B’Tselem au procureur-général,
Mazuz : "Empêchez la reprise de démolitions de
maisons"
Suite à l’annonce disant que le ministre de la Défense,
Shaul Mofaz, avait demandé l’approbation du procureur général,
Menachem Mazuz, pour démolir les maisons des familles des « kamikazes »,
B’Tselem a demandé au procureur général d’empêcher le rétablissement
de cette politique illégale. Dans sa lettre, B’Tselem fait
remarquer que les démolitions de maisons en tant que punition est
une infraction grave à la loi humanitaire internationale.
Le but déclaré de cette politique est de nuire à
des personnes innocentes : des parents du criminel soupçonné
qui ne sont pas accusés de quelque crime que se soit. La démolition
de maisons est un cas clair de punition collective ce qui viole le
principe qui dit qu’une personne ne peut pas être punie pour les
actes d’une autre personne. La punition collective est donc illégale
nonobstant son efficacité.
En ce qui concerne l’efficacité de la politique
de démolitions de maisons, un comité nommé par le chef d’état-major
de l’époque, le lieutenant général Moshe Ya’alon, a trouvé
que cette politique faisait plus de tort que de bien pour la sécurité
d’Israël. Les conclusions du comité ébranlent l’affirmation
qu’Israël a utilisé pendant beaucoup d’années disant que
cette politique détournait les terroristes potentiels.
La plainte de B’Tselem amène le
DIP à recommander des poursuites
Le 23 novembre 2005, le Département d’enquêtes
sur la police du bureau du procureur général a informé B’Tselem
qu’il a recommandé que des charges criminelles soient prononcées
contre les policiers qui ont maltraité un Palestinien du village de
Anin en avril 2004. En juin 2004, B’Tselem avait écrit au DIP en
demandant qu’il enquête sur cette affaire.
La victime, A.L., a été arrêtée par des
officiers de la police des frontières à Umm al-Fahem. D’après
son témoignage donné à B’Tselem, les policiers l’ont mis dans
une jeep et, quand celle-ci a commencé à bouger, un des officiers
qui était assis à côté de lui, l’a frappé et lui a ordonné
d’embrasser l’image d’une femme. Quand il a refusé,
l’officier lui a donné des coups de pied et a crié sur lui. Il a
aussi dit à A.L. : « Je veux te baiser » selon les
mots du témoin.
La jeep s’est arrêtée dans les bois près de
l’intersection de Megiddo. Les policiers sont sortis et, selon
A.L., l’officier qui l’a menacé, a touché l’aine de la
victime. Les policiers lui ont bandé les yeux, l’ont fait sortir
de la jeep et l’ont fouillé. A.L. a déclaré qu’il a senti un
des officiers qui ouvrait les boutons de son pantalon. Il est devenu
agité, a retiré le bandeau sur ses yeux et a commencé à pleurer.
En fin de compte, les soldats ont décidé de
ramener A.L. à sa maison. Avant de remonter dans la jeep, A.L. a vu
son portefeuille par terre et l’a ramassé. Les soldats l’ont déposé
près du village de Salem et il est entré dans un taxi. Quand il a
plus tard vérifié son portefeuille, il s’est aperçu que de
l’argent avait disparu et qu’il n’avait plus d’argent pour
payer la course du taxi.
La récolte des olives encore une
fois gâtée par la violence des colons
Pendant cette année de récolte des olives,
B’Tselem a encore une fois documenté les attaques des colons à
l’encontre des fermiers palestiniens et de leurs biens. A la lumière
de l’expérience passée, les forces de sécurité israéliennes
auraient dû agir et prévoir quelque chose pour protéger les
cueilleurs palestiniens. Au lieu de cela, et dans beaucoup de cas,
l’armée et les forces de la police se sont tenues là et ont
laissé les fermiers à la merci de leurs attaquants qui, parfois,
ont même reçu de l’aide de la part du personnel de sécurité.
Le 9 novembre par exemple, plusieurs colons femmes
sont arrivées dans une oliveraie dans la région de Ramallah et
elles ont essayé de voler deux sacs d’olives qui avaient été récoltées
le jour même. Kamal Shabaneh, un fermier présent sur le site, a
raconté à B’Tselem : « Nous leur avons crié dessus
et elles ont laissé les sacs et se sont enfuies. Il y avait environ
15 soldats avec nous. Leur commandant était un officier du bureau
de liaison israélien... Je lui ai dit que les colons avaient essayé
de voler les olives. Pendant que nous parlions, les filles sont
revenues vers les sacs d’olives. La plupart d’entre elles
avaient des couteaux et elles ont commencé à lacérer les sacs.
Les autres fermiers et moi avons commencé à les repousser pour
protéger la récolte et nous-mêmes. Les filles ont lancé des
pierres sur nous. Une des filles a pris un des bâtons utilisés
pour cueillir les olives et a frappé ma mère... Les autres filles
avaient des bâtons et ont battu les autres femmes qui étaient avec
nous. Les soldats ont essayé de nous séparer des colons mais ils
ont favorisé les colons. Les soldats m’ont empoigné ainsi que
les hommes qui étaient avec moi et ont libéré les filles qui ont
continué à lacérer les sacs. Je n’ai pas eu l’impression que
les soldats ont essayé de les arrêter. Les soldats nous ont aussi
menacé en disant que si nous ne quittions pas le site, ils nous
tireraient dessus ».
Un autre cas qui s’est passé le 10 novembre,
s’est terminé par l’hospitalisation de Khalil Jaber, un fermier
et habitant d’al-Yanun dans le district de Naplouse. Jaber a
raconté à B’Tselem : « Vers 9.30 du matin, j’ai vu
un colon armé d’un M-16 arrivant par le nord et se tenant à
environ 100 mètres de moi. Un autre colon se tenait à environ 300
mètres de moi. J’ai eu peur et je me suis écarté... Le premier
colon s’est approché de moi et s’est arrêté tout près...
Tout à coup, le colon m’a frappé avec la crosse de son fusil,
juste en-dessous de mon œil droit. Je suis tombé au sol et j’ai
senti que je perdais connaissance. Il a couru vers le nord en
direction de la colonie. Mon nez et ma joue saignaient. J’ai essayé
de me lever, mais j’avais des vertiges et suis retombé ».
Jaber avait les os de son visage fracturés et il a été hospitalisé
pendant deux semaines dans l’hôpital Rafidiya de Naplouse.
Des soldats pilonnent une maison qui
a pris feu et dans laquelle les habitants étaient encore présents
Tard dans la nuit du 23 octobre 2005, des soldats
israéliens ont tiré et lancé des missiles sur une maison dans le
camp de réfugiés de Nur Shams près de Tulkarem.
Les soldats ont ouvert le feu sans avoir dit aux
habitants de sortir de la maison. Les résidents parmi lesquels des
enfants se sont réveillés paniqués. Alors que certains d’entre
eux étaient encore dans la maison, un feu s’est déclaré à
l’intérieur à la suite du pilonnage. Les habitants se sont sauvés
et le bâtiment s’est embrasé. Les soldats n’ont rien fait pour
éteindre le feu qu’ils avaient provoqué.
Dans son témoignage à B’Tselem, Nadira Hamad a déclaré :
« Je me suis réveillée au bruit des tirs... certains
morceaux des murs internes sont tombés. Les enfants et moi avions
très peur. Nous sommes allés dans la chambre à coucher parce
qu’elle était plus sûre... puis j’ai commencé à sentir la
fumée. J’ai entendu le bruit des balles qui frappaient les murs
de la maison. Je ne pouvais plus bouger, j’avais si peur et je
tremblais... J’ai vu que l’intérieur de la maison était en
feu. Nous ne pouvions rien prendre avec nous. J’avais tellement
peur que j’ai oublié de prendre ma carte d’identité et
d’autres documents dont mon mari et moi avions besoin. Tout a brûlé ».
Une partie du bâtiment a été détruit et il est
inhabitable. B’Tselem a écrit au bureau du conseiller juridique
militaire pour demander un enquête et le paiement de dédommagement
aux occupants pour couvrir leur perte.