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Déclaration Emile Lahoud
M.
ÉMILE LAHOUD, Président du Liban, a consacré son
discours à la plaie béante du Liban. Il a ainsi retracé
les faits qui se sont déroulés dans son pays du 12 juillet
au 14 août dernier, une agression barbare, a-t-il précisé,
qui a causé une destruction systématique, comme le reste du
monde en a bien peu connu. Le Conseil de sécurité a été,
hélas, impuissant à mettre un terme à l'injustice et à la
barbarie, à faire cesser les massacres des enfants et à préserver
la paix au Liban et dans la région, a-t-il déclaré, jugeant par
conséquent normal de poser les questions suivantes: Qu’en
est-il de la crédibilité des Nations Unies, mise en cause par le
retard dans l'adoption de la résolution 1701? Quelle est la
capacité réelle de l'Organisation à protéger le monde tant que
ses résolutions sont tributaires de la volonté d'une grande
puissance?
De
la tribune des Nations Unies, M. Lahoud a ainsi tiré la sonnette
d'alarme sur l'ébranlement des fondements de la seule assemblée
internationale qui devrait être une garantie pour la paix, la
justice, le droit et le bien. Il s'est en outre, demandé si
le moment n'était pas venu pour cette Organisation de contraindre
Israël à respecter les résolutions internationales, alors que
cet État a lui-même été fondé grâce à une résolution de ce
genre. Il a rappelé qu'Israël refusait aussi de remettre
aux Nations Unies les cartes des mines et des bombes à
fragmentation qu'il a semées au Sud-Liban, et que ce pays restait
sans solution claire sur le dossier des détenus libanais.
La communauté internationale doit donc aujourd'hui, protéger la
résolution 1701 et la sauver pour qu'elle ne devienne pas comme
tant d'autres résolutions, une lettre morte, et cela, dans l'intérêt
de la paix au Moyen-Orient et dans le monde, a-t-il déclaré.
Le Président libanais a dit espérer que les États-Unis
n'utiliseraient pas comme à l'accoutumée leur droit de veto pour
éviter une condamnation d'Israël, par respect pour les victimes
innocentes, dont des femmes, des enfants et des vieillards déchiquetés
par les bombes dites "intelligentes", à fragmentation,
au phosphore et à l'uranium enrichi.
M.
Lahoud, évoquant les principes de l'ONU et de sa Charte, a affirmé
que le Liban se réservait le droit d'intenter un procès à Israël
devant les instances internationales compétentes, notamment
l'Assemblée générale et la Cour pénale internationale (CPI),
afin de lui réclamer des indemnités proportionnelles à
l'ampleur de la catastrophe qu'il a provoquée dans son pays.
Il a ainsi demandé aux États membres de soutenir le Liban dans
cette revendication et d'être du côté du droit. La volonté
de vivre des Libanais est trop puissante pour céder la place au désespoir,
a-t-il assuré, ajoutant que ceux-ci avaient entamé plus vite que
beaucoup ne le pensaient le chantier de la reconstruction.
Grâce à l'aide humanitaire et économique reçue, le Liban, qui
a l'ambition de redevenir un pôle d'attraction régional voire
international en un temps record, s'en sortira plus vite que prévu,
a souligné M. Lahoud. Selon lui, la paix et la
stabilité au Liban ne seront atteintes que lorsque le conflit
israélo-arabe sera réglé d'une manière juste et durable.
Sa
vision du Moyen-Orient s'inscrit, a-t-il précisé, dans le
respect et l'application des résolutions internationales, qui
restituent la terre occupée à ses propriétaires, qui ramènent
chez eux les détenus arabes en Israël, et assurent le retour des
réfugiés palestiniens sur leur terre. Elle englobe, a-t-il
poursuivi, une relance des négociations israélo-arabes en vue
d'aboutir à la préservation des droits de tous et à une paix
globale.
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