Rapport
Le baluchon raconte des détails de
la Nakba palestinienne
CPI
Photo: CPI
Jeudi 26 mai 2016
Al-Quds occupée – CPI
« Je ne savais pas ce qui se
passait ce matin-là. Elle m’a réveillé
et m’a mis sur le banc de notre voisin.
Puis elle est revenue, avec un baluchon
sur la tête. Elle m’a dit, le regard
tourné vers notre maison : Allez maman,
nous devons partir. »
Ainsi a parlé le septuagénaire
Daoud Badr, surnommé Abou Badr, de ses
souvenirs datant de sept décennies, le
souvenir du périple de son exil et celui
de sa famille, lorsque les bandits
sionistes de la Haganah les ont chassés
de leur village d’al-Ghabsiyya, comme
des milliers d’autres Palestiniens, en
1948.
Hadj Badr était un garçon de
six ans à peine lorsque les forces de
l’occupation sioniste ont envahi son
village de ses côtés nord et ouest.
« Je ne me rendais pas compte
de ce qui se passait. J’ai de beaux
souvenirs des beaux jours d’avant notre
exil, notre jeu avec les autres enfants
dans les beaux vergers, beaux avec leurs
fruits et leurs fleurs », reprend-il.
« Le 21 mai 1948 était un jour
vital. Je me rappelle comment la voix
pressée de ma mère m’a réveillé. En
quelques minutes, nous étions sur le
chemin de l’exil, à l’extérieur du
village, avec d’autres familles, à pied
ou sur des montures », ajoute-t-il.
Un baluchon et des
détails
Sa mère a pris un grand morceau
de tissu, pour fabriquer un baluchon où
elle a mis quelques affaires très
essentielles, puis nous avons pris le
chemin de l’exil. Le baluchon reste
attaché à la mémoire d’Abou Badr. Il ne
peut faire allusion à la Nakba
et aux camps de réfugiés sans en parler.
Il se rappelle : « Le baluchon,
ma mère le portait sur la tête et le
fixait par une main et prenait ma main
par l’autre. Et la fatigue me prenait et
je ne pouvais plus marcher. Mon oncle
Mustapha m’a alors porté. Apparemment,
j’ai pris un somme sur ses épaules. Je
me suis réveillé dans une maison, dans
le village de Kafr Yassif, au nord-ouest
du village d’al-Ghabsiya. Nous y sommes
restés jusqu’au 10 juillet 1948 où les
forces de l’occupation sioniste l’ont
occupé. Nous avons encore une fois pris
la route de l’exil, jusqu’au village de
Yorka où nous sommes restés un certain
temps, avant d’aller au village de Dir
al-Qassi. »
Les souffrances de
l’exil
A la fin de la même année 1948,
la famille est retournée à leur village
d’al- Ghabsiya et y est restée jusqu’au
mois de janvier 1950 où elle s’est
trouvée obligée de le quitter et d’aller
vivre dans le village du cheikh Daoud-Dannon.
Les habitants originaires du
village d’al-Ghabsiya ont essayé de
retourner à leur village, à leur terre,
à leurs maisons. Ils ont même obtenu une
décision d’un tribunal israélien leur
permettant d’y retourner. Mais les
forces de l’occupation sioniste les en
ont empêchés.
Les forces de l’occupation
sioniste sont allées en 1956 jusqu’à
faire exploser les maisons du village et
l’effacer de la carte.
Le rassemblement du
samedi
Les villageois n’oublient
jamais leur village et ont décidé de le
visiter chaque premier samedi de chaque
mois. Ils y font un tour, y mangent, y
discutent l’avenir du village. Ils
voudraient dire aux occupants sionistes
que l’espoir d’y retourner ne meurt
jamais.
Tous les détails de la Nakba et
de l’exil, le baluchon sur la tête,
restent dans la mémoire du peuple
palestinien et dans celle du hadj Abou
Badr. Le baluchon fera-t-il partie des
détails de la route du retour ?
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