|
Le Web de l'Humanité
Du
mur des Lamentations au mur de l’apartheid
Pierre Barbancey Vendredi 11
janvier 2008 Proche-Orient .
En se rendant à Ramallah, en Cisjordanie, Bush a longé le mur
construit par les Israéliens, avant de rencontrer Mahmoud Abbas.
Il s’est contenté de déclarations d’intentions.
Pour se rendre à Ramallah, depuis Jérusalem, George W. Bush a
pu contempler cette merveille de l’architecture moderne qu’est
le mur israélien dit de « séparation » et que les
Palestiniens appellent le « mur de l’apartheid ». Il
ne semble pas avoir été ému outre mesure par une construction
qui bafoue les résolutions de l’ONU et le droit international
puisqu’elle s’affranchit des frontières de 1967 et
s’enfonce en territoire palestinien. Un mur qui, couplé aux
colonies d’implantations juives, transforme la Cisjordanie et
donc une partie du futur État palestinien en un véritable gruyère,
les trous étant les zones palestiniennes. Mais Bush prend bien
soin, lorsqu’il s’agit des Palestiniens, de rééquilibrer son
propos par une assertion sur les Israéliens. Ainsi, interpellé
sur le blocage des localités palestiniennes, il s’est contenté
de dire : « Je vois les frustrations. Mais je comprends
également que le peuple israélien (…) veuille savoir s’il
sera protégé d’une minorité violente qui assassine. »
Peu importe pour le président américain. À l’issue de sa
rencontre avec son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, il a
redit : « Afin qu’il existe une paix durable, le président
Abbas et le premier ministre Ehud Olmert doivent se mettre
d’accord et faire des choix difficiles. Je suis persuadé
qu’ils le feront. Je crois que cela va arriver et qu’un traité
de paix sera signé avant que je ne quitte mon poste », soit
en janvier 2009. Il a également affirmé que la future Palestine
devait disposer d’un territoire « continu », parce
que « le gruyère ne marchera pas pour le territoire d’un
État ». Comment éviter cela ? Mystère !
« Je suis confiant qu’avec une aide appropriée l’État
palestinien verra le jour », s’est-il contenté de dire.
Conscient du déséquilibre de comportement - il a soigneusement
évité le mausolée de Yasser Arafat - et de la nécessité de ne
pas placer Abbas en porte-à-faux, Bush a estimé que « les
forces de sécurité palestiniennes s’améliorent », et a
adressé depuis Ramallah un « message aux Israéliens ».
Ces derniers devraient « faciliter, non entraver, la
modernisation des forces palestiniennes de sécurité ».
Entraver : c’est joliment dit pour désigner les incursions
quotidiennes de l’armée israélienne, particulièrement à
Naplouse, qui vit sous couvre-feu quasiment permanent.
La venue de George W. Bush aura-t-elle permis de débloquer des
négociations qui achoppent sur la poursuite de la colonisation
israélienne ? Le président Mahmoud Abbas s’est voulu, une
fois de plus, optimiste. « Nous espérons qu’elles (les négociations)
s’achèveront sous votre mandat avec la fin de l’occupation et
la création d’un État palestinien, a-t-il dit. Nous sommes
entièrement satisfaits des résultats auxquels nous sommes
parvenus lors de cette visite. » Bush devait ensuite se
rendre à Bethléem pour visiter, en chrétien fervent, l’église
de la Nativité.
Mercredi soir, plusieurs centaines d’Israéliens avaient répondu
à l’appel du Parti communiste israélien et ont manifesté à Jérusalem.
77 % des Israéliens se disent pessimistes sur le fait que la
visite du président George W. Bush dans la région puisse faire
progresser les négociations de paix avec les Palestiniens, selon
un sondage publié jeudi dans le Yediot Ahronot.
© Journal l'Humanité
Publié le 12 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
|