- 26 février 1928 : naissance d'Arik Scheinerman, qui
deviendra plus tard Ariel Sharon, dans une famille d'immigrants
venus de Russie dans le mochav (ferme communautaire) de K'far M'lal,
non loin de Tel Aviv. Il s'implique très tôt dans une organisation
juive d'autodéfense, la Haganah.
- 1948 : après avoir combattu dans la résistance juive au
mandat britannique, il se bat contre les Arabes palestiniens, puis
contre les Etats arabes coalisés contre le tout nouvel Etat juif,
pendant la guerre d'Indépendance.
- 1952 : il étudie l'histoire à
l'Université Hébraïque de Jérusalem.
- 1953 : Sharon prend la tête de la célèbre Unité 101,
chargée de la lutte anti-terroriste, qui mène des opérations
contre les fedayin palestiniens. En octobre, en représailles à un
attentat, les hommes de Sharon font sauter plus de 40 maisons dans
le village cisjordanien de Qibiya, causant la mort de 69 arabes,
dont la moitié de femmes et d'enfants. Sharon dira plus tard qu'il
croyait que les maisons étaient vides.
- 1956 : au moment de la crise de Suez, provoquée par la
nationalisation du canal par le président égyptien Nasser, Sharon
lance de sa propre initiative sa brigade parachutiste dans le Sinaï.
Il s'empare de la passe de Mitla à l'issue d'une bataille jugée
sanglante et inutile par sa hiérarchie. Ses détracteurs citent cet
épisode comme un exemple du penchant de Sharon à devenir incontrôlable
et à outrepasser les ordres.
- 1957 : il a suivi les cours du
"Camberley Staff College" en Grande Bretagne.
- Entre 1958 et 1962 : Sharon a servi comme
commandant de brigade d'infanterie, et ensuite comme commandant d'école
d'infanterie.
- 1967 : Ariel Sharon commande une division blindée dans la
guerre des Six-Jours, à l'issue de laquelle Israël conquiert la
Cisjordanie, Gaza, le Sinaï, et reçoit les félicitations de ses
chefs.
- 1969 : il fût nommé chef du Commandement Sud des forces
de défense israéliennes.
- 1971 : responsable du maintien de l'ordre à Gaza à
compter de juin. Ses troupes matent les troubles en tuant plus de
100 personnes et en emprisonnant des centaines d'autres. Dénoncée
par les Palestiniens, la répression s'avère efficace et le nombre
d'attentats passe de 34 en juin à un en décembre.
- 1973 : pendant la guerre du Kippour, il franchit le canal
de Suez à la tête de ses blindés, encerclant l'armée égyptienne.
Cette manœuvre, considérée comme un modèle de stratégie,
renverse le cours de la guerre et fait de Sharon un héros. Il est
un des fondateurs, en décembre, du parti conservateur Likoud, et
est élu à la Knesset, le Parlement, dont il démissionnera un an
plus tard.
- 1975 : le Premier ministre Yitzhak Rabin le nomme au poste
de conseiller spécial pour les affaires de sécurité.
- 1977 : ministre de l'Agriculture et chargé de la
colonisation dans le gouvernement du Likoud, parti de droite dont il
est co-fondateur, il lance la colonisation poussée des territoires
occupés, Cisjordanie et Gaza. La question des implantations juives
reste l'un des principaux écueils du processus de paix.
- 1982 : Ariel Sharon fait raser au bulldozer les maisons des
colons juifs de Yamit, Israël devant rendre à l'Egypte la péninsule
du Sinaï et les colons refusant l'évacuation. Cet épisode est
souvent cité comme un exemple de sa capacité à passer outre
lorsque le pragmatisme l'exige.
- 1982 : ministre de la Défense de Menahem Begin, il lance
l'invasion israélienne du Liban. Même à son chef de gouvernement,
il présente "Paix en Galilée" comme une opération limitée,
de courte durée, destinée à empêcher les attaques des
combattants palestiniens sur le nord d'Israël à partir du Liban.
Mais c'est l'escalade et Tsahal va jusqu'aux portes de Beyrouth,
pour soutenir le parti des Phalanges chrétiennes.
En septembre, suite à l'assassinat de leur chef, Béchir Gemayel,
les milices chrétiennes massacrent plusieurs centaines de
Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest.
Face au tollé international, une commission d'enquête israélienne
met en cause la responsabilité personnelle indirecte d'Ariel
Sharon, contraint à la démission. Israël mettra 18 ans à
s'extraire du bourbier libanais, avec le retrait du Liban-Sud mené
par Ehoud Barak en mai 2000.
Désavoué, Sharon n'en continue pas moins à occuper plusieurs
postes ministériels, dont les Infrastructures, ou la diplomatie
sous Benyamin Nétanyahou.
* Voir notes
- Entre 1984 et 1990 : Sharon a servi comme
Ministre du Commerce et de l'Industrie. A ce titre, il a conclu le
Traité de Libre Echange avec les Etats-Unis en 1985.
- Entre 1990 et 1992 : il a servi comme
Ministre de la construction et du logement. Suite à la chute de
l'Union Soviétique et à la vague d'immigration d'origine russe, il
a initié et exécuté un programme d'intégration des immigrants à
travers tout le pays, y compris la construction de 144.000
appartements.
- Entre 1992 et 1996 : il a été membre du
Comité des Affaires Etrangères et de la Défense de la Knesset.
-
1996 : Ariel Sharon a été nommé Ministre
des Infrastructures Nationales et a pris part au développement
d'activités communes entre la Jordanie, l'Egypte et les
Palestiniens.
-
1998 : Ariel Sharon a été nommé Ministre
des Affaires Etrangères et chargé de conduire les négociations en
vue de la réalisation d'un accord final avec l'Autorité
Palestinienne. Il a accompagné le Premier Ministre Netanyahu aux négociations
de Wye River Plantation en tant que négociateur en chef. En tant
que Ministre des Affaires Etrangères, Sharon a rencontré des
leaders américains, européens palestiniens et arabes pour faire
avancer le processus de paix.
- 28 septembre 2000 : Ariel Sharon, devenu chef du Likoud après
la défaite de son camp aux élections de mai 1999, se rend sur
l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'Islam, pour réaffirmer
la souveraineté israélienne sur ce qui est pour les juifs le Mont
du Temple. Les musulmans, qui appellent le site le Noble Sanctuaire,
considèrent cette visite comme une provocation et une nouvelle
insurrection palestinienne, "l'Intifada d'al-Aqsa", se déclenche.
La crise pousse le travailliste Ehoud Barak à la démission et
Ariel Sharon devient le candidat du Likoud à l'élection du 6 février.
- 19 Octobre 2000 : la Commission des Droits de l'Homme des
Nations Unies, en réunion d'urgence, a adopté une résolution
intitulée: "Violations graves et massives des droits de
l'homme du peuple palestinien par Israël", résolution qui
condamnait:
"la visite provocante à Al-Haram al-Sharif le 28 Septembre
2000 d'Ariel Sharon, le leader du parti du Likoud, laquelle a déclenché
les événements tragiques qui ont suivi dans la partie occupée de
Jérusalem Est et dans les autres territoires palestiniens occupés,
provoquant ainsi un grand nombre de morts et de blessés parmi la
population civile palestinienne."
La visite du troisième lieu saint de l'Islam par Sharon, protégé par
-- selon les estimations les plus conservatrices -- 1.000 soldats
israéliens en armes, était clairement organisée pour affirmer la
"souveraineté" israélienne sur Jérusalem, et spécialement
sur le mont Al-Haram Ash-Sharif (que la plupart des Israéliens
appellent le "Mont du Temple"), et pour provoquer une réponse
de colère. Elle avait aussi pour objectif d'impressionner l'aile
droite du public israélien, qui a plus tard puni le Premier
Ministre travailliste Barak pour sa "retenue" face à la révolte
palestinienne en élisant Sharon qui l'avait déclenchée.
- 6 février 2001 : élection au poste de Premier ministre.
Ariel Sharon bat largement Ehoud Barak en remportant 62,5% des voix,
le chef du gouvernement sortant sortant n'en recueillant que 37,5%.
- 2003 : élections anticipées, qu'Ariel Sharon remporte. Il
conserve le poste de Premier ministre et entame au cours de l'année
la construction de la barrière de séparation avec la Cisjordanie.
- 8 février 2005 : sommet de Charm-el-Cheikh en Egypte, au
cours duquel Ariel Sharon et le président de l'Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas annoncent une trêve.
- 17 août 2005 : Israël entame le retrait unilatéral de la
bande de Gaza, qui s'achève en septembre.
- Novembre 2005 : Ariel Sharon quitte le Likoud, principal
parti de la droite israélienne qu'il avait co-fondé en 1973, pour
créer en novembre 2005 le parti centriste "Kadima"
("En avant"). Des élections anticipées sont fixées au
28 mars 2006.
- 18 décembre 2005 : premier accident vasculaire cérébral,
qualifié de léger par les médecins. Il quitte l'hôpital Hadassah
de Jérusalem deux jours plus tard et préside le 25 décembre son
premier conseil des ministres depuis son hospitalisation.
- 4 janvier 2006 : hospitalisation d'urgence à l'hôpital
Hadassah pour une importante hémorragie cérébrale. AP*
Notes de Electronic Intifada: En tant que ministre
de la défense en 1982, Sharon a orchestré l'invasion israélienne
du Liban, une opération militaire qui a coûté la vie à des
milliers de civils, alors que les forces israéliennes cherchaient
à détruire l'infrastructure des forces de libération de la
Palestine dans la région. Selon les statistiques publiées dans le
"Third World Quarterly" (Volume 6, Issue 4, Octobre 1984,
pp. 934-949), plus de 29.500 Palestiniens et Libanais ont été tués
ou blessés entre le 4 Juillet 1982 et le 15 Août 1982, et 40 pour
cent d'entre eux étaient des enfants. La justification israélienne
officielle pour cette opération d'invasion du Liban appelée
"Paix en Galilée" était d'assurer la paix aux communautés
israéliennes frontalières du nord de la Galilée. En réalité,
les événements désastreux de 1982-1985 ont été le véritable
catalyseur du mouvement de résistance Chiite Hezbollah au sud
Liban. Avant l'intervention militaire du début 1980, les Chiites du
sud Liban n'avaient pas exprimé d'agressivité ou d'hostilité
envers les Israéliens.
Ariel Sharon est responsable des massacres de civils Palestiniens
et Libanais dans les camps de réfugiés de Sabra et Shatila, situés
dans les faubourgs sud de Beyrouth. Le massacre dans les deux camps
contigus de Sabra et Shatila s'est déroulé entre le soir du 16
Septembre 1982 et le matin du 18 Septembre 1982, dans une zone sous
le contrôle des forces armées israéliennes. Les auteurs du crime
étaient les membres des Milices Phalangistes (Kata'eb, en Arabe),
les forces libanaises armées par les Israéliens et alliées
proches de ceux-ci depuis le commencement de la guerre civile
libanaise en 1975. Avant le massacre, Sharon a tenu des réunions
avec les forces phalangistes.
Pendant plus de 60 heures, -- aidés par le siège israélien des
camps et guidés par la lumière des fusées éclairantes israéliennes
--, les forces appartenant aux milices Phalangistes alliées des
Israéliens ont circulé dans les camps, tuant les civils
palestiniens et libanais. Certains ont été alignés contre les
murs et hachés par les tirs de mitraillettes. D'autres ont été
laissés en tas sur les planchers de leurs maisons et dans les rues
des camps. Des enfants ont été abattus à bout portant, des femmes
et des jeunes filles ont été violées et mutilées, des hommes
furent mutilés avant d'être exécutés.
Le nombre exact de victimes du massacre ne sera probablement
jamais connu. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR)
avait dénombré 1.500 victimes juste après le massacre, mais le 22
Septembre, ce nombre était monté à 2.400. Le jour suivant, 350
corps ont été découverts, et le nombre de victimes prouvées s'éleva
alors à 2.750. Les services d'information militaire israéliens
estiment pour leur part que le nombre de tués se situe entre 700 et
800.
La résolution des Nations Unies numéro UNSC 521 (1982) du 19
Septembre 1982 a offert une condamnation sans équivoque des
massacres de Sabra et Shatila, tout en évitant de désigner des
coupables à ce stade initial de l'enquête.
La question de l'implication directe des forces israéliennes
dans le massacre est une question qui n'a jamais trouvé de réponse
complète. Cependant, il y a très peu de doutes -- malgré les démentis
-- que les troupes israéliennes entourant les deux camps étaient
au courant de ce qui se passait à l'intérieur: "A partir de
5H-5H 30 du matin, les vols israéliens à basse altitude ont
commencé au-dessus de Sabra et Shatila, après quoi le bombardement
a rapidement commencé." (Source: The New York Times, 16
Septembre 1982, citant le Dr. Witsoe de l'hôpital de Gaza.)
"Les Israéliens avaient établi des postes
d'observation au sommet d'un building à plusieurs étages dans la
partie nord-ouest, là où se situe l'ambassade du Koweït. De ce
poste, on avait à l'œil nu une vue claire de plusieurs sections du
camp, y compris les parties de Shatila où de
nombreux corps ont été retrouvés. " (Source: Newsweek, 4 Octobre 1982, Ray Wilkinson; The Guardian, 20
Septembre 1982; et The New York Times, 26 Septembre 1982.)
"Durant toute la nuit, les fusées éclairantes ont illuminé
le ciel. Elles étaient tirées au rythme de deux à la minute, a
rapporté un soldat israélien appartenant à une unité de
mortiers." (Source: The Jérusalem Post, 21 Septembre 1982.)
Une infirmière juive-américaine, Mlle. Ellen
Siegel, travaillait à l'hôpital de Gaza dans le camp de réfugiés
de Sabra à Beyrouth, et c'est là qu'elle et une équipe médicale
ont traité les premières victimes du massacre. Elle même et
d'autres membres de l'équipe médicale ont été alignés contre un
mur troué de balles par les Phalangistes qui ont été sur le point
de les exécuter, les fusils déjà pointés quand un officier israélien
est arrivé en courant pour arrêter cette possible exécution. Elle
a raconté à Electronic Intifada que:
"J'ai parlé avec Zeev Schiff [un correspondant militaire pour
le journal Ha'aretz] en personne à propos de cet incident. Le mur
était situé juste en dehors du camp mais, de toute évidence, si
le commandant pouvait voir ce qu'il a vu, il a pu voir d'autres
choses. Nous avons été emmenés dans la zone du FCP [Forward
Command Post]. De là, on pouvait voir les camps vers le bas. Ce que
je comprend, c'est que les forces de défense israéliennes
disposaient de matériel d'observation visuelle sophistiqué."
Il y a eu un film de la BBC réalisé en 1992 intitulé "Ne
voyez pas de mal". Dans ce film, on interviewait des soldats
israéliens qui étaient autour des camps [pendant les événements].
Ils sous-entendent clairement qu'ils savaient ce qui se passait. Une
commission officielle d'enquête israélienne -- dirigée par
Yitzhak Kahan, président de la Cour Suprême Israélienne -- a enquêté
sur le massacre, et en Février 1983 a publiquement présenté les résultats
de ses recherches. La Commission Kahan a conclu que Ariel Sharon,
parmi d'autres Israéliens, avait une responsabilité dans le
massacre, bien qu'elle ait soigneusement évité toute accusation de
responsabilité directe dans le massacre et qu'elle ait choisi de ne
pas essayer de réconcilier tous les témoignages contradictoires.
Le rapport de la commission déclarait dans sa partie la plus
pertinente:
"Il est de notre point de vue que la responsabilité doit être
attribuée au Ministre de la Défense pour avoir négligé le danger
d'actes de vengeance et de bains de sang de la part des Phalangistes
contre les populations des camps de réfugiés, et avoir failli à
prendre ce danger en considération lorsqu'il a décidé de laisser
entrer les Phalangistes dans les camps. De plus, une responsabilité
doit être imputée au Ministre de la Défense pour n'avoir pas
ordonné des mesures appropriées pour prévenir ou pour le moins réduire
le danger de massacre, comme une condition pour l'entrée des
Phalangistes dans les camps. Toutes ces erreurs constituent un non
respect des devoirs dont le Ministre de la Défense était chargé." La
Commission a aussi conclu que:
"Lors de sa réunion avec le commandement Phalangiste, le
Ministre de la Défense n'a fait aucune tentative pour attirer
l'attention sur la gravité du danger représenté par leurs hommes
commettant des massacres …. S'il était devenu clair pour le
Ministre de la Défense qu'il n'était pas possible d'exercer un
contrôle réel sur les troupes phalangistes entrant dans le camp
avec l'accord des forces de défense israéliennes, son devoir
aurait été d'empêcher l'entrée des Phalangistes dans les camps.
L'utilité de l'entrée des Phalangistes dans les camps était
globalement disproportionnée en regard des dommages que leur entrée
eut pu créer si elle était restée incontrôlée."
La Commission a noté de plus que:
"Nous devons remarquer ici qu'il est ostensiblement problématique
que le Ministre de la Défense n'a pas mis au courant de quelque façon
que ce soit le Premier Ministre [Menachem Begin] de sa décision de
laisser entrer les Phalangistes dans les camps. "
Dans le domaine des relations internationales, il a agi pour
renouer les relations diplomatiques avec les pays africains qui
avaient coupé les liens avec Israël pendant la guerre du Yom
Kippur. En Novembre 1981, il a apporté le premier accord de coopération
stratégique avec les Etats-Unis, et il a étendu les liens de défense
entre Israël et beaucoup de pays. Il a aussi aidé à faire venir
en Israël des milliers de Juifs éthiopiens à travers le Soudan.
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