Rapport
L’artiste non-voyant Al-Moqayyed
dessine avec son cœur
CPI
Photo:
CPI
Lundi 23 novembre 2015
Gaza – CPI
Les handicaps n’ont pas pu mettre le
jeune Mahmoud derrière le mur sombre de
l’isolement. Il est entré dans le monde
de l’art par sa grande porte, en la
poussant avec doigts et son cœur. Ses
yeux ne voient que le noir, ses oreilles
n’entendent que le silence, mais ses
doigts, son cœur, son imagination et sa
forte volonté font des tableaux
miraculeux aux couleurs éclatantes.
Le jeune Mahmoud Al-Moqayyed, 22 ans,
a vu le jour avec plusieurs problèmes de
santé, aux oreilles et aux yeux. Puis
plus tard, il a complètement perdu la
vue. Et c’est à quatre ans que son don
de dessinateur a commencé à bourgeonner,
à fleurir. Tous les murs de l’humble
maison familiale sont témoins de ses
traits de crayon.
Le talent en plein jour
C’est la mère de Mahmoud qui avait
remarqué son talent, et c’est elle qui a
tout fait pour l’affiner. Puis son
instituteur, à l’école de malentendants
« Nos enfants », a à son tour remarqué
ses dessins exceptionnels. Toute son
école primaire a été admirative devant
les œuvres du petit Mahmoud.
Miracle contre le
handicap
Sa mère exprime son admiration et son
amour : « Lorsque j’avais découvert le
talent de Mahmoud, un tout petit enfant,
un grand sentiment m’a envahi ; j’ai
compris qu’il serait un jour un grand
artiste, que tout le monde serait fier
de ses œuvres. En fait, j’ai vu un signe
d’Allah qui lui a donné un talent
compensant son audition et sa vue, un
talent aux bouts de ses doigts et dans
son imagination », dit-elle au
correspondant de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI).
Elle ajoute : « En défiant toutes nos
difficultés financières, je faisais tout
pour lui fournir tout ce dont il avait
besoin, crayons, tableaux, pinceaux. Je
volais de joie chaque fois qu’il me
montrait un nouveau tableau. Je
l’encourageais par tous les moyens pour
continuer. »
Mahmoud, lui-même, a beaucoup
travaillé pour développer ses talents,
en défiant son double handicap. Et
l’école de l’association des
malentendants « Nos enfants »
l’encourage toujours.
Avec ses tableaux, Mahmoud a
participé à plusieurs expositions. Il a
eu la troisième place du Prix
international de la Palestine pour les
talentueux d’entre les personnes aux
besoins spéciaux.
Un monde particulier
Le dessin est le monde de Mahmoud.
Lorsqu’il dessine la mer, il entend le
bruit des vagues. Lorsqu’il dessine les
oiseaux, il les entend chanter.
Au fils des ans, dit sa mère, le
talent de Mahmoud se développe et les
couleurs reprennent de la force.
La patrie, la Palestine, est bien
présente dans les tableaux de Mahmoud.
En fait, il suit les nouvelles de la
scène palestinienne. Le symbole de la
victoire et la paix blessée sont
également présents dans ses tableaux.
Finalement, on peut lire dans le
visage de Mahmoud Al-Moqayyed la
volonté, le défi et l’ambition,
l’ambition de posséder une galerie
spéciale à lui, une sorte de défi, une
volonté de dire au monde entier :
« Être muet et malvoyant n’empêche
pas d’être talentueux. La réussite n’a
pas besoin de vue, mais de patience et
de clairvoyance. »
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