LES VIOLATIONS DE L'ESPACE AÉRIEN
LIBANAIS SONT DANGEREUSES, AFFIRME MICHÈLE ALLIOT-MARIE À
NEW YORK
New York, Oct 20 2006 4:00PM
Les violations de l'espace aérien du Liban par Israël sont
« extrêmement dangereuses », a estimé aujourd'hui, au siège
de l'ONU, la ministre de la Défense de la France, Michèle
Alliot-Marie, parce qu'elles pourraient être vues, selon
elle, comme « hostiles » par les « forces de la coalition
» qui pourraient répliquer « dans le cadre de la légitime
défense » et parce qu'elles pourraient « servir de prétexte
à certains » pour ne pas respecter la résolution 1701.
La ministre française de la Défense a rencontré aujourd'hui
à New York, le Secrétaire général et son adjoint au
maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno.
Avec Kofi Annan, la ministre française a fait un tour des théâtres
d'opérations dans lesquels l'ONU est engagée et où la
France intervient également. Le Liban, la Côte d'Ivoire, la
République démocratique du Congo (RDC), le Darfour et le
Tchad ont été abordés, a-t-elle rapporté, lors d'une conférence
de presse.
Sur tous les sujets évoqués, Michèle Alliot-Marie a estimé
qu'il y avait une « convergence d'analyse » entre le Secrétaire
général et la France.
Avec Jean-Marie Guéhenno, la ministre de la Défense a assisté
à une séance de « debriefing » sur le Liban, lors d'une
vidéoconférence avec l'Etat-major de la Force intérimaire
des Nations Unies au Liban (<"http://www.un.org/french/peace/peace/cu_mission/finul/finul.htm">FINUL)
qui est basé à Naqoura.
Sur le Liban, Michèle Alliot-Marie a rappelé que « les
liens très anciens et très étroits de la France avec le
Liban » avaient amené son gouvernement à « intervenir très
tôt, deux jours après le début de la crise », à la fois
« pour aider à l'évacuation des ressortissants français,
étrangers, franco-libanais et libanais », mais aussi « pour
apporter une aide humanitaire aux populations libanaises, en
termes de médicaments, d'eau et de groupes électrogènes ».
A la fin des hostilités, la France est également intervenue
pour aider à la reconstruction avec, en particulier, des
ponts métalliques que les militaires français du génie ont
installés pour pouvoir remplacer les ponts qui avaient été
détruits par les bombardements, a-t-elle encore rappelé.
« Aujourd'hui, a-t-elle poursuivi, nous sommes dans le Sud,
dans le cadre de la FINUL, et nous participons au déminage et
à la 'dépollution', comme disent les militaires, d'un
certain nombre de terrains ».
En réponse à une question sur les bombes à sous-munitions
utilisées par Israël dans les trois derniers jours de la
guerre contre le Hezbollah, la ministre française a
souligné « l'énorme travail » que constitueraient les opérations
de déminages dans la mesure où les zones qui ont subi ces
bombardements sont « extrêmement étendues ».
Elle a indiqué que les militaires français allaient y
participer, soulignant qu'il fallait que d'autres nations y
participent aussi. « Nous pouvons également aider les
militaires libanais en fournissant des équipements de
protection pour ce type d'actions », a-t-elle ajouté.
Répondant à une question sur les violations de l'espace aérien
libanais par Israël et les suggestions faites hier par le
Commandant de la FINUL sur les moyens qui pourraient être
envisagés pour y faire face, si les moyens diplomatiques ne
fonctionnaient pas, Michèle Alliot-Marie a indiqué qu'elle
avait abordé la question avec le Secrétaire général et son
adjoint au maintien de la paix.
« Nous avons des moyens de réponse sol-air destinés
uniquement à nous protéger en cas d'attaque, dans le cadre
de la légitime défense », a-t-elle affirmé, en réponse à
la question de savoir si la France excluait l'usage de la
force pour interdire ces violations de l'espace aérien.
« Les missiles sol-air sont destinés uniquement à
l'autoprotection », a-t-elle insisté.
« Dans un premier temps, l'essentiel est une action
diplomatique qui fasse comprendre à Israël que c'est dans
son propre intérêt d'arrêter ces violations de l'espace aérien
», a-t-elle encore dit.
« Pour l'instant nous n'avons pas d'autre moyen d'y faire
face que le dialogue et la voie diplomatique », avait déclaré
le général Alain Pellegrini, Commandant de la FINUL, lors
d'une conférence de presse donnée à l'ONU.
« Si les moyens diplomatiques ne sont pas suffisants,
d'autres moyens pourraient être envisagés », avait-il ajouté
(<" http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=13106&Cr=liban&Cr1=moyen
">dépêche du 19.10.06)
La ministre de la Défense a aujourd'hui estimé que ces
violations étaient « extrêmement dangereuses ».
« D'abord, parce qu'elles peuvent être vécues et ressenties
comme hostiles de la part des forces de la coalition qui
pourraient être amenées à répliquer dans le cadre de la légitime
défense », a-t-elle expliqué. Ce qui constituerait, selon
elle, « un incident très grave ».
Ensuite, parce qu'elles « fragilisent la <" http://www.un.org/Docs/journal/asp/ws.asp?m=S/RES/1701
(2006)">résolution » 1701, adoptée par le Conseil
de sécurité le 11 août dernier, pour mettre fin aux
hostilités entre le Hezbollah et Israël au Liban.
Elles peuvent « servir de prétexte à certains pour de ne
pas respecter la résolution », a-t-elle ajouté.
« C'est la raison pour laquelle il nous paraît indispensable
que les violations de l'espace aérien cessent », a-t-elle
souligné.
« Lors de la vidéoconférence, le commandement français de
Naqoura a indiqué que depuis 48 heures, il n'y avait pas eu
de violations de l'espace aérien libanais », a-t-elle encore
rapporté.
Concernant la Côte d'Ivoire, un journaliste a demandé ce que
la ministre française avait à répondre « à ceux qui
demandent le départ de la force Licorne ».
« Je serai très heureuse de retirer les militaires, la
France en a beaucoup à l'extérieur du pays. Mais la force
est là pour soutenir la force de l'ONU. Les Etats Membres ont
demandé expressément que Licorne soit là pour les soutenir
et il y a aurait un grand risque que les pays se retirent si
nous retirions Licorne », a-t-elle expliqué.
« Or nous savons très bien que si tous ces pays se
retiraient aujourd'hui, les affrontements recommenceraient
parce que le problème politique de la Côte d'Ivoire n'a pas
été réglé puisque les élections n'ont pas eu lieu »,
a-t-elle poursuivi.
« Une partition de la Côte d'Ivoire en deux serait
dramatique non seulement pour ce pays mais aussi pour tout le
sous-continent. Nous avons effectivement une présence en
application de la résolution du Conseil de sécurité dans
l'unique but de retrouver une situation de stabilité,
d'arriver à des élections présidentielles dont nous
souhaitons qu'elles soient démocratiques et transparentes »,
a-t-elle insisté.
La ministre a aussi fait observer que la France ne restait pas
en Côte d'Ivoire pour protéger ses intérêts économiques.
« Nous avons très peu de ressortissants et très peu d'intérêts
économiques en Côte d'Ivoire », a-t-elle précisé.
Sur le Darfour, Michèle Alliot-Marie a jugé la situation «
très préoccupante puisque nous voyons que les violences ont
effectivement repris ».
« La France considère que l'Union africaine n'a pas échoué
au Darfour. Elle s'est investie avec le soutien d'un certain
nombre de pays, notamment de l'OTAN », a-t-elle affirmé.
« Mais il lui était impossible de réussir dans la mesure où
les deux parties voulaient continuer à se battre », a-t-elle
poursuivi.
Elle a estimé qu'il fallait un accord du Soudan pour qu'une
force de l'ONU puisse se déployer et précisé que la France
soutenait toute action permettant une cessation de la
violence.
2006-10-20 00:00:00.000
Source : Centre de nouvelles ONU
http://www.un.org/french/newscentre/
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