Je tiens tout d'abord à remercier
chaleureusement le Premier ministre du Royaume-Uni, M. Tony Blair,
et aussi Jack Straw et leurs équipes.
Après quatre ans de violences et de désespoir,
l'espoir est à nouveau là. Il est fragile. On l'a vu avec l'odieux
attentat de Tel Aviv.
Je suis revenu début février d'Israël et des
Territoires palestiniens avec la conviction qu'il y a un vrai
courage des deux côtés et la volonté de coopérer. Mais les deux
côtés ont besoin de la communauté internationale.
Nous savons les gestes positifs qui ont eu lieu.
Du côté palestinien, la renonciation officielle
à l'intifada armée et les premiers remaniements dans les services
de sécurité.
Du côté israélien, la libération de quelques
centaines de prisonniers palestiniens, l'annonce du transfert du
contrôle sécuritaire des villes de Cisjordanie, la retenue observée
dans les activités militaires et, enfin, la confirmation du plan de
retrait de Gaza.
Kofi Annan nous l'a dit : "nous devons
consolider, encourager, aller plus loin, ici, en particulier, aux côtés
de l'Autorité palestinienne".
Vous avez, Monsieur le Président, un programme
de réformes courageuses et nous voulons vous appuyer.
Le chantier de la gouvernance, d'abord.
Vous préparez l'Etat palestinien qui doit être
notre horizon proche. Nous ne pourrons demander aux Palestiniens de
mettre en place des structures étatiques idéales avant même
d'avoir un Etat. Toutes ces étapes sont importantes : les élections
municipales sur l'ensemble de l'année et législatives le 17
juillet. Mon pays enverra des observateurs.
Il y a la réforme de la justice et de la
fonction publique.
Là encore, mon pays concentrera son appui à vos
efforts : formation des cadres, création d'un centre de droit à
l'université de Bir Zeit, formation des juges.
Le chantier de la sécurité, ensuite.
Nous savons tous que c'est là le point clé.
Vous avez engagé des réformes sécuritaires. Une équipe européenne
de soutien à la police est en place à Ramallah et à Gaza. Ne
peut-on mettre en place un mécanisme de surveillance sur le modèle
de celui créé en 1996 à la frontière israélo-libanaise ?
Il y a la vie quotidienne.
La population vit dans des conditions économiques,
humanitaires et sociales difficiles, indignes. J'ai pu le voir à
Gaza.
Changer cette situation exige vos efforts,
d'abord ; les efforts d'Israël, ensuite, pour alléger les
obstacles à la circulation, pour ouvrir les Territoires vers la
terre, vers la mer, dans les airs ; la contribution financière de
la communauté internationale ; les investissements privés (conférence
de levée de fonds avec la Banque mondiale).
Mon pays est prêt à coopérer pour relancer le
projet du port de Gaza. Il y a aussi l'aéroport. Nous souhaitons
que ces infrastructures soient préservées, protégées, garanties.
Tout cela constitue le programme et les
obligations des Palestiniens au titre de la première phase de la
Feuille de route.
Le rôle des autorités israéliennes est donc
essentiel pour améliorer la situation humanitaire dans les
Territoires palestiniens et pour aller vers un retrait des
Territoires sur les lignes de septembre 2000. Le gel de la
colonisation doit également être réel. Il faut aussi que le mur,
actuellement construit par Israël, coïncide avec la ligne verte
comme la loi internationale le demande.
Voilà les conditions pour franchir dans un
esprit de confiance les six prochains mois. Nous avons un horizon :
deux Etats, nous avons un moyen avec la Feuille de route.
Une dynamique a été lancée à Charm el-Cheikh.
La conférence de Londres s'inscrit dans cette dynamique. Il sera
ensuite temps de réunir une conférence internationale pour étudier
les moyens de passer rapidement à la deuxième et à la troisième
phase de la Feuille de route afin de relancer à brève échéance
les négociations sur le statut final. Il faudra, avec vous et Ariel
Sharon, suivre ces étapes, accompagner ensemble ces reformes et
organiser ce nouveau rendez-vous à l'automne. Cette conférence
pourrait être réunie au deuxième semestre 2005, après le désengagement
de Gaza et du Nord de la Cisjordanie.
Le président Bush a dit à Bruxelles quelque
chose que je crois juste depuis longtemps : la paix au Proche-Orient
doit être en tête de l'agenda de la nouvelle relation entre
l'Europe et les Etats-Unis.
Nous sommes co-responsables de cette dynamique ;
c'est ce que signifie la réunion d'aujourd'hui./.
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