.
Frank G. Wisner Jr. a lui-même toujours travaillé pour
l’Agence et y travaille encore, notamment via Refugees
International dont il est administrateur.
L’ambassadeur Wisner, qui un ami personnel du président Hosni
Moubarak, est chargé d’organiser sa destitution en douceur. Son
arrivée a été juste précédée d’un appel téléphonique du chef
d’état-major interarmes, l’amiral Mike Müllen, à son homologue
égyptien, le général Sami Enan —l’armée égyptienne est équipée
et formée par le Pentagone—. Officiellement, Müllen l’a félicité
pour sa retenue ; un message parfaitement reçu au Caire et suivi
quelques minutes plus tard d’un communique de l’état-major
annonçant que l’armée considére les manifestations comme
légitimes.
Le public états-unien connaît Frank G. Wisner non comme un
diplomate, ni comme un maître-espion, mais comme un financier
sans scrupules. Il était en effet responsable d’une des filiales
d’Enron, le géant du trading en énergie dont la faillite
frauduleuse a ruiné nombre de petits épargnants. Il était aussi
administrateur de l’assureur American International Group (AIG)
lors de la crise financière de 2008 qui vit l’action de la
société chuter de 95 % avant son sauvetage par les deniers
publics.
Inconnu des Français, Frank G. Wisner a pourtant joué un
grand rôle dans ce pays. Il a épousé Christine de Ganay (seconde
épouse de Pal Sarkozy) et, à ce titre, a élevé Nicolas Sarkozy
dans sa période new-yorkaise.
C’est lui qui a introduit l’adolescent dans les cercles de la
CIA et qui lui a ouvert les portes de la politique française.
C’est un de ses enfants, qui fut le porte-parole de la campagne
présidentielle de Sarkozy pour les médias anglo-saxons, tandis
qu’un
autre de ses enfants est devenu un des piliers du Carlyle Group,
le
fond de placement des Bush et des Ben Laden.
Par ailleurs, c’est encore Frank G. Wisner qui a imposé son ami
Bernard Kouchner comme ministre français des Affaires étrangères
avec pour mission de mobiliser les Etats européens en faveur de
l’indépendance du Kosovo.
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